À Cuzco, ce n’est pas telle ou telle œuvre d’art qu’il faut aller voir. C’est la ville entière qui donne l’impression paisible, bien qu’un peu inquiétante parfois, d’une civilisation morte.
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L’oubli sert à détruire les malheurs qui enchaînent notre cœur à un passé ou nous ne sommes plus, tout comme il sert à nous arracher à un présent qui n’irradie plus notre être.
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Pourtant, il y a des moments où je pense avec un profond désir aux régions merveilleuses de notre Sud. Peut-être qu’un jour, fatigué de courir le monde, je reviendrai m’installer sur cette terre argentine, peut-être pas pour toujours, mais comme en un lieu de transit vers une autre vision du monde. Et je visiterai à nouveau la zone des lacs de la cordillère et j’y habiterai.
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La seule chose qui compte, c’est l’enthousiasme avec lequel l’ouvrier va ruiner sa santé en échange des quelques miettes qui assurent sa subsistance
La pleine lune se profile sur la mer et couvre les vagues de reflets argentés. Assis sur la dune, nous regardons le continuel va-et-vient avec leurs états d’âme distincts : pour moi, la mer a été toujours une confidente, une amie qui engloutit tout ce qu’on lui raconte sans jamais révéler le secret confié et qui donne le meilleur des conseils : un bruit dont chacun interprète le sens comme il peut.
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Une fois la gourde vidée, s’avancer à pied dans le désert devenait une entreprise très pénible. Cependant, nous y sommes allés sans crainte, laissant derrière nous la barrière qui marque la limite de la ville de Chuquicamata. Tant que nous sommes restés dans le champ visuel des habitants du lieu, nous avons marché d’un pas athlétique. Mais ensuite, l’immense solitude des Andes pelées, le soleil de plomb qui nous tombait sur la tête et le poids mal réparti de sacs à dos encore plus mal fixés nous ont ramenés à la réalité. A quel point notre situation était « héroïque », comme l’avait qualifiée l’un des douaniers, nous n’en savions rien. En revanche, nous commencions à soupçonner, et avec raison, je crois, que le mot qui définissait le mieux devait tourner autour de l’adjectif « stupide ».
Juillet 1953. Il repart pour un second voyage en Amérique latine avec son ami Carlos Ferrer. Traversée de la Bolivie où le gouvernement de Paz Estenssoro met en œuvre d’importantes réformes sociales. Guevara séjourne en Équateur et arrive au Guatemala, où le gouvernement démocratique du colonel Arbenz tente de résister aux grandes compagnies américaines. Il y rencontre Hilda Gadea, une exilée péruvienne qui va devenir sa première femme. Il entre en relation avec un groupe d’exilés cubains qui viennent d’arriver au Guatemala après l’assaut de la caserne Moncada.
(notice biographique, page 216)
Le chemin serpente entre les petites collines qui signalent à peine le début de la Grande Cordillère, puis descend raide jusqu’à ce qu’il débouche dans le village, tristounet et plutôt laid, mais entouré de magnifiques collines couvertes d’une végétation luxuriante.
(page 28)
Nous roulions sans cesse, passant de profonds ravins aux pampas, comme on appelle ici les plateaux situés au sommet des chaînes qu’il faut continuellement franchir au Pérou, pays dont la topographie ignore presque complètement les plaines, sauf dans la région forestière amazonienne.
(page 133)
Che : interjection populaire, d’usage courant en Argentine, en Uruguay et au Paraguay. Provenant du guarani, elle s’est transformée en une sorte de vocatif familier qu’on emploie pour adresser la parole à quelqu’un ou pour réclamer l’attention. Ernesto Guevara l’employait si souvent que ses amis d’Amérique centrale ont fini par en faire un surnom puis un véritable nom : Che.
(note de la traductrice, page 55)