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Naufrage

Le peintre Goya, atteint de saturnisme, est en proie à des délires, des visions au cours de rêves et de retours au passé. Aurore Guitry dépeint cette époque de la vie du peintre d' une plume magistralement réaliste et empreinte d'une grande poésie. Fantômes des morts, souvenirs de la vie à la cour du roi d'Espagne, le lecteur est emporté dans un récit qui n'est pas sans rappeler les tableaux du maître.
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Francisco José de Goya y Lucientes est sans doute trop “monstrueux” (au sens de monstre sacré) à mes yeux pour incarner le personnage de l'artiste dans ce Songe et mimer les hallucinations auxquelles le soumet l'auteure. Un Songe donc un peu frustrant qui ne m'a pas emballée et dont je ne suis pas sûre que le but, faire apparaître un épisode pathologique de la vie du peintre comme source d'une oeuvre charnière dans sa production artistique, puisse être atteint. Lors d'un voyage en Andalousie, en décembre 1792, le peintre du roi âgé de quarante-six ans est frappé d'un mal mystérieux qui le cloue plusieurs mois loin de chez lui et à l'issue duquel il devient irrémédiablement sourd. Si l'origine des symptômes documentés par sa correspondance est encore controversée aujourd'hui, le point sur lequel tout le monde s'accorde est que cette crise andalouse marque pour lui une rupture avec sa période antérieure. Rétabli et de retour à Madrid Goya se lance, entre 1793 et 1798, dans la réalisation d'une suite exceptionnelle de quatre-vingts planches à l'eau-forte, hors de toutes conventions artistiques, préfacées par lui et éditées en 1799 sous le titre “Los Caprichos”. La portée esthétique, sociale, morale et philosophique de ce recueil est retentissante en Europe et place Goya aux avant-postes de la modernité. Si sa veine satirique et son extraordinaire liberté d'exécution frappent les contemporains (et l'Inquisition au passage) sa force visionnaire parvient intacte aujourd'hui. Un roman pouvait à juste titre s'emparer de ce moment singulier de la maladie de l'artiste (1792/1793) et plonger au coeur d'une création majeure pour en restituer la frénétique vitalité dans une mise en forme anticipative convaincante. Ce n'est pas trop le cas. L'intérêt biographique et documentaire mis de côté aucune structure narrative forte n'émerge de cette succession de petits chapitres très descriptifs qui accordent une attention excessive aux symptômes, fièvre, douleurs et bouffées délirantes chargées de faire apparaître les images du passé ou les personnages et créatures qui hantent le présent suspendu de Goya, lui donnant la clé de l'univers fantasmagorique des Caprices. Des moyens qui m'ont laissée sceptique. Ni le peintre et ses rêves, ni aucun autre personnage ne sont parvenus à me captiver, à mon grand regret, car les Caprices figurent en bonne place dans mon panthéon artistique personnel.
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Etonnant petit livre que celui-ci, qui mêle l'oeuvre et la biographie de Goya ! Or, lorsqu'on connaît les séries de gravures de l'artiste, véritables charges contre la société de son temps, on peut s'attendre à croiser de terrifiantes créatures...

En 1793, alors qu'il est parvenu à entrer dans les faveurs de la famille royale, qu'il est devenu le peintre officiel de la cour, Goya tombe gravement malade. Sans doute le saturnisme, qui lui inflige de terribles épisodes de fièvre allant jusqu'au délire. Au plus fort de ces crises, Goya se voit soigné par une sorcière entretenant des relations avec les morts, confronté à des moines à tête de bourrique ou de dindon, à des médecins aussi sots que des ânes ou à de nobles femmes cédant à leurs plus bas instincts...

Dans ses rares moments de lucidité, Goya souffre de ne plus pouvoir peindre. Terriblement affaibli, il tient à peine debout, tandis que, dehors, les échos du carnaval semblent rejouer l'infernale comédie du songe de sa raison.

Lorsque, après plusieurs mois, il vaincra la maladie - qui le laissera néanmoins sourd - Goya reprendra ses pinceaux, peignant le jour les tableaux qui lui sont commandés par les notables, restituant la nuit les scènes infernales que lui inspirent la folie et l'hypocrisie des hommes.

Ce texte surprenant fonctionne par sa brièveté, comme l'une des fulgurantes visions du peintre. Il donne envie de voir ou de revoir ces étonnantes gravures, d'une incroyable modernité, qui dénonçaient avec une force inégalable les moeurs de leur temps. Pour ma part, j'ai eu la chance de les admirer l'été dernier au musée Goya de Saragosse, qui possède une magnifique collection, visible dans des conditions exceptionnelles, la foule ne se précipitant pour les voir...

Comme, dans l'immédiat, il vous sera sans doute plus facile de vous procurer ce livre que de vous rendre à Saragosse, voici donc une lecture parfaite pour entrer dans l'univers de l'artiste... en attendant de vous prévoir toutefois un petit week-end en Aragon !
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Il existe des livres qui vous tombent dans les mains comme par magie, des livres dont vous n'auriez sans doute jamais croisé le chemin dans les dédales de votre librairie fétiche et qui vous projette dans des sphères inattendues. C'est là toute la force et la richesse de l'opération Masse Critique dont je remercie, une fois encore, les instigateurs qui m'ont permis de m'embarquer dans un songe épouvantable et merveilleux signé Aurore Guitry, et de découvrir la voracité et le génie des Caprices de Goya, accompagnant les sombres heures de la vie de l'artiste.

Fils d'un maître doreur espagnol, Francisco José de Goya y Lucientes fraichement sorti de son apprentissage de peintre, connait une ascension sociale spectaculaire puisqu'attaché aux services de la Cour du Roi d'Espagne pour lequel il deviendra portraitiste officiel. Une charge qui comme tout celle d'importance l'obsédera et le poussera dans une grande détresse en 1792 lorsque, atteint de saturnisme - dont certains l'imputent à la forte teneur des peintures en plomb, il se trouvera dans l'incapacité d'honorer ses commandes.

C'est à cette période douloureuse et fantasque que le roman d'Aurore Guitry s'attèle avec plus ou moins de liberté et une écriture d'une grande finesse. A ce moment crucial où tout bascule, ou le rêve et la raison se juxtaposent pour accoucher d'un délire d'une étonnante clairvoyance sur la société notamment.
Elle nous emporte avec frénésie dans un songe démoniaque, sur les terres arides des Mallos, un village décimé par la sécheresse et la maladie, un petit univers étouffant où Goya sera recueilli par Rosario, une femme intrigante toujours suivie de sa chatte Lucia, dévorant ses victuailles à même la chair et couvant son sanctuaire de damnés comme une mère attentionnée. Une terre où il ne fait pas bon sortir la nuit au risque d'être terrassé par la fièvre du Carnaval intempestif auquel se livre les morts sans relâche, en se riant des pauvres âmes perdues, encore revêtues d'un costume de chair dont ils ont auront tôt fait de s'occuper.

Le récit est court et efficace, le lecteur se prête facilement au jeu et se délecte à s'enfoncer avec horreur dans cette fresque complètement folle.
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La chambre, le lit tanguent, il est sur un bateau puis se retrouve dans un asile d'aliénés d'où il part et se retrouve dans une petite chambre, un lit crasseux, à Mallos, village quasi fantôme de l'Aragon. Comment est-il arrivé, il ne saurait le dire. Une femme s'occupe de lui. Son nom ? Rosario, la gardienne des Mallos, enfin c'est ainsi qu'elle se présente. Rosario soigne ses blessures, assez vilaines au demeurant, avec des onguents, une potion des plus amères, le lait de la main rouge, lui fait manger de la viande crue. Ses rêves, plutôt des cauchemars, sont peuplés de monstres et autres créatures qui dansent une sarabande effrénée, où réalité et hallucinations se mélangent au gré des visions.
Sortant de son coma, il se retrouve chez son ami, se sert de ses hallucinations pour peindre autre chose que les portraits de cour, quelque chose qui lui tient de plus en plus à coeur. Ainsi serait la genèse des Caprices. Des scènes que Aurore Guitry a parfaitement décrites.
La journée, il satisfait aux commandes de notables et la nuit, il retranscrit ses hallucinations, dénonçant la folie, le Mal, l'hypocrisie, la bassesse.
"Tous les grands veulent leur portrait. le jour, il croque leur visage. La nuit, il dessine les Mallos : Rosario, les moines, la Bruja et son cortège de fous qui bourdonnent autour de lui.".
Je suis entrée facilement dans les délires de Goya. Son arrivée chez Rosario après son départ de l'asile d'aliénés est très réaliste. Après c'est un vrai mélange d'onirisme, de souvenirs mixés à l'aune du délire. Ce livre est d'une grande fluidité, facile à lire, prenant, court, très dense. Il me fait penser de loin, à la série « Contes et légendes » que je lisais adolescente.
Je n'avais de Goya que le souvenir des portraits sur commandes et j'ai découvert, par le biais de cette lecture, un nouveau côté du talent du peintre que j'apprécie beaucoup plus. le gâcheur de Rosario exorcise ses démons avec les Caprices, satires des meurs espagnoles. La dualité existe ; au jour, les bourgeois et la cour, à la nuit ses rêveries fantastiques et grotesques.
Un livre court, dense. J'ai aimé entrer dans les fulgurances de Goya et découvrir un autre versant de l'art de l'artiste. Aurore Guitry, une auteure à lire.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Dans ce roman, Aurore Guitry imagine ce qui a pu se passer dans la tête du peintre alors qu'il souffrait effectivement de fortes fièvres qui lui souffleront l'inspiration quelques temps plus tard pour Les Caprices, ses célèbres oeuvres de caricature satirique. Une grande partie de ce roman consiste donc en un bon gros trip bien fucké, voyage onirique et pictural du grand maitre espagnol.

Alors soyons clairs, je pense qu'il y a plusieurs niveaux de lecture suivant notre connaissance ou non de l'oeuvre de Goya. Un tas de références me sont forcément passées sous le nez puisque la plupart des personnages que l'on croise sortent tout droit de ses tableaux ou sont inspirés de personnes qu'il a côtoyées. Evidemment, on passe à côté d'une certaine expérience que goûteront certainement les amateur.ices d'art mais en refermant ce livre, j'ai tout de suite eu envie de me ruer sur la page Wikipedia du gaillard pour en savoir plus sur les sombres dingueries sorties de son ciboulot, aussi c'est une lecture qui peut également faire office de porte d'entrée.

Une drôle de porte d'entrée hein ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance de ce petit village paumé dans l'Aragon, parodie de purgatoire où les habitants, morts ou vifs, en tiennent tous une sacrée couche. D'abord cloué au lit dans la maison de la gardienne Rosario, l'unique lanterne dans l'obscurité, Goya va peu à peu s'hasarder au dehors et rentrer dans d'autres cahutes aux noms énigmatiques pour faire la connaissance de ces drôles d'énergumènes.

Et on en vient à ce que j'ai préféré : LE STYLE. Vous savez que je suis ultra faible dès que la langue se teinte de gouaille… Fidèle à la caricature et aux personnages grotesques du songe de Goya, la plume d'Aurore Guitry est pleine d'humour. J'ai carrément adhéré à ce ton à la fois paillard et inquiétant qui nous immerge aussi bien dans la réalité historique que dans le surréalisme du rêve.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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En choisissant ce livre, je voulais découvrir le peintre Goya pour enrichir ma culture personnelle. Ce livre nous permet de découvrir une partie de l'oeuvre de Goya et plus précisément « Les Caprices ». L'auteure s'est inspirée d'un épisode de la vie de Goya où il a été frappé d'un mal qui l'a rendue sourd.

Voici un lien qui vous permettra d'approfondir ce que sont ces gravures : Ici

Le début du livre est très étrange. On sent une grande confusion dans l'action et j'avoue avoir été un peu perdue. Goya est au plus mal et sur le point d'y passer. Mais par chance il est recueilli par une femme très étrange.

On débarque dans un village et un univers très étrange et qui m'a laissé très perplexe. Je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. On suit le rythme des moments où Goya est lucide.

Au début Goya nous fait l'effet d'un fou mais ce qui est le plus étrange et qui devient même inquiétant, c'est ce qui se passe dehors. Rosario est un personnage aussi étrange. J'ai eu beaucoup de mal à la cerner et à la comprendre. Elle est celle qui sauve ceux qui échouent aux Mallos. Elle n'est pas méchante mais je ne dirais pas non plus que c'est une gentille.

Ce qui est le plus effrayant ce sont les ombres qui hantent ce village. On ne comprend pas ce que c'est au début mais au fur et à mesure cela devient un peu plus clair. Cependant cela est aussi très étrange et j'ai eu beaucoup de mal à adhérer.

Quand on comprend enfin ce qu'est cette histoire aux Mallos, on est surpris. C'est la première impression que j'ai eu. Cependant la suite ne m'a pas plus emballé que ça. En ce qui concerne Goya il nous fait toujours l'effet d'un fou mais on comprend que la maladie y est pour beaucoup.

Mais ce livre a quelques points positifs. Les chapitres sont courts et se lisent vite. L'écriture est particulière mais plutôt agréable. Ce qui m'a dérangé ce n'est pas vraiment la forme mais plutôt le fond. Ce n'est pas un livre tout public. On ne s'attache à rien dans ce livre. Même si cela n'est pas nécessaire, le lecteur a quand même besoin de s'accrocher à quelque chose pour se sentir bien dans cette lecture.

Je suis habitué au livre un peu différent dans le style avec des histoires qui bousculent le lecteur mais là je n'ai pas réussi à adhérer et je me suis même un peu ennuyé.

Je suis peut être passé à côté de ce livre et j'en suis désolé pour l'auteure qui a cependant fait un travail remarquable pour restituer ce qui a pu être la vie de Goya suite à sa maladie qui lui a inspiré « Les Caprices ».

Maintenant à vous de vous faire une idée sur ce livre.
Lien : https://leslecturesdamandine..
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Voici un roman très original. Aurore Guitry nous conte un songe ou plutôt un cauchemar, celui du peintre espagnol Francisco de Goya, qui durera plusieurs mois, de décembre 1792 à mars 1793.

Goya, terrassé par une attaque, est accueilli par une vieille paysanne aux Mallos, petit village de l'Aragon ... à moins que ce ne soit à Cadix chez l'un de ses amis.

A Mallos une fête se prépare, Goya va peindre et danser pour les morts. A Cadix on va brûler Pelele lors du carnaval.
Lien : http://partageonsnoslectures..
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Ce livre donne envie d'aller voir l'oeuvre de Goya, peintures je je trouve pour ma part tourmentées. Aurore Guitry nous fait vivre la fièvre et la maladie de l'artiste, ce qui donne une sensation de flottement, voire de conte.
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