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Critique de HordeDuContrevent


Après avoir dépassé le seuil du jardin de André Hardellet, me voici à oser franchir la porte de son intimité. Il n'y a qu'un pas entre les deux univers…qu'un pas entre l'onirisme luxuriant et verdoyant et la luxure ondoyante et fébrile. Au moment où nous célébrons les 100 ans de la naissance de Brassens, cet érotisme qui, au début des années 70, a choqué au point de déclencher un procès, épouse à merveille cet esprit anti-conformiste qui animait le chanteur, ami de Hardellet. Me vient à l'esprit d'ailleurs ces quelques mots : Quand je pense à Fernande…

Et soudain je comprends…je comprends pourquoi dans « le seuil du jardin » André Hardellet avait eu cette idée incroyable d'appeler de ses voeux une machine à rêver vrai, la fameuse machine de Swaine. Son rêve, son obsession plutôt, était de pouvoir revivre certaines scènes du passé, revivre réellement pas juste se souvenir, revivre comme si on y était de nouveau. Pour lui en l'occurrence revivre ses premiers émois amoureux et sexuels à l'âge de 12 ans avec sa bonne de 10 ans son aîné, Germaine. Une femme pulpeuse, plantureuse qui lui laissera à tout jamais le gout des femmes audacieuses « de pleine terre et de pleine d'eau ».

« Lourdes, et lentes. Prenant bien leur temps pour reluire et faire reluire. Nourrices, mères, soeurs. Pleines de lait, de sécrétions, d'organes mous. Les autres, les maigres, les rapides, retournez à vos enfers étroits. Germaine était lourde, lente ».

Son livre, qui ne cache rien et détaille son gout prononcé pour la chair, son texte truffé de « mots sales », dans lequel celui de « con » est savouré, trituré, mis sur un piédestal, va choquer, l'auteur le sait et déjà interpelle ses lecteurs : « Gueulez au charron, ameutez les pouvoirs publics tant que vous voudrez, mais accordez moi ceci ; je reste encore bien en deçà de vos divertissements cachés, de vos ballets oniriques ».

« Ses seins. Deux obus qui vous sautaient au nez quand elle dégrafait son soutien-gorge. Des bouts de la taille d'une prune, grenus, saillant à peine un doigt sur eux. le volume élastique dans la paume. Huilés par la salive, les doigts autour, comme lorsqu'on saisit le poids pour le lancer ».

Un texte érotique empreint d'une vibrante poésie, une poésie sensuelle, organique, orgasmique, ode à la femme, un texte touchant aussi, l'auteur, amoureux à jamais de Germaine, ne cessant de la rechercher à travers les traits d'autres femmes qui s'en rapprochent. Une triste errance amoureuse et sexuelle le portant parfois dans des bouges qui en feront rougir plus d'un.e.

Dans sa lettre, Jean-Louis Bory dira à André Hardellet, suite aux poursuites engagées pour complicité d'outrages aux bonnes moeurs après parution de ce court texte : « Mon cher Hardellet, vous aimez l'amour : voilà votre crime. Vous en serez puni. Car vous êtes poète, mon pauvre vieux, c'est-à-dire con et criminel ».

Ne manquez pas d'aller lire la savoureuse critique de @Galettesaucisse sur ce livre, elle vaut son pesant de cacahouètes et m'a donné définitivement envie de découvrir ce texte sulfureux, suite au conseil avisé de Géraldine que je remercie chaleureusement !

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