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Citations sur Le chamanisme : Fondements et pratiques d'une forme r.. (41)

Le chamane “mari” d’esprit d’espèce gibier
Ce rituel constitue un cadre où le chamane doit endosser une identité supplémentaire, celle d'un grand cervidé mâle, et se conduire comme celui-ci le fait à l'approche de la période du rut, commençant par se battre pour écarter ses rivaux de façon à bénéficier ensuite des faveurs de la femelle.
Le chamane, “mari” d'esprit aquatique
Dans les groupes sociaux où la pêche tient une place importante, le chamane est censé prendre aussi une “épouse” esprit dans le monde aquatique de façon à légitimer l'activité de pêche.
p. 94
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Il arrive aussi que des tambours chamaniques miniatures soient donnés comme jouets à des enfants. Si tous les jeunes s'exercent à chanter et danser à la manière chamanique, seuls certains d'entre eux seront plus tard reconnus par leur communauté comme pouvant ou devant devenir chamanes dans l'intérêt collectif. Mais tous pourront continuer à s'adresser à des esprits, ce qui sera souvent compris comme « chamaniser » pour eux-mêmes. Toute communauté tient à toujours avoir en réserve des chamanes potentiels.
p. 80
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Partage de tâches entre espèces sauvages
Les esprits qui consomment la force vitale des humains ne sont pas ceux des espèces gibier qui ne sont pas carnivores, mais ceux d'espèces carnassières ou rapaces qui agissent pour eux (l'imaginaire des chasseurs respecte les réalités empiriques). Leur tâche est de prélever de la force vitale humaine pour protéger les espèces gibier d'un excès de consommation humaine.
L'interposition de médiateurs
En retour, pour se protéger d'un excès de consommation sauvage, les humains interposent des médiateurs qu'on regroupe sous le nom mongol d'ongon : ce sont soit des animaux vivants — des jeunes d'espèces carnivores, aiglons, louveteaux, renardeaux —, soit de petites figurines en bois représentant ces espèces, munies d'une bouche. “Nourrir” les ongon vise à faire attendre les esprits des espèces carnivores et donc à retarder pour les humains l'échéance fatale.
p. 78
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Un échange de nourriture avec les espèces gibier
Entrer dans une relation d'échange avec les espèces gibier constitue la fonction chamanique essentielle. Les peuples sibériens résument la conception de cet échange ainsi : de même que les humains se nourrissent de gibier, de même les esprits des espèces sauvages se nourrissent de la force vitale portée par la chair et le sang des humains. Ainsi, l'échange est proclamé symétrique et réciproque. La consommation mutuelle préserve l'intégrité de chaque espèce tout en garantissant un temps de vie à chacun de ses membres.
L'objet des grands rituels chamaniques est d'instaurer cet échange et d'en gérer le déroulement en sorte d'allonger au maximum le temps de vie des humains.
Une simple prise de viande
Tout dans la conduite du chasseur vise à souligner qu'il ne prend du gibier que la chair. Il ne dit jamais qu'il “tue” sa proie et dispose ses restes osseux en forêt avec le plus grand soin pour que son âme s'échappe de son corps, se recycle et revienne ensuite dans un nouvel animal de son espèce. Il se défend de supprimer un animal et revendique d'agir pour préserver l'espèce. Ainsi l'échange est-il loin d'être perçu comme illustrant l'adage « la vie des uns se paie de la mort des autres » ; bien au contraire, il est conçu comme assurant le renouvellement de la vie de part et d'autre grâce à la consommation mutuelle.
p. 77
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Des esprits d'espèces sauvages pour partenaires
La notion d'esprit est un élément essentiel de la pensée chamanique. Entité immatérielle comme l'âme, l'esprit s'en distingue par son caractère générique et par son indépendance de tout corps vivant particulier.
L'esprit d'une espèce sauvage n'est lié à aucun animal vivant de cette espèce ; il est conçu comme atemporel : il ne peut être affecté par la mort et représente la perpétuation de l'espèce au-delà du renouvellement des générations. Il est en quelque sorte l'âme générique de cette espèce, abstraite et intangible, non réductible à la collectivité de ses membres vivants. L'attribution d'un esprit à une espèce rend possible à la communauté humaine d'établir avec les esprits d'espèce gibier des relations institutionnelles indépendantes des individualités et des circonstances.
p. 76
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Une conception animiste du monde naturel
L'évidence de la chaîne alimentaire est le fondement empirique de la démarche qui conduit les humains à établir des relations avec les espèces gibier pour pouvoir vivre de chasse.
Ce qui rend possible d'établir de telles relations est la conception animiste inhérente au chamanisme. Selon cette conception, le corps animal est “animé” par une composante spirituelle individuelle ou “âme” semblable à celle qui anime le corps humain. Les âmes animales sont pensées homologues des âmes humaines en nature et en fonction, et spécifiques de chaque espèce. La notion d'être animé couvre à la fois celle « d'avoir une âme » et celle « d'être en vie ». Mais l'âme est conçue à la fois comme nécessaire à la vie du corps et survivant à sa mort.
L'âme logée dans les os est recyclée après la mort Chez les animaux comme chez les humains, l'âme individuelle est censée résider dans les os et survivre à la mort du corps pour revenir, plus tard, vivre une nouvelle vie sur terre. Aussi en prend-on grand soin à la mort : on dépose les corps humains et les crânes animaux sur des « tombes aériennes » pour ne pas enfermer les âmes. À son retour sur terre après une sorte de recyclage posthume, chaque âme revient “animer” un nouveau corps de la même lignée humaine ou de la même espèce animale ; ainsi les ossements qui sont le réceptacle de l'âme pendant son recyclage posthume représentent-ils la continuité de son espèce d'appartenance.
p. 74/75
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Les humains, une espèce parmi d'autres dans la forêt
En forêt, les humains sont une espèce parmi d'autres. Leurs huttes, couvertes selon les saisons de peaux fourrées ou de plaques d'écorce, tiennent pour eux le rôle que tiennent nids, tanières et terriers pour d'autres espèces. Comme les espèces animales qu'ils y voient vivre, les peuples chasseurs sibériens se sentent partie prenante de la chaîne alimentaire qui permet à toutes d'y vivre. Ils en ont généralement une grande conscience ; ainsi certains d'entre eux mettent-ils sur les sentiers des arêtes de poisson à la disposition des fourmis. Ils déposent les cadavres de leurs défunts sur de hautes plateformes entre les arbres (« tombes aériennes ») pour les offrir aux rapaces et carnassiers.
« Enfants de la nature »
p. 73/74
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La vie de chasse dans la taïga sibérienne
Au fil des sources s'installe l'idée que la vie de chasse dans la taïga « uniformise » la culture des peuples qui y vivent, marqués par une faible démographie, une organisation sociale égalitaire et l'absence de pouvoir central. C'est seulement dans ce type de société que le chamanisme constitue un système religieux à part entière, opérant au niveau global de la communauté tout en imprégnant la vie quotidienne de ses membres.
Représentative de la vie de chasse en général, la vie dans la taïga se caractérise en outre par l'immensité de l'espace, très peu peuplé, et par la nature du gibier comestible. Le « gibier par excellence » est constitué des grands cervidés (élan et renne) et des gallinacés (tétras).
Une activité à la fois technique et religieuse
Vivre directement des ressources offertes par l'environnement naturel revient à prélever dans un “donné”, ce que l'on ne saurait faire sans prendre des précautions dans l'instant ni sans se préoccuper de la réapparition de ce donné naturel dans l'avenir. C'est pourquoi la chasse ne peut être une activité purement technique ; elle est aussi, de façon nécessaire et indissociable, une activité religieuse. Celle-ci doit rendre légitime le fait de prélever dans le donné naturel tout en en garantissant la perpétuation ; c'est la raison d'être du chamanisme en tant que système religieux « central » dans une société vivant majoritairement de chasse.
p. 72
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Avec, pour arrière-plan, l'évidence que l'humanité a commencé par vivre de chasse, le caractère structurel du lien entre chamanisme et chasse rend plausible l'idée de l'universalité du chamanisme. Il rend compte de la présence d'éléments chamaniques dans toutes sortes de sociétés, y compris industrialisées, où ces éléments sont dissociés, marginalisés et mêlés à des éléments d'autres systèmes religieux correspondant à d'autres modes de rapport au monde.
Ce rapport au monde détermine l'ensemble des représentations et des pratiques qui, dans la vie de chasse, visent à permettre la prise de gibier, exemple même de bien vital qui ne peut être « produit » par l'activité humaine. Il constitue l'embryon de la démarche chamanique. Il fournit un modèle applicable à d'autres biens qui, matériels ou immatériels, ne peuvent pas non plus être « produits », tels que la pluie, la santé, la fécondité ou le bonheur. Il explique la capacité d'adaptation reconnue au chamanisme.
p. 68
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Au cours de son « voyage » ou « quête de pouvoirs », il doit « trouver son animal de pouvoir », « créer son chant de pouvoir », pour « se relier avec les esprits de pouvoir » et ainsi « se réharmoniser ou se reconnecter » avec l'univers entier — chaque organisation ayant sa propre terminologie. Il ne s'agit pas, précise-t-on, de pouvoir sur autrui, mais d'un pouvoir qui n'est qu'une parcelle du « pouvoir de l'Univers » et qui doit être compris comme capacité d'agir. S'il n'en est rien dit de plus, c'est pour respecter la liberté des expériences et favoriser la variété des voies, tout en sapant à la base non seulement tout pouvoir personnel mais aussi toute velléité de s'ériger en spécialiste et instaurer une hiérarchie entre tous ceux qui s'adonnent à ces expériences.
p. 55
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