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EAN : 9782842636753
288 pages
Le Dilettante (24/08/2011)
3.5/5   64 notes
Résumé :
Lazare Vilain n’est pas fréquentable. Il se lie avec des escrocs qui truquent des combats de boxe clandestins, avec des gitans en guerre contre les précédents, et reçoit à sa table des bandits malpropres qui font pleurer sa femme. Pire que tout, il fait de la philosophie en prison. Un jour dans un centre pénitentiaire, il recontre une pianiste.
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Où l'on voit que la philo n'est pas réservée à des "demi-sels à chemise blanche échancrée et en costume Cerruti" (sic), mais s'adresse à tous ceux qui ont envie de triturer un sujet dans tous les sens, y compris les "Bac moins 5".

Même si Alain Guyon s'inspire de son expérience de "prof" de philo en prison, cet ouvrage est un roman. Et c'est rassurant, à certains moments, de savoir que Lazare Vilain est un personnage fictif. Pour ses combines louches et sa façon de (mal)traiter sa future ex-petite copine, notamment.

L'auteur n'a jamais vécu du mauvais côté des grilles. Son témoignage n'en est pas moins intéressant, et reste proche de ceux de Joel Williams, en captivité depuis 30 ans, et de Aïssa Lacheb, ex-détenu.

Les échanges relatés ici entre l'animateur et ses "élèves" sont passionnants et truffés d'anecdotes piquantes et drôles, parfois émouvantes - il faut dire que les personnages mis en scène sont hauts en couleur.
La vie privée du narrateur et ses combines m'ont nettement moins convaincue, surtout lorsqu'on tombe - de haut - dans la bluette sirupeuse. le contraste est brutal entre le ton grinçant du récit et ces brefs passages naïfs et maladroits, où notre gaillard-gouailleur semble redevenir prépubère.

Malgré ces réserves et la fin rocambolesque, je garderai un très bon souvenir de ce livre, et le conseille à qui veut. Tout comme : 'Du sang dans les plumes' de Joel Williams, 'Scènes de la vie carcérale' de Aïssa Lacheb, 'Le bruit des trousseaux' de Philippe Claudel.

--- Attention, immersion un peu difficile : même avec un niveau "correct" (croyais-je) en argot, j'ai parfois buté sur le langage très fleuri de l'auteur. J'ai dû ainsi louper quelques phrases, quelques répliques, principalement au début. On finit par s'habituer et on décrypte.
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Lazare Vilain, professeur de philo n'était pas particulièrement destiné à la prison, à l'époque il prodiguait ses leçons de « philosophie foraine » dans des contrées lointaines sur des estrades de Maisons du peuple, de bergeries retapées en ciné-club, de foyers ruraux et autres caves à pinard. Un jour une fille du Service Pénitentiaire d'Insertion lui propose de le recruter et d'enseigner son noble art en zonzon, car la France est sommée d'introduire de la culture dans les taules pour se mettre au diapason des normes européennes. Sa dégaine de marlou passe bien auprès des détenus et cette joyeuse expérimentation donne un nouveau sens à leur peine. Régulièrement après le boulot Lazarre retrouve Momo et Rocky au troquet le Kalinka pour y prendre la fraîche, les deux potes tiennent un club de boxe. Un soir débarque à leur table, Monsieur Riccioli un directeur sportif détaché auprès de la pénitentiaire par le Ministère Jeunesse et Sports, il en profite pour repérer des taulards qui en veulent ensuite ils participent à des combats de boxe puis ils sont aidés pour leur réinsertion. Bref du bidonnage dans lequel chacun y trouve son compte ! Riccioli demande à Lazare de bien vouloir passer des enveloppes à des détenus et comme Lazarre en a un peu ras le bol de sa vie aseptisée, il accepte donc la proposition véreuse. Sa Vanessa n'exerce plus sur lui ses fatales attractions alors lorsqu'il rencontre Leïla, professeur de musique des Baumettes et révolutionnaire frustrée, son coeur s'emballe et l'emmène bien au-delà de tout ce qu'il avait pu imaginer… La verve argotique de l'auteur n'est pas s'en rappeler du Audiard, du Dard ou du Boudard, le tout donne un polar cocasse et bien ficelé dans lequel le milieu carcéral est particulièrement bien rendu. Ce roman a reçu le Prix Georges Brassens 2011 qui récompense un roman dont le fond et la forme sont proches de l'univers de Georges Brassens par une liberté de ton, une impertinence, voire un amour du verbe, tout en restant accessible.
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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Se basant sur son vécu mais en y ajoutant beaucoup de fiction, Alain Guyard a réussi un récit haletant, intriguant et passionnant- jusqu'au bout.

Pour bien mettre le lecteur dans l'ambiance, il offre, en guise d'introduction , « L'Épitaphe de Villon en forme de Ballade », plus connue sous le nom de « Ballade des pendus ».
La Zonzon nous entraîne sur les traces de Lazare Vilain qui va être amené à enseigner la philosophie à la maison d'arrêt de Nîmes puis jusqu'aux Baumettes, à Marseille. L'auteur se sert de sa propre expérience pour décrire le milieu carcéral. C'est cru et direct. D'emblée, il reconnaît que ses copains d'enfance sont devenus gendarmes ou militaires pour échapper à la misère ou au chômage. Quant à ceux qui sont rétifs au képi, ils sont … taulards !
Une bonne partie de l'histoire se passe derrière les murs où Lazare Vilain rencontre des gens, souffre du bruit et des odeurs tout en supportant la tchatche… Pour respirer un peu mais aussi pour commencer à nouer l'intrigue, l'auteur nous emmène dans un club de boxe nîmois. Les expressions fleuries agrémentent le récit qui voit notre prof de philo pris dans une histoire bien périlleuse. « Il y avait du mou dans la boîte à gamberge » et l'enseignant n'arrivait plus « à supporter l'entrouducutage très glandilleux des corps d'inspection ». Il faudrait citer beaucoup de pages, morceaux choisis ne rendant compte, finalement, que de la triste réalité d'administrations qui se sclérosent toutes seules.
Avec talent, Alain Guyard rend bien compte des tourments qui agitent les personnes détenues sans se départir d'un humour salvateur. C'est alors qu'arrive Leïla qui intervient aussi en prison et qu'il n'a de cesse de vouloir retrouver. Au fur et à mesure que se déroule l'histoire, l'auteur nous raconte Socrate qui inventa la philosophie en prison. Il note aussi cette réflexion si vraie : « Ici, en zonzon, y a plus que l'amitié qui tient. » Plus loin, lucide, Lazare Vilain constate : « J'étais le Facteur Cheval du crime… » Les discussions en cours de philo sont passionnantes et peuvent entraîner loin avec Redouane qui parle des bordels d'Alger.
Une bonne séquence décrit aussi la fameuse corrida annuelle, sans mise à mort, organisée sur le stade de la maison d'arrêt de Nîmes. L'histoire s'emballe et se révèle être un vrai polar.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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C'est l'histoire d'un prof de philo « en grève illimité avec l'Education nationale ». Il n'a pas l'habitude de donner des cours aux café-philo pour « intellectuels urbains » mais plutôt en cours du soir à un public rural. On va lui proposer d'enseigner en prison dans le cadre d'un projet de collaboration Education Nationale / Justice, il accepte sans trop savoir où il met les pieds.
Sa popularité auprès des détenus lui vaut d'être approché par Riccioli un mafieux qui a des connaissances au Ministère de la Jeunesse et des Sports et lui demande de passer des enveloppes contre arrangements. Là aussi, pour un Lazare en manque de sensation forte, il accepte et met le doigt dans un engrenage qui le mène de péripéties en péripéties…
En résumé, récit efficace, direct. Humour omniprésent, langage familier, souvent vulgaire, termes crus qui donne toute la crédibilité et à l'auteur et aux personnages du roman. Les gros points forts sont les parties tragiques du roman, celles où l'auteur décrit les prisons et le quotidien des détenus grâce à des textes bruts, glaçants de vérité qui interviennent en rupture comme des blocs a la suite de parties humoristiques, légères, aérés. du grand art.
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Lazare Vilain est un philosophe à la personnalité bien trempée. Il se voit proposer d'animer des ateliers philos en prison. C'est avec brio, que Vilain enseigne son art, mais il n'est pas qu'un bon prof , au Kalinka, un bar où il a ses habitudes, il se fait alpaguer par un maffieux qui lui propose contre récompense de passer des enveloppes au détenus. Puis il y a Leila prof de musique en zonzon, Il en tombe amoureux. C'est le grand frisson Il gagne du blé, le dépense en clandé…
Premiere fiction écrite dans la même veine littéraire que Frédéric Dard ou Alphonse Boudard, ce roman presque documentaire sur le monde carcéral est aussi un polar drôle avec ce prof vraiment pas catholique. En lisant ce roman, on est aussi en cours de philo avec les taulards. Pas de doute Alain Guyard est un très bon prof
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critiques presse (1)
Bibliobs
07 novembre 2011
Une salutaire bouffée de gouaille argotique estampillée «Tontons flingueurs». Maître en langue verte, Alain Guyard descend d'Albert Simonin, de Frédéric Dard et de Michel Audiard.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
- Tu pourrais m'en parler, de l'amour ?
J'ai pensé à Schopenhauer. L'instinct sexuel qui se grime en romance à l'eau de rose. Les serments sous la lune et les promesses d'une voix tremblante... Tout ça : cache-misère, trompe-couillon pour camoufler la hideur d'un coït bref, moite et violent... Reproduction de l'espèce !... Survie biologique oblige ! Rien d'autre !... Le reste ? Vernis ! Cinéma ! Perlimpinpin ! L'amûr ! Ah l'amûr ! Plein la bouche de l'amûr, qui sert à pas voir comment s'engluent les vits dans les oignes... Tout ça, vaste esclafferie... L'amour s'en va par les gogues avec les glaires épongées au papier toilette que la rombière, s'en tamponnant le coquillard, sentimentalise la larme à l'oeil... Mais tout ça, ce nihilisme schopenhauerien duquel je me sentais si proche, je devais le taire. Ca vexe la petite princesse qui sommeille en chaque femme.
(p. 122)
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(...) on arrive dans le petit pavillon de bourgeois de ses parents, à ma meuf, tu vois, avec le petit jardin tout autour, avec sa haie bien taillée qui fait le tour, la CX garée dans l'allée du garage, l'herbe tondue nickel, les graviers dans l'allée tous de la même taille, ma parole, c'est comme s'il les avait choisis chez un joaillier juif à Anvers, tu sais, avec la loupe pour être sûr que tous ils ont le même calibre, je te jure, il manquait plus que les nains de jardin et la biche que t'y fous des géraniums dans les paniers qu'elle a sur le dos, Bambi, la sonnette qui imite Big Ben, et tout et tout (...)
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Pour Noël, on s'est organisé une petite fête modeste dans la prison. Je leur ai apporté des cadeaux. Que des bouquins. C'est ma politique à moi. Diogène, un jour, voit une femme en train de lire. Il gueule à la cantonade : "Attention, elle affûte une épée !". Je n'ai pas de grandes convictions, mais j'ai au moins celle-là. (...) Les livres sont armes de construction massive et des machines à fabriquer de la liberté. Voilà pourquoi je les importe au mitard, que je les commente, que je les traduis et que je les illustre pour tous mes lascars entaulés. Les livres délivrent. Voilà. Rien de plus pour ce qui concerne ma philosophie.
(p. 213)
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[prof de philo en prison]
Nous, on raconte le terrain, et le sentiment partagé qu'on a de voir des [détenus] se plaire à philosopher, et on narre par le détail nos efforts de "conceptualisation carcérale". On tombe tous d'accord pour dire que la philosophie permet d'interroger sa condition, donc de prendre des distances avec elle, et par conséquent de fabriquer un interstice, un espace, un jeu suffisant pour bidouiller quelque chose qui ressemble à de la liberté.
(p. 90)
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Chacun sait ici que la prison, ce n'est pas que la perte de la liberté, c'est, dans la foulée, la perte de sa femme, parfois l'enfant retiré et confié aux services de la DASS, et, par un jeu de dominos, la haine de la belle-famille, parfois en chaîne, celle de la famille. Ne reste souvent que la mère, qui lave le linge et le ramène au parloir, pardonne tout à son fils.
(p. 160-161)
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