Angel… Je t'aime tellement… Tu ne comprends pas à quel point. Tu ne comprends pas que tu es comme tous les contours de ma vie, toutes les couleurs et toutes les envies. Tu l'as toujours été, tu as toujours dessiné mon existence. Et pourtant j'ai tellement eu envie de t'oublier, j'ai tout fait pour t'oublier. Absolument tout…
Pardonne-moi…
J’avais merdé. C’était une constante, chez les Bird. J’avais merdé comme mon père avait toujours merdé, comme mon grand-père avait toujours merdé avant lui. J’avais merdé. J’avais abandonné. J’avais renoncé. J’avais tout laissé derrière moi. J’avais laissé le vide m’emporter. J’avais laissé la rancœur m’achever. J’en avais eu tellement marre de me battre, de cette misère, d’être seul…
Peut-être qu’Angel avait raison, après tout. Je ne lui avais pas pardonné. Et pourtant…
Les amis sont des chemins, qui croisent toujours ceux que vous empruntez, au détour de la vie. De vos choix. Les amis sont des pierres, qui vous trouvent lorsque par malheur, vous vous perdez. Des pierres auxquelles s'accrocher les jours de doutes, les nuits sans étoiles, lors de ces moments qui tapissent votre existence de douleurs et d'incompréhensions. Les amis sont une famille. Un autre.
Je lui ai pris le livre des mains et l'ouvris a une page en particulier. Coincé là, une rose Cherokee. Avec précaution, Angel la poussa pour découvrir la phrase cachée en dessous.
- Ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu'enferme un homme dans les illusions de son cœur, lu-t-il d'une voix grondant d'émotion
C'était les mots intégrés dans son tatouage, les mots qui s'envolaient comme les pétales de cette fleur.
« Angel était juste… quelqu’un.
Et moi, j’avais toujours peur de n’être… personne. »
— Tu oublies que c’est un Mitchell, qu’il a grandi au milieu de certaines convenances, me rappela-t-il. Je trouve qu’il ne s’en sort pas trop mal pour un gamin qu’on regarde trop souvent en biais avec tant de haine. Lui, Jay, pas toi. Toi, ils ne savent même pas qui tu es. Mais lui… Dans le milieu d’où il vient, on ne lui pardonnera jamais. Les journaux l’appellent « l’héritier maudit », bon sang ! L’héritier maudit ! Est-ce que tu te rends compte du poids de ces mots pour un garçon qui a grandi dans le respect absolu des traditions et dans l’idée que la famille, le sang passait avant tout ? L’héritier maudit… La violence de ces accusations, c’est juste abject… Mais ça ne l’empêche pas d’être avec toi, tu vois. Regarde-le. Regarde-le bien, bon sang ! Sa famille lui manque. Ses amis aussi. Harrison, évidemment. Mais il ne le dira jamais, de peur de te blesser. Il a envie de s’engager, de faire bouger les choses, mais il ne le fera pas totalement, pas comme il le voudrait, par peur de te blesser. Il avance en sachant qui il est. Il avance en essayant de rendre hommage à sa mère. Mais surtout, en essayant de te rendre fier, toi. Tu ne le vois pas ? Que tout ce qu’il fait, c’est avant tout pour toi, Jay ?
« Ainsi le monde extrapola des théories aussi fausses qu’incomplètes. Il n’en résulterait aucune vérité. À part celles que nous aurions oubliées. »
Ce qui est difficile à dire sera forcément difficile à entendre.
Il avait volé l'un de ces cœurs qui grandissaient près de l'océan, et qui étaient aussi tumultueux que ces soirs de tempêtes, aussi calmes que les journées ensoleillées où le bleu du ciel se confond avec celui de la mer. Les plus beaux des cœurs.
« Il n’était pas encore complètement réveillé et il était toujours plus… câlin quand il ne réfléchissait pas à ce qu’il faisait. Câlin, dans le sens de doux, de tendre, de… ronronnant. »