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Critique de Myriam3


Il n'y aurait pu avoir meilleur titre à ce livre que "la Faim"; c'est elle qui domine le récit et qui mène le narrateur dans une spirale qui semble sans fin. Ce narrateur est un jeune homme qui tente de survivre dans les rues de Christiana, l'actuelle Oslo. Nous sommes à la fin du dix-neuvième siècle. Petit-à-petit, inéluctablement, il perd son logement, ses affaires qu'il apporte au clou une à une, et la dernière chose qui lui reste est sa dignité. Que dis-je, un amour propre - et compréhensible mais parfois insupportable pour le lecteur- qui l'empêche d'accepter l'aumône et le réduit à une âme tourmentée par la faim. Il en perd la raison, a des visions, passe d'une émotion extrême à l'autre, jusqu'à ce que, brièvement, la chance lui sourie à nouveau.
Toute la narration se fait par la subjectivité totale du protagoniste mais on devine la pitié et un étonnement peiné dans ces regards étrangers posés sur lui, là où lui-même imagine indignation, admiration ou amour.
Ce roman autobiographique, dit Octave Mirbeau dans la préface - est écrit avec une concision remarquable et un point de vue très travaillé. Vu à rebours, le personnage pourrait être cette figure du Cri de Munch, totalement emprisonnée, dominée par sa souffrance.
Régulièrement, aussi, dans son allure, sa fierté qui en devient parfois ridicule, ses accès de colère, de désespoir puis de compassion, le personnage m'a fait penser à Charlot et, j'avoue, malgré le côté tragique, j'ai parfois souri.
Il s'agit pour moi d'une relecture, et je confirme que c'est un récit qui reste longtemps ancré en nous quand on l'a lu, quand on marche dans la rue, quand on croise, quotidiennement, des dizaines de personnes qui se trouvent dans la même situation, bien malgré elles et qui explique pas mal de comportements. Bref, c'est un roman qui n'a rien perdu en actualité et qui possède une grande force mais aussi une tendresse pour ce pauvre garçon plein de bonne volonté qui perd pied malgré sa lutte.
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