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Citations sur Borderline, tome 4 - Niveau 1 : La surface (1/2) (5)

On a longé toute la côte. Tyler roulait à toute blinde. Ses
cheveux s’enroulaient autour de ses bras et de ses seins, sa
jupe lui remontait jusqu’à la culotte, et elle souriait et se
mordait les lèvres sans s’en apercevoir, toute à sa joie,
exaltée par la vitesse. Quelque chose de sauvage avait
envahi tout son visage, j’avais presque du mal à la
reconnaître. Elle avait enfin lâché les chevaux, ces chevaux
qui lui labouraient les entrailles sans répit, comme ces
animaux de zoo devenus psychotiques. Il me semble que
je l’ai aimée à ce moment-là d’une manière différente,
presque effrayée. Elle semblait tenir entre ses mains le
pouvoir absolu. Conduire cette décapotable, vous pouvez
pas savoir ce que ça représentait pour elle ! Cette chose
dont elle avait rêvé depuis si longtemps, quand petite elle
me suppliait déjà pour qu’on s’enfuie, pour qu’on
devienne des hors-la-loi, des vagabonds, des hobos...
Elle la tenait enfin.
Elle la tenait enfin, sa putain de liberté.
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La liberté n’était ni belle, ni douce à ressentir. Elle
n’avait pas le pouvoir de te transporter au-delà de toi-même, bien au contraire. Elle t’enfonçait au plus profond
de ce que t’étais, et les renoncements qu’elle t’imposait
s’apparentaient à un déchirement, un abandon. Un
sacrifice.
Celui que tu croyais être. Celui que tu voulais être.
Celui que tu avais lutté pour devenir. Elle emportait tout.
Et tout ce qu’elle te laissait, c’était ce silence. Résigné. Mais
digne.
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J’essaye, j’essaye de refouler mes émotions, mais ça me
fait tant de peine d’avoir perdu celui que j’étais ! Je cours
sur cette piste en chialant, et les soldats incitent les autres à
se foutre de moi. Je cours comme un idiot, effaré par
l’immensité de ma perte, poursuivi d’injures abjectes, mais
tout ce que je vois, moi, c’est la forme de celui que j’ai été,
et qu’aucune course au monde ne pourra jamais me
permettre de rejoindre !
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J’osais même plus ouvrir les yeux à présent, parce que
j’étais sûr que si je le faisais, le monde qui m’entourait ne
serait plus le même que celui que j’avais quitté. Je savais
qu’il aurait brutalement changé de face, et que j’y
survivrais pas. Par l’entremise de mes sens, en envapant
mon esprit, la jungle m’avait ensorcelé, et sans m’en
rendre compte, j’étais passé de l’autre côté. Dans le monde
des esprits. Ils étaient tout autour de moi, à chuchoter, à
m’appeler, à me faire danser d’un pied sur l’autre, à se
moquer. Mais moi je voulais rien savoir d’eux, j’étais
absolument pas prêt à les rencontrer, et même si je devais
m’assommer contre un arbre et crever d’une hémorragie
cérébrale, je rouvrirais pas les yeux avant d’avoir atteint
cette putain de rivière, si toutefois je parvenais un jour
jusqu’à elle, ce qu’était pas gagné.
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Des fois, l’envie démentielle de reprendre la route
m’agrippait les nerfs, et j’aurais tout donné pour être au
volant de ma caisse en train de sillonner le pays. Avant de
me souvenir que ma voiture, je pouvais faire une croix
dessus. Ça me rendait barge. Dans ces moments-là, la selva
m’apparaissait soudain comme une prison, cet enfer vert
dont tout le monde cause. Elle pouvait avoir un côté
terriblement oppressant. Tout me sortait par les yeux, mon
tumbo, cette place dégagée où je m’asseyais par terre, cette
maudite maloca planquée derrière les arbres, et même
Wish qui prenait dans mon imagination les traits d’un
affreux geôlier, d’un maton qui fait semblant de faire
copain-copain avec les prisonniers pour tromper son indécrottable solitude.
Ouais, cet isolement au sein de la forêt me rendait fou,
et j’avais envie d’arracher les arbres, de jeter des pierres
aux singes qui se fightaient dans les branches, de foutre le
feu à mon putain de tumbo, de choper Wish quand il se
pointerait et de le ligoter à un tronc plein de fourmis
rouges. C’est vrai que c’était grotesque mais ces accès de
rage étaient incontrôlables, et dans un sens ça me
paraissait plutôt normal de ressentir ça.
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