Là-bas en bas, les femmes étaient traitées comme de pauvres connes. Des citoyennes de seconde classe et des objets sexuels. Elles étaient sous-payées et dévalorisées. Crois-moi, je sais ce que c'est de s'entendre dire qu'on ne fait pas l'affaire pour un boulot. Cinquante pour cent de la population féminine mondiale se faisaient violer, et les autres, les fanatiques les recouvraient de noir. On débattait tous de la façon dont la femme devait s'habiller et se pomponner, pas de ses droits élémentaires. Et dans ce pays, les femmes se sont traitées tout aussi lamentablement entre elles. Se battant comme chiens et chats. Se disputant les hommes. Réservant le même sort à leurs filles. Aucune solidarité. Aucun respect. Aucune grâce, si tu veux appeler ça comme ça.
Je peux seulement vous dire que l'histoire a toujours été façonnée par les actes d'une poignée d'individus.
Ce fut un coup dur pour nos aînés. Si leurs parents avaient traversé des crises et des guerres, eux n'avaient connu que la stabilité, le confort matériel et la profusion des biens de consommation. Pour eux, c'était de la folie pure de devoir abandonner leurs foyers, de se nourrir de conserves au lieu des produits frais du commerce mondialisé et d'apprendre que la Grande-Bretagne n'était guère plus qu'une colonie sous perfusion.
« À ton avis, Sœur, est-ce que les femmes sont capables de combattre, s’il le faut ? Ou bien est-ce le domaine des hommes ? Sommes-nous foncièrement pacifiques ? Le sexe faible ? Devons-nous nous soumettre pour survivre ? » Je me tenais toujours debout au milieu de la pièce. Je sentais l’air m’environner, ample et ouvert autour de mes flancs, et j’aurais voulu quelque chose de matériel à toucher. « Oui, ai-je dit, bien sûr qu’on en est capables. » « Ah. Mais pour l’attaque ou pour la défense ? »