Citations sur Mon plus beau rêve (29)
Hier, aujourd’hui, demain… Nous étions les adolescents d’hier, les hommes d’aujourd’hui et les vieillards de demain.
Quand je regardais Damien dormir dans mes bras, je voyais toute ma vie. L’essence même de mon cœur qui battait. Lorsque sa peau frôlait la mienne dans une douce caresse, je devenais clairvoyant. Parce que je savais qu’il m’aimait, je pouvais voir.
Voir plus loin encore.
Damien, un jour quelqu’un m’a dit que tu serais le cœur logé dans ma poitrine et que le mien habiterait la tienne. Et jusqu’à aujourd’hui, je n(avais pas compris. Mais maintenant, je sais. Je sais que tu es mon faiseur de miracle. Tu es le rayon de soleil qui me réchauffe. Tu es l’air qui me rafraichit. Tu es l’effleurement qui m’apaise. Tu es l’eau que je bois. Tu es mon moteur. Ma source. Ma lumière.
Tu es le début. Tu es la fin. Tu es … tout.
Bon sang, mais qu’est-ce que je m’étais imaginé ?
J’avais oublié que même lorsque je jouais au Monopoly, la seule carte que je tirais toujours était Allez directement en prison, ne passez pas par la case départ, ne recevez pas deux cents dollars. J’avais oublié ma place, mon casier judiciaire, d’où je venais et ou je finirais surement. Parce qu’il n’y avait aucune alternative possible pour un gars comme moi.
Pourtant, en fumant clope après clope, je ne pouvais m’empêcher d’espérer encore un peu. De fermer les yeux pour savourer encore le gout de ses lèvres.
Allez, Damien, fais-moi encore rêver. Quelques secondes… Juste quelques secondes de plus.
Nous ne parlâmes plus. Nous restions chacun dans nos réflexions. Ensemble et solitaire à la fois. Amoureux, opposés. Optimiste, défaitistes. Nous ne savions pas où nous allions. Peut-être tous droit dans un mur. Peut-être tout droit vers les étoiles. Peut-être vers les vieux jours partagés. Peut-être vers un cercueil que ses larmes recouvriraient.
Si j’avais un avenir, je voulais qu’il en fasse partie. Si Damien était avec moi, je pouvais peut-être encore voler.
J’aurais voulu lui dire mille choses. J’aurais voulu lui dire : Damien, je suis fou de toi, fou amoureux, fou tout court. Pose une paume sur mon épaule et je pourrai te dessiner le monde. Pose un baiser sur mes lèvres et je rêverai pendant des siècles. Aime-moi, mon amour, et demain sera l’éternité.
Je voulais lui dire tout ça. Mais je restais silencieux, une main sur son dos que jz caressai en regardant loin devant. Loin vers l’horizon.
Et peut-être vers demain.
- Ali, soyons honnête, veux-tu ? Si je voulais tromper ma femme avec un homme, je choisirais un amant beaucoup moins effrayant que toi. Et certainement beaucoup plus docile. Je ne pense pas non plus que j'irai le chercher dans un foyer pour jeunes adolescents en réinsertion sociale.
Un jour, tous les dessins que je faisais de lui, lui raconteraient notre histoire. Ils diraient comment nous nous étions aimés au premier regard, comment nous nous étions emportés si souvent l’un contre l’autre. Ils expliqueraient surtout tout se sue Damien représentait pour moi. Tout ce que je voyais en lui et qu’il ignorait encore. Il verrait cette lumière qui me guidait quand je posais les yeux sur lui. Il saurait qu’un de ses sourires, c’était cent de bonheur pour moi. Il comprendrait bien mieux qu’avec des mots, combien je l’aimais à en perdre la raison, à quel point j’étais malade de lui. Et si on m’avait donné le choix entre une minute avec lui ou un siècle sans le connaitre, j’aurais choisi la minute. Parce que même une seule petite seconde en sa présence avait plus de valeur qu’une année avec n’importe qui d’autre.
Un jour, je lui offrirais ces dessins. Et je n’aurais plus de secret pour lui.
Quand il les feuillèterait, ce serait comme lire mon âme, l’intérieur de mon cœur. Ce serait comme avoir la clef de tous mes mystères. Même ceux dont j’ignorais encore les sens.
Ces voix et cette montagne. Ma mère est une vieille femme. Oui un jour Damien saurait tout et peut étre qu’il m’aiderait à comprendre. A me comprendre, moi.
Parfois il y a tout simplement rien à comprendre. Il y a des miracles qui se produisent tous les jours sans qu’on puisse en donner la raison.
Des tétraplégiques qui marchent.
Des cancéreux au stade terminal qui sont soudainement en rémission.
Et puis, il y a les morts brutales et inexplicable. Une jeune femme de vingt-cinq ans, sportive et sans aucun souci de santé, qui succombe à un anévrisme. Un adolescent de quinze ans en pleine formée sans antécédent cardiovasculaire qui fait un infarctus du myocarde en faisant l’amour à sa petite amie pour la première fois.
- C'est étrange la nature humaine, non, Aliocha ? Tu ne voulais pas le quitter par peur de le perdre ; et tu hésites à revenir par crainte de ne pas le retrouver.
Ce gamin, il était encore là, dans ma tête. Il s’était recroquevillé dans un coin de mon âme, en pleurs et terrifié. Il hurlait encore. Tous les jours.
Tout le temps.
En moi, c’était toujours l’hiver. Toujours la neige et la tempête. Le blizzard et les avalanches. Ma météo interne n’avait jamais été clémente. J’étais frigorifié. Mon cœur congelé, en hibernation depuis plus de dix ans. Mes larmes s’étaient figées derrière mes paupières, petites stalactites qui ne glisseraient jamais plus sur mes joues. Quand je mourrais, mes lèvres bleuies n’auraient jamais appris à sourire. Parce que sourire, c’était être heureux au moins un bref instant. Et que je n’avais jamais fait l’expérience, aussi éphémère fût-elle, du bonheur.
Le soleil s'est éteint sur mon monde. Il fait nuit tout le temps depuis ton départ.