Le bonheur ne s’invente pas, il ne s’imagine pas. Il se construit, dans une étreinte, dans quelques mots, dans ces actes quotidiens, dans l’imprévu, dans la maladie, dans la santé, et aussi dans nos tristesses, dans nos joies. Le bonheur, c’est cette paix que nous ressentions près de l’autre. Cette sérénité, cette plénitude. Cette exactitude.
Le bonheur, c’etait Eden. Mon Eden.
Mon paradis …
C’était le son d’un cœur qui battait. D’un cœur qui vivait. Le son de son cœur. Le cœur d’Eden. Là, contre ma main. Régulier, tranquille, doux. Boum, boum. Le plus beau son du monde.
Ce n’était pas de sa vie dont on parlait, mais de la mienne. Eden, c’était ma vie. Et sans lui, je ne tiendrais pas un jour de plus.
Oui, aimer rend vulnérable, laisse à l’autre l’opportunité de vous faire souffrir. J’étais faible de lui. Vulnérable de lui.
L'amour est parfois une sacrée épreuve. C'est un acte de foi pure. On y croit ou pas. Et j'avais besoin de croire en Eden. D'avoir foi en lui. J'avais besoin de retrouver cette confiance. De le retrouver, lui.
- Je t’aime.
- Je t’aime aussi.
- Non, tu ne comprends pas, Eden.
Il se redresse et me fixa de ses yeux si verts.
- Je suis dingue de toi. Fou de toi. Malade de toi. Perdu sans toi. Je t’aime. Pas juste maintenant. Ou demain.
En criant « je ne suis pas gay » tu as trouvé un autre moyen de hurler « je t’aime ».
Ce dernier souffle, on passe toujours à côté. On l’attends, on croit qu’il va être différent. Qu’on le reconnaîtra. Non. Il est similaire aux autres. À ceux de toute notre vie. Un souffle. Un seul. Puis plus rien.
Parce que l’espoir, parfois, est vain. Qu’il ne sauve pas et qu’il ne guérit pas non plus.
Mathias abandonna sa brutalité, la transformant en autre chose. Cette chose qui, même à l’autre bout de la Terre, même à des milliers de kilomètres de distance empêchait Eden de trouver le sommeil. Cette chose qu’on appelait amour, et qui, dans l’éloignement, dans l’absence, devenait folie.