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Citations sur Bleu Bacon (25)

Les ombres de la mort, c'est ce qui nous saute aux yeux. Elles ont ici l'allure démoniaque d'un oiseau de proie qui se jette sur un cadavre: Bacon a donné à la flaque noire qui absorbe son amant dans le panneau central la forme d'une goule de vampire.
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J'avais beau regarder de tous mes yeux, face à cette peinture, je n'y arrivais pas. J'étais trop chargé: sans doute fallait-il que je me débarrasse de mes pensées, que je fasse le vide et me dénude intérieurement. J'ai fermé les yeux pendant quelques minutes: j'avais compris, cette nuit, qu'on ne se met à voir qu'après en être passé par le noir.
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Le Z est une lettre alchimique qui évoque la foudre. Elle m'exaltait. J'y voyais un signe d'élection, celui que portent les pirates et les princes mélancoliques. Peut-on habiter une lettre? J'aurais voulu me transporter tout entier jusqu'à ce Z, arpenter sans fin son paysage multicolore, m'absorber dans me rose et le bleu.
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J'en perçois aussi l'étrange vertu : le bleu est plus fort que le noir; il troue les ténèbres et s'écroule jusqu'à nous. (Page 51)
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Je me tiens dans l'intervalle enchanté entre peinture et littérature. C'est là que je respire le mieux. Peu importe que j''éprouve de l'angoisse ou de la joie, quelque chose de plus vaste, de plus calme, de plus violent m'emporte : la nuit et le jour se confondent, et dans l'intensité la lumière ruisselle toujours. Les mots et les couleurs se cherchent, se croisent, s'entrelacent, s'ajustent : en écrivant je me jette à l'eau. C'est un lac inconnu qui s'ouvre sous mes doigts ; et dans ce vide étincelant, je me baigne. C'est ma vraie vie.
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La nuit contient des éclats qui se contredisent : on se noie dans des mares d'angoisse, les couleurs se crispent en un jus acide où coagule l'absence, et quelques secondes plus tard on se retrouve au contraire aspergé de nuances ; c'est un torrent de violets pâles et de rouges crépitants qui nous inonde alors le coeur. On ne craint plus le prochain tableau, celui dont on redoutait la violence ; on se laisse maintenant porter par ces coulées rose lavande où la lumière se baigne comme dans un miroir ; on évolue de salle en salle, gratifié par le velours des couleurs ; la joie est retrouvée.
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Parfois il me semble que le monde est mort, et que seule la peinture le remet en vie. Les portes qu’on ouvre dans la nuit donnent sur d’autres portes, qui nous entraînent dans un vertige de métamorphoses. Jusqu’où ? La profondeur de la nuit est sans limites. Et cette nuit que rien ne freine, je l’avais justement devant moi : il était à peine 1 heure du matin et j’allais me consacrer maintenant à chaque tableau. J’irais me placer devant chacun d’eux afin de me rendre disponible à cet assaut immobile que Bacon renferme dans ses cages (les sensations sont des fauves impatients de bondir). Je ne me protégerais pas, et mes yeux s’ouvriraient tout autant au flot ensanglanté qui jaillit de sa peinture qu’à sa débauche de fraîcheur, à l’exubérance maladive du crime, à la délicatesse de ses tonalités.
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Que voit-on quand on regarde de la peinture ? Que se passe-t-il lorsqu’on se tient face à ces rectangles de couleurs où le visible se dépose si passionnément ? À quoi nous ouvrent ces impacts ?
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En écrivant ces phrases, j’y pense avec étonnement : Bacon me fait du bien. Cela peut sembler étrange vu le déchaînement qui habite sa peinture, mais en rejetant la consolation décorative de l’abstraction, en ne cachant rien de la violence extrême qui affecte nos existences, en s’exposant à notre place dans ce bûcher où se dénudent non seulement notre corps meurtri mais aussi notre âme en feu, Bacon nous représente. Ainsi sommes-nous gratifiés : nous reconnaissons ces affres dans lesquelles la matière de nos vies est prisonnière mais, en leur donnant forme d’art, Bacon les change en expériences vivables. Sur un certain plan d’acuité brûlante, il est insupportable de vivre, mais la peinture qui nous en transmet les instantanés n’y succombe pas : elle nous enrichit. Il y a ça dans Rimbaud : « Ma richesse, je la voudrais tachée de sang partout. » Plus besoin de le vouloir : le sang gicle désormais partout autour de nous. Bacon est l’un des témoins les plus précis de cette violence, c’est pourquoi sa peinture continue à nous ouvrir des portes plutôt qu’à nous les fermer
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Je pense souvent à cette phrase de Cézanne : « L’eau changée en vin, le monde changé en peinture. » Avec cette fenêtre bleue qui échappe à l’assèchement du monde, Bacon affirme, à sa manière éruptive, un tel miracle, celui de la peinture qui ne cesse de se dresser contre la menace d’un engloutissement du visible. Si le monde n’est pas peint, on n’y verra bientôt plus rien– et peut-être même n’y aura-t-il plus de monde. C’est pourquoi j’aime la ténacité des peintres, leur engagement physique, leur obsession de peindre tout le temps.
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