Ici, c'est toujours pareil. Du bleu du bleu du bleu. OK, tous les bleus ! Mais à force, ça finit par lasser.
Les pas qui nous éloignent d'ici sont aussi ceux qui nous rapprochent d'ailleurs.
Il y a des magies qui se lovent dans le souffle de la terre.
On demande toujours aux gens ce qu'ils font dans la vie. Manifestement, il est important de situer l'inconnu dans le vaste trombinoscope social. Et le vrai sens de la question n'est pas de savoir ce que l'on fait dans la vie, mais de quoi on vit.
La végétation était omniprésente. partout des hibiscus, des monettes, des arbres fleuris, des verts empoussiérés ou tendres. Un silence doux, de ceux qui naissent de l'absence de mouvements inutiles. Le calme des certitudes que tout est exactement là.
Arrivé au croisement , il hésita. Droite ? Gauche? Selon Ma Fati, c'était pareil. Il tomberait sur la ville de toute façon : il n'y a qu'une route et elle fait le tour de l'île.
Elle préparait du poisson cru pour midi. Tranchait la bonite. Débitait en dés la chair tendre. Râpait l'amande blanche d'un coco. Pressait à la main des citrons verts. C'était comme un ballet mille fois répété où chaque geste semblait juste.
- Beaucoup de gens pensent que Tahiti, c'est le paradis. Pas toi?
(...)
- Si la bière était plus fraîche, je dis pas.
- Il n'y a pas de paradis qui ne porte en lui son enfer. C'est une nécessité. C'est lui qui indique les limites de propriété , en quelque sorte.
Toutes les violences faites aux femmes doivent être signalées. Toutes sans exception.
Il n'avait pas apprécié son regard lors de ses visites. Un regard qui sonde l'âme. Entre terreur et émerveillement, retenant des questions du bout des cils. Ni le ton de sa voix tanguant sur un fil de rocaille. Raymond avait des silences immobiles. En équilibre entre l'instant et la mort. Un homme à fuir.