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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
N'ayez pas peur, si ce livre parle d'excision et de mal être en banlieue, il reste très soutenable, « une chose à cacher » d'Elizabeth George que j'ai lu il y a peu, est beaucoup plus dur sur le sujet.
Pourtant, c'est presque autobiographique. Maya a six frères et soeurs et peu dont elle soit proche, parce que, comme elle le dira, le nouveau bébé prend l'amour de ses parents à chaque fois. Alors, la tradition malienne est là, à 6 ans, lors de ses premières vacances à Bamako, elle est excisée. Douleur intense mais elle continue à jouer, avec les filles, car avec les garçons c'est interdit. Mais nous sommes dans les années 90 et Maya se cache pour mettre des jupes et se maquiller dès qu'elle va arriver à l'adolescence, ses parents n'y pourront pas grand-chose. Elle veut faire des études et les fera malgré des parents quasi illettrés et le bruit incessant dans l'appartement.
Maya est tiraillée entre la tradition et ce qu'elle voit autour d'elle. Comment sa mère a pu accepter son excision ? mais elle l'aime sa mère ! Alors Maya vomit, se mutile, déchirée entre les deux cultures qu'on lui inculque en permanence. Révoltée puis brisée, elle va accepter de se marier parce que c'est trop difficile de parler aux autres qui ne peuvent comprendre ce qu'elle vit, que c'est trop dur de résister à la pression familiale. Violence encore au sein du couple, jusqu'à ce qu'elle trouve le salut grâce à une ancienne professeure.
Raconté comme cela, vous vous dites, trop dur pour moi. Mais non, le tour de force ici est de raconter l'archaïsme de ces traditions qui se heurtent à notre monde, barbarie acceptée, le problème de l'insertion sans soutien scolaire. Phrase choc : « chez nous, les lois de la République n'entre pas dans le foyer ».
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Tout d'abord, merci à Babelio et aux éditions du Rochers pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique Littératures de septembre 2022.
C'est une histoire qui touche quand on est une femme. Encore plus quand on est issue d'une famille de culture étrangère et que l'on a grandit en banlieue, à l'ombre d'une de ces cités. Cependant, même si le sujet m'interpelle, je n'ai jamais réussi à me mettre à la place de l'héroïne. Je trouve que pour un récit à la première personne, il manque de détails sur le ressentis de la jeune fille puis femme excisée, ce que cette excision implique vraiment sur le plan physique et psychologique tout au long de sa vie de fille, d'adolescente, de femme, de mère etc. Il me semble que l'on passe vite sur ces questions. Pourtant l'auteure étant elle-même victime d'une excision devrait pouvoir insuffler à son personnage cette pertinence et surtout cette profondeur qui lui manque un peu je trouve. A la limite, je trouve que la situation de la double culture en France était plus présent que celui de l'excision alors qu'ils ne sont pas forcement liés ou du moins être issue d'une culture arabe/africaine et/ou musulmane n'entraine pas forcement le problème de l'excision, même dans des familles relativement traditionnelles.
Cependant, la lecture fut "plaisante"(avec un tel sujet il est difficile de parler de plaisir) car le personnage est attachant et l'écriture presque poétique par moment.
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Maya est une petite fille qui vit en banlieue parisienne, dans la Cité Rimbaud. Originaire du Mali, son père et sa mère préservent les traditions, tout en laissant tout de même leurs enfants aller à l'école. Une fratrie de 7 enfants et Maya va nous raconter son enfance, adolescence et sa vie de jeune femme. Maya va essayer de concilier ses racines africaines et l'ouverture à d'autres idées, sentiments qu'elle découvre à l'école et à l'extérieur de la maison. "Et moi, j'ai appris à mentir très jeune. C'était une question de survie. Mentir pour s'octroyer des moments de liberté. Au fils des années, je suis devenue experte en mensonge pour échapper à la vigilance de mes parents" (p32).
L'auteure est très proche de son personnage et nous raconte, à travers les mots, les sentiments de Maya, la difficulté d'être ainsi ballottée entre deux cultures. Au fils des ans et des rencontres que fait Maya et sa soeur, elle va prendre conscience de la difficulté de trouver son chemin et sa liberté de choix. "Je sens que la liberté a un prix. Je ne pourrai l'acquérir que dans l'opposition, qu'en enfreignant les règles, qu'en me battant, qu'en acceptant finalement de me mettre en danger." (p 85).
L'auteure parle très bien de cette difficile situation d'être obligé de choisir entre des traditions et des espoirs d'émancipation. Elle dénonce certaines pratiques qui perdurent car traditionnelles, et en particulier, l'excision des petites filles. Maya va subir l'excision lors de vacances d'été au Mali. Halimata Fofana est membre de l'association "excision, parlons en", qui mène des campagnes de sensibilisation dans les quartiers. "Seules les femmes peuvent mettre fin à cette coutume mais pour cela il faudrait qu'elles prennent conscience de la barbarie de l'acte." (p129). "Je ne comprends toujours pas pourquoi nos mères, qui ont été victimes à un moment donnée répètent ce supplice, et en ce sens s'en prennent à leur propre progéniture. Nos mères savent ce qu'elles font. Elles nous envoient à l'échafaud pour couper l'organe consacré au plaisir. le plaisir pour une femme est banni. Il 'y a pas d'un côté les victimes et de l'autre les bourreaux. Ils sont interchangeables. (p207)
Elle fait aussi l'éloge méritée du rôle de l'école et le portrait d'une vaillante professeure de français. "- Alors, maintenant on va choisir les textes non pas sur la qualité des textes mais sur la couleur de peau de l'écrivain. On touche le fond. Vous avez raison, Construisez les barreaux de votre propre prison. " (p 196).
Elle décrit très bien la difficulté de ses enfants qui sont déchirés entre leur milieu familial et les choix que la société "extérieure" leur offre. "D'un côté, je me déploie, je m'instruis, de l'autre, je me sens redevable vis à vis de mes parents et cette loyauté est une prison. Il faudrait choisir entre ces deux vies, mais la rupture serait totale et le retour en arrière impossible. En suis je capable ?" (p179)
Ce roman est un bel hommage au courage des filles, des femmes africaines qui essaient de trouver leur voie mais sans pour autant rompre avec leur origine.
"Je crois qu'être femme est une grande injustice. Il n'y a rien de pire dans ce monde que d'être une femme . Hors d'Occident, la femme est utilisée comme appât, comme bouclier ou comme arme de guerre. (p185)
Comment être soi et non celle qui joue le rôle que d'autres ont écrit pour elle ? C'est un combat sans fin. Je suis une femme et de couleur noire. Pour l'homme blanc, elle est une curiosité exotique tandis que l'homme noir l'étouffe avec son protectionnisme exacerbé. Je dois sans cesse prouver que je suis plus qu'une enveloppe corporelle. Les regards des autres m'enferment. Est ce ma couleur de peau qui définit mon identité. Est ce mon sexe qui définit mon identité ? (p183)
#AlombredelacitéRimbaud #NetGalleyFrance
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