Citations sur Il suffit parfois d'un rien... et d'une fraise Tagada ! (9)
Sans regret, je regagne la chambre du château dans laquelle nous avons déposé nos affaires. Luisa dormira là ce soir. Pour ma part, je préfère retrouver le centre parisien et mon lit. Je repose prestement ma robe fraise Tagada sur son cintre, quitte mes bourreaux pédestres pour retrouver le confort de mes baskets mais ne touche pas à mon chignon.
Pas tous. Mais ils sont nombreux. Aveuglés par leur image. Par l’argent. Par le bling-bling qui en découle. Le jour d’un mariage, ce qui compte, ce sont les mariés. Certes, on doit se faire beau mais pas vouloir à tout prix être l’attraction de la journée. Une telle fête, c’est pour honorer l’amour de deux êtres, pas un défilé de mode qui leur volerait la vedette.
Hors de question que j’aille bouffer des crevettes roses habillée comme une danseuse du Lido au milieu de pantins richissimes
Nous nous approchons d'un bar cosy qui nous tend les bras de l'autre côté du boulevard empli d'automobilistes tous plus énervés les uns que les autres. Avant de traverser, j'attrape le bras de Franck pour le forcer à s'arrêter.
Y a quand même un truc qui me rassure, c'est que si Victoire est parvenue aussi facilement à passer la bague au doigt à un type aussi rigoriste, ni toi, ni moi ne devrions terminer bigot au fin fond de la Creuse.
- Eh bien mon petit, on se reprend ! Je ne vous ai pas demandé d'aller dépuceler l'armée prussienne non plus.
Je ne sais si l'âge avancé de la doyenne la rend sénile ou simplement marrante mais je découvre un côté fort attrayant de son caractère.
Karen passe sur mon visage un large pinceau dont les poils me chatouillent allègrement les narines. Je manque d'éternuer à plusieurs reprises.
- Et voilà, Bridget ! Ce soir, vous serez la plus belle pour aller danser !
- Bon, niveau maquillage, on fait quoi ? Kim Kardashian ? Rihanna ? Angelina Jolie ?
- Euh... Un truc simple, c'est jouable ?
- Ah enfin une qui veut ressembler à personne !
J'attrape un pan de ma robe et me dirige vers la chambre 125 en bloquant ma respiration pour ne pas être déséquilibrée par mes poumons. Subterfuge idiot et inutile mais c'est le seul moyen qui me vient à l'esprit pour tenter d'apparaitre sereine. Au lieu de cela, je sens rapidement mes joues rougir et prendre feu. Quand j'ouvre la porte de la pièce dans laquelle une certaine Karen piétine d'impatience, je me sens que je me suis transformée moi-même en fraise Tagada tombée dans l'huile bouillante. […]
- Vous devez être Caroline ? Je suis Karen. Venez ! Suivez-moi ! Il nous reste à peine une demi-heure avant le début des festivités. […]
- Karen, je suis désolée, vous allez avoir un peu de boulot avec moi ! […]
- Croyez-moi sur parole, avec votre chevelure soyeuse et votre peau satinée, dans un quart d'heure, vous serez capable de monter les marches du palais du Festival de Cannes sans honte. Alors que, pour la plupart des autres, une truelle n'y suffirait pas !
Enfin une alliée dans ce marasme.