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Citations sur Borderline, tome 1 - Niveau -2 : Les souterrains (19)

Je veux pas te faire peur, mais souviens-toi que je t’ai mis en garde. Les préliminaires sont terminées. Ici, c’est le lieu des choses sérieuses. Tu as fait le choix d’aller plus loin dans la pratique, ce qui fait de toi quelqu’un que l’ayahuasca va reconnaître comme un initié. Les plantes que tu vas dieter vont aller creuser très profondément en toi, et faire émerger des choses que tu préférerais certainement ignorer. L’ayahuasca va te les expliquer, mais personne ne sait si tu vas pouvoir comprendre, et si tu ne vas pas fuir en courant. Tu as pris ta décision en toute conscience, tu ne dois jamais l’oublier. Tu devras t’en souvenir quand tu feras face à toi-même, et surtout ne jamais te cacher derrière une fausse ignorance. Tout ce qui va se passer, c’est toi qui l’auras voulu et accepté. Et quoi qu’il advienne, rappelle-toi que c’était une bonne décision, que tu as prise quand tu désirais sincèrement aller mieux.
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Le rêve avait fait remuer une chose dans les ténèbres, une chose sans nom qui venait du fond des âges, d'une époque lointaine où l'homme n'était pas encore asservit. Cette chose était vorace, elle souffrait d'une faim millénaire qui jamais ne pourrait être rassasiée. L'écho du rêve avait atteint les tréfonds de l'âme qui constituait son antre, l'appel avait résonné faiblement mais cela avait suffi pour mettre la bête en éveil. Elle était désormais à l'affut, et jamais plus elle n'accepterait de sombrer à nouveau dans l'oubli. Ses hurlements de rage, semblables à ceux que lancent les fauves lorsqu'ils sont prisonniers, faisaient vibrer l'âme qui ne pouvait qu’exhorter l'esprit à agir. Et l'esprit torturé se mit en quête de ce qui pourrait apaiser l'appétit démentiel de la chose. Mais plus il l'alimentait, plus la chose prenait des proportions effroyables, et plus elle était insatiable. Elle exigeait des mets de plus en plus rares, et l'esprit devait faire d'immenses sacrifices pour les lui procurer. Vint le moment où la bête émergea complètement et fit face à l'esprit. Elle lui demanda de lui céder l'âme. Et l'esprit était tellement terrifié qu'il accepta. Il était seul à présent pour satisfaire la chose. Il continua à lui offrir du mieux qu'il put ce que sa volonté cruelle lui réclamait, mais cette tâche éternelle finit par le consumer. L'esprit commença par se recroqueviller sur lui-même. Pièce par pièce il se désagrégea, et à la fin il se perdit. Alors la chose n'eut plus qu'une issue: et elle se dévora elle-même.
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Il me semble que j’ai marché pendant des mois pour arriver ici. Mais je n’en conserve aucun souvenir. À peine quelques ébauches de scènes qui pourraient aussi bien appartenir au domaine des rêves. Sans cohérence, sans rien pour les rattacher au réel. De toute façon, c’est une notion dont j’ai oublié le sens.
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À chaque combat que je mène, je tue et je retue le même homme. Et tant pis pour le mec en face de moi, mais il ne peut pas gagner. Parce que sa volonté de me vaincre ne pourra jamais au grand jamais surpasser mon désir de mort.
À chaque combat, c’est lui que j’ai en face de moi, et il me reluque d’un air à la fois amusé, enjôleur, provocant et ironique, et il se pourlèche les lèvres. Et il susurre, comme dans un rêve : Vas-y cogne, mec, frappe, fais-moi mal, montre-moi ce que t’as dans le bide, allez, je sens rien, t’as pas de couilles ou quoi, vas-y frappe je te dis, tue-moi, tue-moi ! Je serai encore là demain, et après-demain, et après-après-demain, hahaha, je serai toujours là désormais, tu m’entends, toujours là, tu peux pas te débarrasser de moi !
Et moi je cogne, je cogne de toutes mes forces, mais le sourire ne disparaît jamais. Et il rit, il se marre, il est plié en deux tellement il se fout de ma gueule, ça l’éclate de me voir me démener, m’acharner pour lui faire fermer sa gueule.
Quand je rouvre les yeux, un mec gît, en sang, à mes pieds. Un type lève mon bras au ciel et des gens crient et applaudissent
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D’ailleurs j’aime autant vous prévenir qu’à partir de maintenant faudra pas chercher à comprendre ce que je raconte ou tenter de trouver une cohérence à ce que j’ai branlé après ça. Suivez le truc, comme je l’ai fait, c’est tout ce qu’on vous demande.
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« Je ne sais pas si c’est normal pour des ados de suffoquer en permanence dans la haine et le dégoût comme ça, mais je me dis qu’assister au spectacle triste, emmerdant et répétitif de la connerie humaine est une horreur sans limites que tu te reçois de plein fouet quand t’es jeune »
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Les jours que j’ai passé dans cet hôtel se fondent les uns dans les autres. Impossible de dire combien de temps j’y suis resté. En dehors de quelques épisodes de conscience qui se résumaient à me vider d’un côté ou de l’autre, tout se mélange en une sorte de longue, d’éternelle hallucination prolongée.
Les vautours de la peur me persécutaient sans relâche. Je les voyais tournoyer dans mon ciel, en attente. A l'affût des signes de ma mort imminente. Je luttais avec les ténèbres, sans rien pour faire office de boussole. Parce que mon psychisme était infesté de présences.
Je sais pas d’où elles provenaient, ni ce qu’elles étaient véritablement. Par moment, j’étais dans une telle parano que j’étais persuadé que c’était les esprits des plantes en colère, et surtout celui de l’ayahuasca, qui se vengeaient par ce que j’avais tordu ma diète.
Mais je crois que c’était plus subtil que ça. Je crois que mes pensées se matérialisaient en entités autonomes, et que c’est avec elles que je luttais. Je savais que j’avais merdé. Et je savais que je pourrai plus me rattraper. Et cette certitude précipitait mon esprit dans la peur. Et la peur me regardait. Je ne pouvais plus, comme par le passé, cacher mes propres émotions à mon esprit. Tout était conscient, et ma conscience se regardait elle-même, à travers ces présences.
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Et si ton œuvre est suffisamment puissante, tu finiras par te perdre en elle. Parce que tu penseras à la nourrir elle avant de te nourrir toi-même. Tu te nourriras d’elle de toute façon. Autant qu’elle se nourrira de toi. Et peut-être que ta légende continuera d’exister, alors que toi tu seras déjà mort
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« C’est quoi que vous redoutez tellement dans le fait de laisser les gens penser par eux-mêmes ? »
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« J’ai lancé un cri au monde, mais le monde était tellement vaste, et j’étais tellement seul, qu’il ne m’a renvoyé que l’écho sans fin, sans but, de mon désespoir »
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