Les Rockaways formaient un gros cordon littoral accroché à Brooklyn, avec un petit village niché à chaque extrémité et des kilomètres de plages fabuleuses entre les deux. Techniquement c'était un quartier du Queens, mais on s'y sentait à Brooklyn, parce qu'on pouvait s'y rendre par Flatbush Avenue, la rue en zigzag que les gens empruntaient depuis plus de trois cents ans, en commençant par les fermiers hollandais qui menaient leurs cochons et leurs vaches au marché, jusqu'à aujourd'hui, où vous pourriez parfaitement tomber sur un Pakistanais transportant un chargement de faux carburateurs BMW fabriqués au Vietnam dont l'un deux serait installé par un mécanicien jamaïcain sur la voiture d'un Nigérian. L'avenir de New-York se lit souvent dans le métissage culturel de Brooklyn et du Queens bien avant de gagner Manhattan.
Autant c'est un roman que je conseillerais sans hésiter, autant je trouve que l'histoire était parfois menée de manière trop mathématique. Il y a beaucoup de symétrie entre les chapitres. Quand Ray rencontre le méchant Victor, c'en est presque drôle tellement c'est téléphoné. Dommage pour ce qui était supposé être le point d'orgue de l'histoire. Autre bémol, l'auteur donne parfois l'impression de tirer l'histoire en longueur.
À cet instant, il avait conscience que tout ce qu'il avait désiré ou pourrait jamais désirer était parfaitement insignifiant, et que le secret pour parvenir à la paix intérieure, si une telle chose était possible, était de vouloir le moins possible pour soi-même et le plus pour les autres, surtout pour ceux qui ne voulaient aucun mal à personne.