Citations sur La zonzon (23)
"Et voilà comment j'étais en train de monter la seule école française de philosophie qui ne recrutait pas des pisse-froid de normaliens ou des agrégés de mes deux, mais de solides castagneurs, des videurs de boîtes à putes et des maquereaux de la côte d'azur. La faculté n'avait qu'à bien se tenir... tremblez, rédacteur de Philo Magazine et petits philosophes branleurs qui se la pètent anars et posent en rebelle en lisant du Onfray...."
Je déteste la vulgarité quand je n'en suis pas l'auteur.
Je suis là, au milieu de tout ce merdier, dans un vacarme assourdissant, au milieu de tous ces mecs dans une sale odeur de vieille pisse. Une prison française.
Toto est l'un de ces 25 à 55% de schizophrènes qui occupent les prisons françaises. (...) Une journée en prison coûte 50 euros, et une journée en hôpital psychiatrique, 500 euros. En quinze ans, 50 000 lits ont été supprimés en hôpital psychiatrique. Le calcul est simple.
(p. 208)
A LIRE
Qu'ajouter de plus...Ah oui.... Un auteur, génial philosophe harangueur de foules au naturel...Un Béru qui nous fait avaler de la philo à la petite cuillère sans régurgitation...Digne fils de Diogène, se faisant chahuteur de méninges, un peu cabot, en fidèle ami de l'homme dans toute son humanité.
Ce roman, laisse entrevoir quelques bouts de lui et de son univers, quelques bouts....car le bonhomme est une bibliothèque de philo à lui tout seul....alors loin d'avoir tout lu....je préfère l'entendre m'en faire le résumé tout en gouaille ...
Eh oui j'ai la chance de pouvoir aller l'entendre, saisissez celle de le lire
Dans les jeux complexes d'influence, de vassalités, de suzerainetés, de hiérarchies qui s'exercent en prison, il est toujours très difficile de s'y retrouver. Mais il y a des signes plus ou moins subtils, des marqueurs plus ou moins indirects, très clairs pour qui sait les interpréter.
Dans sa cervelle étroite et enfumée de fainéant fumeur de shit, il avait une piètre idée de ce que pouvait être un homme. Il lui avait semblé que l'homme était tout entier contenu dans son slip, et il devait maintenant revenir sur cette évidence première. Mais où trouver un modèle de virilité qui ne soit pas lié à la saillie ? Doté d'une sensibilité grossière, ne connaissant que les films de guerre et les programmes de cul des chaînes occidentales qu'il captait par satellite, R. estimait qu'il n'existait pas d'homme plus viril au monde qu'un flic, avec un uniforme bleu marine impeccablemennt repassé, des lunettes à effet miroir, et un flingue énorme et brillant comme un camion de pompier.
(p. 236-237)
Je me lève et dessine mon précieux camenmbert au tableau. Je lui coupe de sévères parts, à mon brie de Meaux viennois. Trois, que je lui fais... La première tranche de brie, je l'appelle CA, la deuxième SURMOI et la troisième, FONCTION DU REEL. Ensuite, je te colle les flèches entre chaque morceau comme si chaque bout partait en guerre contre les autres.
-C'est vraiment le bordel, commente l'un des lascars.
J'entoure le camembert CA.
-Ca, c'est vraiment le bordel. Ca ne pense qu'au plaisir et au sexe, là-dedans. Heureusement qu'il y a le surmoi pour border tout ça et le réel qui nous rappelle à l'ordre, parce que, sinon, tout finirait tout le temps en partouze monstrueuse.
Le véritable amour, il consiste en un amour du beau, que le véritable amant, lorqu'il est bouleversé à la vue de l'être aimé (bruit de chiottes), lorsque son coeur se met à battre la chamade et que son désir s'élance vers celle ou celui qui l'aime en retour (bruit de chiottes), ce qu'il révèle par cet élan, par ce mouvement du désir, c'est que, à l'instant où nous sommes capables d'aimer, dès que nous pouvons être ravis par l'amour, par là même, nous avouons que nous sommes capables d'être touchés par la beauté (bruit de chiottes).
C'est donc une erreur grossière que de croire que l'érotique est un chemin qui conduit uniquement à la passion charnelle et à l'éveil des sens (bruit de chiottes). En vérité, l'érotique conduit également à l'esthétique, et l'esthétique, à l'éveil de l'âme (bruit de chiottes).
C'est sans doute pour ça que j'étais descendu en détention, pour retourner à la grande et humaine grouillerie. Je cherchais l'épais, le dense et le saumâtre, et je ne le voulais plus seulement en peinture, le baroque, mais sur les gueules et dans les âmes. Ne m'amusait plus que le spectacle de la grigne de l'humaine nature; je courais après les emberlificots incroyables qu'ourdissait le commun pour un gain minuscule, je bignais le sérieux avec lequel le populaire se prenait au jeu du ridicule et du nuisible. Partout le bal des ardents le disputait à la course à l'échalote et -bénéfice de l'âge ou lucidité octroyée par la philosophie- la contemplation de ce spectacle me réjouissait.