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EAN : 9782073045089
464 pages
Gallimard (04/01/2024)
3.32/5   140 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’un banquier qui veut tout dépenser.

Au début des années 90, le jeune Bataille arrête la philosophie pour s’inscrire dans une école de commerce et décroche son premier poste à Béthune, dans la succursale de la Banque de France.
Dans cette ville où la fermeture des mines et les ravages du néolibéralisme ont installé un paysage de crise, la vie du Trésorier-payeur devient une aventure passionnée : protégé par le directeur de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,32

sur 140 notes
Yannick Haenel, avec le Trésorier-payeur, réussit une performance littéraire de haute volée. Après l'avoir écouté présenter son dernier roman aux Correspondances de Manosque 2022, j'étais curieux de lire cet écrivain que je retrouve chaque semaine dans CHARLIE Hebdo (Qu'avez-vous vu, monsieur Haenel ?)
Ici, la performance est complètement différente. Malgré quelques longueurs, quelques développements pas toujours très utiles, j'ai été époustouflé par de nombreuses pages dans lesquelles Yannick Haenel laisse s'exprimer son talent tout en glissant quelques confidences.
Dans une première partie un peu longue, l'auteur met en place son histoire qu'il va faire vivre dans les anciens locaux de la Banque de France, à Béthune. Léa Bismuth l'a invité avant l'ouverture d'une exposition sous l'influence de Georges Bataille, expo consacrée à l'art contemporain.
C'est là que, guidé par Philippe Massardier, dans des locaux en chantier, il apprend que la maison de briques rouges, isolée, à l'arrière de la Banque de France, était reliée à celle-ci par un tunnel.
Celui qu'il va appeler le Trésorier-payeur, était simplement trésorier de la Banque de France de Béthune. Cet homme, nommé Georges Bataille, étonnante coïncidence, fut en poste, dans la sous-préfecture du Pas-de-Calais, de 1999 à 2007.
Alors, Yannick Haenel met en place tous les éléments de son récit, allant jusqu'à aider à meubler le bureau du Trésorier-payeur, dans une chambre, à l'étage de cette Banque de France, ouverte à Béthune, en 1910 et fermée en 2007.
La partie essentielle du roman débute enfin et c'est chaud ! le Trésorier-payeur, âgé de 43 ans, retrouve chaque jour, à 17h, Lilya Mizaki, chirurgien-dentiste à Béthune. Leurs baisers sont fougueux, passionnés et leur voyage de noces, à Kyoto, au Japon, offre des scènes d'un érotisme torride.
Pour retrouver ces deux amoureux fous, il faudra attendre quelques centaines de pages car l'auteur me plonge dans ce que fut la vie de celui qu'il nomme pour l'instant Bataille. Cet homme, nourri de philosophie, passionné de lecture, qui écrit compulsivement, entre à la Banque de France un peu par hasard, à la faveur d'un job d'été.
À partir de là, rencontres, événements, sautes d'humeur, séquences enthousiasmantes, déprimes profondes se succèdent car la vie de cet homme est pleine d'aventures étonnantes comme cette visite de Ronald Reagan dans la salle des coffres, la Souterraine, à la Banque de France, à Paris. Déjà, le souterrain et des tas de lingots d'or…
Avec de tels événements, Yannick Haenel ne se prive pas d'exprimer son avis sur le pouvoir de l'argent et sur la place de la poésie dans un monde où elle ne semble pas exister. Bien sûr, il suit Bataille, sa formation, ses espoirs, ses déceptions, ses amours jusqu'à ce qu'il débarque à Béthune, en janvier 1991.
Bien qu'il soit très original, profondément anticonformiste, celui que l'auteur nomme maintenant le Trésorier-payeur, rencontre régulièrement de précieux amis qui l'empêchent de sombrer complètement. À la Banque de France, il s'occupe des endettés et se découvre une âme charitable au-delà de ce qui est normal.
Patience, le tunnel entre la maison et la Banque de France, est bien là et donnera l'occasion à l'auteur d'offrir quelques envolées lyriques de haute facture.
Le Trésorier-payeur, roman d'excellente qualité littéraire, m'a charmé avec ses séquences poétiques, étonné lorsqu'il aborde l'ésotérisme, la philosophie, émoustillé avec ses belles séquences érotiques mais fallait-il amener de temps en temps la religion, même assez hors des normes, pour étoffer le tableau ?
Qu'importe, avec le trésorier-payeur, j'ai lu avec plaisir, pour la première fois, un roman de Yannick Haenel et je sais que, chaque semaine, je le retrouverai dans sa chronique de CHARLIE Hebdo.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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LaBanque est un espace culturel qui accueille des expositions d'art moderne et dont on sort toujours un peu dubitatif quant aux oeuvres vues, tant le lieu, fascinant, est ce qui attire le regard, de la salle des coffres jusqu'aux appartements du directeur. Je n'ai pas vu la première expo qui y fut montée, judicieusement dédiée à Georges Bataille, l'auteur de « La part maudite » qui rêvait d'une dépense pure, improductive et d'une consumation de soi. Or Haenel, qui y participa, apprend à cette occasion l'existence d'un homonyme de l'écrivain qui fut justement trésorier à la Banque de France de Béthune.
Comment ne pas gamberger sur une telle coïncidence ?
C'est donc pleine d'allant que j'ai ouvert ce roman que je referme avec le sentiment d'avoir trouvé mon livre-étalon, celui qui contient absolument tout ce que je déteste en littérature. C'est pourquoi je ne l'ai pas gratifié de la simple étoile qui signale la daube - c'était une épiphanie.
Je ne sais plus quel formaliste russe affirmait que la littérature commence quand on écrit non que l'héroïne est distraite mais qu'elle met son gant gauche à sa main droite, quand il s'agit pour l'auteur moins d'affirmer que de laisser une place au lecteur. Haenel, au contraire, s'enferme dans un face-à-face avec son personnage et nous explique ce qu'il pense, ce qu'il écrit, fait le texte et l'analyse du texte, parce que, bien sûr, le banquier Georges Bataille n'est pas différent du philosophe Georges Bataille, et vas-y que je te tartine sur le système de la dépense entre accumulation mortifère et gaspillage fécond.
Ah, parce que ça oui, ça tartine. L'art comme plus court chemin entre l'idée et sa manifestation n'est pas l'objectif de Haenel qui est plutôt dans l'optique de rendre la meilleure dissertation possible. Comme l'argumentation n'est pas son fort, il répète en se disant que la répétition vaut démonstration. Donc Haenel explique comment l'exposition sur Bataille l'a inspiré (théorie de la dépense, première). Puis Bataille le personnage explique à son meilleur ami qu'il va s'orienter en économie (théorie de la dépense, deuxième). Puis il fait un exposé dans son école de commerce (théorie de la dépense, troisième). Puis il rencontre son supérieur à qui il ouvre son coeur (théorie de la dépense, quatrième). […] Puis il écrit ce qu'il pense de la dépense (théorie de la dépense, dix-septième). […] Puis il récapitule ce qu'il a écrit in petto en se demandant ce qui a bien pu effrayer sa copine qui a lu ses carnets (théorie de la dépense, vingt-deuxième). Puis… Évidemment, seule la formulation change, Bataille a presque tout compris dès le départ. À la fin, il il découvre que le don le plus gratuit consiste à aimer et que c'est super d'être amoureux. On est d'accord.
Parce que si le roman se contentait d'être une dissertation sur Bataille, ce ne serait pas le pire. Mais Haenel poétise et là encore, comment dire?, ça clichetonne vraiment à tout va. C'est un festival d'images précieuses avec des « feux », des « rosées du matin » et des « filigranes sacrés ». Mais ça ne veut rien dire. Tiens, ça, par exemple: « On dit que ceux qui ont vu les Mystères d'Éleusis rient et pleurent comme avant d'avoir été initiés, mais qu'à travers leurs rires et leurs larmes une autre lumière brille, aussi discrète que cette teinte rose qui colore les ailes des tourterelles ; et cette lumière change tout. » La superposition des images, ça fait riche, mais ça ne parvient pas à masquer la platitude de l'idée.
Et enfin, le pire: la belle histoire du banquier anarchiste qui découvre la charité se heurte à une idéologie bien rance. Bataille, qui découvre le surendettement, décide d'aider un couple acculé par les dettes (tiens, le cliché ça me gagne). Évidemment, ils sont incapables de s'exprimer «  ouvrant simplement la bouche pour se nourrir de chips et de barres chocolatées dont les emballages vides débordaient des poches de l'homme. » Et, deux lignes plus loin: « Massif, les cheveux longs et filasse, une longue barbe négligée, tout enfoui dans sa parka qu'il n'avait pas déboutonnée, il n'ouvrit pas la bouche, sauf pour grommeler, lorsque Bataille lui demanda son nom, que tout le monde l'appelait le Polonais. » On notera que si le pauvre ne sait pas qu'il faut toujours déboutonner le bas de sa parka, Haenel semble ignorer qu'on appelle rarement quelqu'un « le Polonais » à Béthune (ou alors il faudrait ajouter un numéro). Mais Bataille n'aide pas n'importe qui (ah ben non): « […] en étudiant le dossier de chaque endetté, il évaluait son degré d'honnêteté: il était capable de distinguer ceux qui dilapidaient et ceux qui survivaient. Il y a deux sortes de ruines, dit-il, celle qui vient du vice et celle qui vient du malheur. » Notre trésorier-payeur écarte donc ceux qui auraient acheté un écran plat avec l'allocation-rentrée et laisse à la disposition des pauvres vertueux la jouissance de sa buanderie [sic] pendant qu'il vit seul dans une immense maison acquise pour pas cher parce que bosser à la Banque de France donne de menus avantages « à commencer par un taux dont il serait aisé de fixer le pourcentage d'une manière attractive ». Et il a bien fait, Bataille, de se laisser aller à la charité, parce que le Polonais et sa dame sont bien reconnaissants: « Ils semblaient ne pas y croire, et traversaient le parc en se faisant tout petits. Corinne Walski ne cessait de remercier Bataille ; quant à son mari, il avançait silencieusement, chargé de gros sacs en plastique, la tête baissée, voûté, recroquevillé à l'intérieur de sa parka, comme s'il voulait s'effacer.  » On se croirait dans la scène des Comices chez Flaubert: « Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis ce demi-siècle de servitude. »
Ça me met vraiment en rogne, ce pseudo-roman sur la dépense et le don, la générosité et l'ouverture aux autres, qui ne parle jamais que d'un bourgeois s'achètant une bonne conscience à bas prix ( à l'image de son meilleur ami brocanteur qui achète des armoires du XVI° en mentant à leurs propriétaires sur leur valeur véritable): à la fin du roman, le héros possède thunes et amour et se prend pour un rebelle parce qu'il loge quelques malheureux dans sa buanderie et gamahuche madame à l'arrière de sa Mercedes. Et c'est cette charité cul serré qui est censée nous parler de l'extase du don!
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Yannick Haenel appartient à cette catégorie d'écrivains qui se regardent écrire depuis si longtemps que l'on se demande bien quand il va se passer quelque chose.

Mais ça crée une attente tout de même parce qu'il a l'air si acharné dans cette noble tâche ; et de surcroit, il sait former de belles phrases et il a beaucoup lu. Les données d'ordre géographique, dialectique, les prix littéraires sont là pour en faire un écrivain installé. Malheureusement il y a une absence totale de foi. Il ne croit de toute évidence pas en la puissance du roman. Il s'essaye au roman comme un essayiste en mal de sujet, c'est à dire en cherchant désespérément un sujet qui le galvanise, puis il condense son récit maladroitement en de petites joutes intellectuelles à coloration philosophique motivées par son amour pour sa plume qui enfin se réveille, par petits soubresauts, puis retombe. Il a beau la regarder avec insistance, cette plume, rien ne se passe. C'est malheureux mais c'est comme ça.

Il y a bien un amour "fou" avec la troublante mais peu convaincante Lysia. Il y a bien un personnage (Georges Bataille) qui devrait insuffler un peu de désir dans ce texte mais ça tombe à plat, aucun feu ne brûle dans cette plume. 'De toute façon, il a décidé qu'il a vu « l'épaisseur du temps » (à nous de la traverser) « Cette chance des géométries inoccupées » (à nous de les occuper). 'De toute façon, « en tout temps », il attend « ce trouble qui déclenche les romans » (à nous de saisir ce trouble).

« Je voudrais que son visage se lève en vous. » Amen.

Je lui suggère (en toute sympathie parce que tout travail acharné mérite de l'empathie) de regarder au loin, vers l'horizon qui est dégagé : des prix littéraires, du papier à disposition malgré la pénurie actuelle, un label. Des appuis. Toute la presse en parle. Il a tout de même très mal assimilé cette notion répétée partout : de même que le sujet d'un tableau c'est la peinture, le sujet d'un roman c'est l'écriture. C'est le problème quand un écrivain est trop exposé médiatiquement avant d'avoir fait ses preuves, mais il n'est pas le seul à pâtir de ce mal du siècle. S'il pouvait enfin comprendre que ce n'est pas en se regardant avec une plume égocentrique écrire des « Il n'y a rien de plus beau qu'un roman qui s'écrit ; le temps qu'on y consacre ressemble à celui de l'amour : aussi intense, aussi radieux, aussi blessant » qu'il peut écrire des livres qui nous galvanisent, ce serait bien pour la suite (ce parallèle entre l'écriture et l'amour qu'il ne cesse d'invoquer me paraît extrêmement préoccupant, mais cela ne nous concerne plus)… Ou alors qu'il écrive simplement des essais des comptes-rendus documentaires et oublie une fois pour toute le roman car le papier est rare, et notre temps après tout (regardons-nous également le nombril, il n'y a pas de raison) l'est tout autant !

Enfin je finirai par cet extrait qui en dit long. « Je n'ai jamais vraiment cru à la différence entre réalité et fiction; elle ne mène qu'à l'assèchement du langage. » Comment est-on passé d'une foi catholique ferme et vigilante à nos Dieux autoproclamés du roman qui nous abreuvent d'intentions et d'injonctions, de désirs invoqués mais non communiqués malgré un effort certain ? Mystère ! Seule la voix du grand menteur-mentor littéraire de notre siècle a la réponse ! L'érudition (malheureusement ou heureusement) ne peut masquer l'absence de foi, le manque d'imagination (malgré cette injonction à imaginer) ne peut donner du relief à une entreprise romanesque dépourvue de feu.

Le roman est mort. Vive l'écrivain Yannick Haenel qui se regarde écrire tout en nous dictant nos impressions d'une voix dogmatique. Cette voix a fini par me lasser malgré les nombreux adoucisseurs semés ça et là sur 420 pages (ces quelques moments de lucidité, ces remarques sur le désir qui appelle le roman et s'éteint, ces quelques petites étincelles de modestie peu convaincantes) !

3/5 pour cette plume laborieuse tout de même !

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Dans les 65 premières pages de son roman, Yannick Haenel expose longuement ( un peu trop à mon goût) la genèse de l'histoire qu'il va nous raconter.
Invité à participer à une exposition qui inaugure un centre d'art contemporain, sur l'emplacement de l'ancienne Banque de France de Béthune, il visite le bâtiment, toujours en chantier, en compagnie des autres artistes . L'exposition est dédiée à Georges Bataille, et tourne autour du thème de la dépense que celui-ci a développé dans "La part maudite".
Ce concept, astucieusement choisi pour une ancienne banque, enflamme l'imagination de Haenel. D'autant plus lorsqu'il apprend que l'ancien trésorier de la banque s'appelait également Georges Bataille. L'auteur développe alors quelques théories sur l'art contemporain, la philosophie et l'économie qui serviront de contexte à son roman mais s

Le tresorier-payeur, d'abord étudiant en philosophie, fait une expérience quasi mystique devant la porte de la Banque de France.
« La porte de la Banque de France avait allumé dans sa vie un feu inattendu auquel il se devait, désormais, de rester fidèle ; peu importait qu'il ne fût pas à sa place dans le monde de l'économie : c'était précisément parce qu'il n'était nulle part à sa place que l'existence exigeait de lui des révélations ».
Il décide alors de devenir banquier et s'installe à Béthune.
Alors qu'au début des années 1990 le néo-liberalisme est encore flamboyant, il se consacre aux impayés et au recouvrement des dettes qu'il combat avec ardeur. Loin du monde de la finance et du profit, alors même qu'il s'est engagé dans ce monde, il devient le banquier charitable, avec une devise en totale contradiction avec sa profession :
"Seul ce qui est gratuit nous sauve. La solution ce n'est pas l'argent. La solution c'est la gratuité."
Il accueille dans sa maison de briques rouges, reliée à la banque par un souterrain-refuge, ceux qui sont couverts de dettes.
Dans ses deux bureaux-jumeaux, il exécute sa fonction de banquier consciencieux, tout en lisant les philosophes et en rêvant au banquier anarchiste de Pessoa.
Alors même qu'il a choisi de travailler dans une institution mortifere et si loin de ses préoccupations initiales, il échoue à dynamiter le capitalisme mais s'épanouit dans de nombreuses aventures amoureuses et sexuelles. C'est que le banquier n'economise pas ses forces et dépense son ardeur avec de jeunes femmes tout aussi ardentes, jusqu'à trouver l'amour qui lui permettra d'echapper aux chiffres et au calcul.
En s'engageant dans la confrérie des Charitables, une institution à Béthune, et auprès de la communauté Emmaus, il choisit l'érotisme et la solidarité pour échapper à la domination de la finance et simplement être heureux.

Aucune naïveté ni angélisme dans ce roman brillant mais parfois trop bavard qui imagine un vrai personnage, un philosophe altruiste empli de contradictions.
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Un grand merci à l'équipe de Babelio et aux éditions Folio Gallimard pour l'envoi de ce roman très littéraire lors de la dernière opération Masse critique.
Au vu des critiques , j'étais impatiente de le lire et je pensais qu'il me plairait car il aborde des univers que je connais bien (l'art contemporain, la banque de France), mais cela n'a pas été le cas.
Malgré quelques beaux passages, j'ai surtout trouvé qu'il y avait des longueurs et je lisais un chapitre après l'autre sans avoir envie de les enchaîner. Malgré les incises qu'il glissait tout au long du texte (qui m'ont d'ailleurs paru un peu inutiles et artificielles), j'ai eu du mal à voir où l'auteur voulait en venir et je me suis sentie un peu perdue dans ce roman foisonnant, qui aborde des thèmes aussi variés que l'économie, l'art contemporain, la finance, la charité, la religion, l'érotisme, la philosophie, etc. Il y avait cependant parfois au détour d'un développement un peu longuet une idée lumineuse ou une phrase magnifiquement écrite qui me donnait envie d'aller plus loin, mais le roman dans son ensemble me laisse relativement perplexe, et je me rends compte en le refermant que je n'ai pas mis de traits sur le visage du personnage principal, ce fameux Trésorier Payeur du nom de Georges Bataille, ce qui me semble assez significatif du fait que je ne suis pas entrée dans l'histoire. Dommage car je ne doute pas que ce roman pourra plaire à des lecteurs qui en attendaient autre chose que moi et qui ont peut-être un esprit moins cartésien.

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critiques presse (5)
LeMonde
16 septembre 2022
Notre feuilletoniste salue ce roman que sous-tend une passionnante critique du capitalisme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
15 septembre 2022
Dans son nouveau livre, l’auteur du « Cercle » et de « Tiens ferme ta couronne » dépeint dans un banquier anarchiste, entre flamboyance et candeur.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
15 septembre 2022
Yannick Haenel À Béthune, au début des années 1990, un jeune banquier philosophe nommé «Bataille» défend les surendettés.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
05 septembre 2022
Un banquier anar, homonyme de Georges Bataille, qui préconise une économie de la dépense et du don. Débridé, érudit, séduisant, mais un brin répétitif, l'exercice littéraire et philosophique laisse le lecteur sur sa faim.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Culturebox
31 août 2022
Yannick Haenel nous emmène dans un souterrain, creusé sous l’ancienne succursale de la Banque de France à Béthune, dans le Pas-de-Calais. Ce tunnel existe-t-il vraiment ? Peu importe. L’essentiel est que le romancier lui donne vie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Le Trésorier-payeur raconta en effet l’origine de la Banque de France. Il dit qu’elle avait été créée le 18 janvier 1800 par Napoléon Bonaparte afin de perpétuer la machine à faire des riches avec le travail des pauvres, et de donner un contenu légal à cette éternelle spoliation. Bonaparte avait été porté au pouvoir par un groupe financier qui n’était pas disposé à s’arrêter de s’enrichir ; et une fois à la tête de l’État, il décida de conférer une légitimité nationale à ce consortium d’hommes d’affaires privées ; son tour de force consista à faire en sorte que l’État français se mette au service d’une banque d’intérêt privé, à l’inverse de ce qui s’était toujours pratiqué.
(pages 382-383)
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Nous le pressentons, nous l’espérons, nous le savons : il existe un plaisir plus grand que nous, si grand que, si nous étions capables de le ressentir, il nous effacerait. Nos corps seraient d’abord soulevés, comme dans les plus belles étreintes, puis entraînés dans une spirale de lumière où, tournoyant sur eux-mêmes, comme des cercles de feu, ils se volatiliseraient. Le poudroiement des étoiles est l’horizon de nos désirs.
(pages 293-294)
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D’un même geste, l’argent sauve et ruine : dans la crypte où se multiplient les bénéfices des uns, s’effondrent les comptes des autres. La société ne cesse de dépouiller ceux qui n’ont rien ; elle veut, en leur prêtant l’argent qui les asservit, que même les pauvres participent au banquet funèbre de la dette : ce fonctionnement s’appelle l’économie.
(page 222)
Commenter  J’apprécie          290
Lilya dit que l’avenir serait comme ce vin clair qui miroite ; elle voulait que tout dans sa vie fût comme ce moment où l’on glisse dans l’eau d’un lac et que la baignade s’élargit au point que le ciel entre dans l’eau, et alors on ne sait plus si l’on nage dans un lac ou dans les nuages.
(pages 395-396)
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Dans sa tête, un monde aussi sauvage que celui qui bondit sur les parois de Lascaux ou de la grotte Chauvet avait commencé à creuser ses galeries ; ainsi voyait-il sa vie comme une quête : il cherchait une chose obscure, une chose dont il avait entrevu la vérité en descendant dans les coffres de la Banque de France.
(page 154)
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Vidéo de Yannick Haenel
« Je crois que j'ai organisé ma vie depuis que j'ai commencé à écrire, depuis la fin de l'adolescence, pour atteindre ce point à chaque instant. Je crois que c'est ça, que j'appelle le sacré. Quelque chose qui n'a pas besoin d'un Dieu, d'une transcendance, et encore moins d'une religion. C'est un accès à autre chose que ce que la société nous donne. »
Andrea Poupard est parti à la rencontre de Yannick Haenel, auteur de "Le Trésorier-payeur" (2022) et de "Tiens ferme ta couronne" (Prix Médicis 2017). En avril 2024, Yannick Haenel est également à l'initiative de la revue littéraire "Aventures", dont le premier numéro invite 65 auteurs et autrices à répondre à la question suivante : "Écrivez-vous des scènes de sexe ?"
Ce film a été réalisé en partenariat avec le Master Scénario, Réalisation, Production de l'École des Arts de la Sorbonne Université Paris 1.
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