On n'imagine pas le nombre d'expériences métaphysiques d'altération de la conscience qui ont lieu en taule. L'enfermement, le climat anxiogène, le nombre incroyable de malades mentaux, l'usage des drogues, tout cela fait que la frontière entre rêve, fantasme et réalité s'étiole et parfois vole en éclats. C'est dommage qu'on ne donne pas aux prisons de France des noms de personnages illustres, comme on en donne aux lycées ou aux collèges. En tout cas, les prisons Descartes auraient un beau succès, parce que c'est un auteur qui fait mouche chez les taulards.
Voilà. C'est fini. En cinq mètres, ils ont résumé une vie d'homme. D'un néant à l'autre. Et entre les deux, un éblouissement qui mord et illumine, et que certains pourront peut-être convertir en ravissement cruel. Les autres seront passé à côté de la très vacharde poésie de ce qui s'appelle : vivre.
Epictète parlant de la mise pitoyable de Diogène, de ses frasques nippeuses et cradingues, mettait en garde le populaire : "Quand elle était sur Diogène, même la boue était propre !" Succulent apophtegme. Imaginez le silence bovin de l'auditoire devant l'énormité proférée par le maître. Et bien, je ne suis pas Diogène vu que j'évite la boue, mais faut pas juger à l'allure, voilà ce que je dis.