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Critique de Stockard


♫ Tu as dit J'étudiais
En deuxième année Hervé Guibert
J'ai pensé Il faudrait ♪ ♪
♪ Traîner quelque temps chez Gibert... ♫

Bon, moi c'est pas chez Gibert que j'ai dégoté A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie mais chez un bouquiniste spécialisé dans les vieux pots (là où on fait les meilleures... oui 'fin bref) Voilà, on s'en fout mais depuis le temps que je voulais lire ce livre, j'attendais juste l'occasion (uh uh) sur laquelle je n'ai pas hésité à sauter.

Sous couvert d'autofiction, Hervé Guibert nous parle de cet ami (était-ce Bill, celui qui lui avait promis un vaccin made in USA qui n'est jamais arrivé ou était-ce le camarade Muzil a.k.a Michel Foucault qui a eu le mauvais goût de partir dans les premiers quand le sida a commencé à faucher à grande échelle ?) ce presque frère donc qui n'a sauvé ni sa vie, ni sa dignité physique... Ces heures à courir à des rendez-vous médicaux, virtuellement disséqué comme une pauvre grenouille dans un cours de SVT, nu dans le froid des salles d'examen, ausculté, palpé, tripoté, radiographié, coloscopié... acceptant pourtant ce pénible sort alors que l'issue ne faisait pas beaucoup de doute, parce que malgré tout, quelquefois très loin mais toujours nourri, il y avait l'espoir. L'espoir dont ce livre laisse apercevoir, parfois, quelques fulgurances, à tel point que si nous n'étions pas déjà au fait de la triste fin que connue Guibert, on aurait espéré avec lui, fort.

Sans jamais tomber dans le pathos ni tenter de faire pleurer dans les chaumières mais simplement animé par l'envie de raconter, de témoigner, de laisser à la postérité ce que fut la découverte du VIH, des corps malades, disloqués, des amis qui partent et ceux qui, par une veine extraordinaire, passent à travers les mailles ultra-serrées de ce filet dégueulasse, à l'instar de Daniel Defert qui en profitera pour créer AIDES dans l'intention de mobiliser, de prévenir et d'informer les personnes contaminées quand elles-mêmes ne comprenaient même pas ce qui leur tombait dessus, Hervé Guibert relate son quotidien parfois fictif (rarement) parfois insupportable (souvent) aux prises avec ce mal encore inconnu qui le grignote inexorablement mais devant lequel il refuse de s'avouer vaincu.

Un livre à mettre entre les mains de tous les barebackers (et je le dis sans jugement, juste comme ça quoi, pour être sûre qu'on sache bien de quoi on cause et à quoi on se risque), des avancées ont été faites oui, mais le sida, c'est pas un rhume, arrêtons un peu de nous en foutre, repensons à Guibert, à Foucault, à Collard et autres Koltès. Même si le sida ne tue (presque) plus, qui peut avoir envie de partager ne fut-ce que le centième de leur sort ?
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