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Critique de Nastasia-B


Voici le journal de voyage du Che, et même, comment le Che est devenu Che. C'est une manière de « Sur la route » de Kerouac à la sauce sud américaine. (Les points communs entre ce livre et celui de Jack Kerouac sont, à mon avis, largement sous-estimés.)

Au départ, notre Ernesto favori n'est encore qu'un jeune étudiant en médecine, fils de bonne famille, désireux de découvrir le monde. Avec son compagnon, le biochimiste Alberto Granado, ils s'embarquent sur une moto improbable.

De péripéties de baroudage en chutes, et de chutes en péripéties cocasses, ils atteignent le Chili, en traversant la majestueuse Cordillère des Andes, la colonne vertébrale des Amériques.

C'est alors qu'ils découvrent le pouvoir secret du « CHE ! », interjection typiquement argentine, et qui, lorsqu'ils l'emploient ailleurs, est une porte d'entrée admirable, à la fois pour raconter leur périple, mais aussi, pour gagner la bienveillance des gens (qui les appellent alors petit Che, Alberto, et grand Che, Ernesto).

On y découvre alors un visage inattendu du futur révolutionnaire, parfois drôle et roublard. On comprend aussi, à mesure de l'avancement du voyage, que l'événement marquant du voyage va être la rupture définitive de leur monture, la moto, qui va les obliger, notamment à partir du nord désertique du Chili, puis surtout au Pérou, à voyager au contact des populations locales, à les écouter, à compatir à leurs misères, en somme, à ne plus évoluer en qualité de touristes, mais en observateurs des réalités et des dysfonctionnements sociaux.

Le virage dans la vision du Che est amorcé, et nous en sommes les témoins, par l'évolution du style et des centres d'intérêt de l'auteur (beaucoup moins de descriptions de paysages, beaucoup plus de constats sociaux et une évocation de plus en plus engagée) dans ce carnet de voyage, au cours des découvertes et de l'avancée du chemin parcouru jusqu'au Venezuela, en passant par les léproseries et la forêt équatoriale.

Ernesto Guevara prend peu à peu conscience d'une appartenance pan-américaine, véhiculée en premier lieu par la langue espagnole, mais pas seulement. le futur médecin bourgeois s'est mué en engagé politique et idéologique.

En somme, un voyage initiatique réellement captivant, une écriture alerte, limpide et savoureuse, de mon point de vue, mais ce n'est bien sûr que mon point de vue, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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