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Critique de florigny


Gone to Ground est sorti en France sous le titre Traquer les ombres en 2007 grâce aux Editions Payot & Rivages. Stephen Bryan, jeune professeur brillant et homosexuel est retrouvé dans sa salle de bains tabassé à mort au point que ses parents ne peuvent l'identifier. L'enquête est confiée à Will Grayson et Helen Walker, policiers à Cambridge, au nord de Londres. Parallèlement, la soeur de Stephen, Lesley, rentrée de Nouvelle-Zélande à l'occasion de ce deuil, mène sa propre enquête. Au fil de l'eau, on découvre que Stephen effectuait des recherches sur une actrice des années 50, qui semble être au coeur de l'histoire.


En plus de l'irréprochable enquête policière, John Harvey propose une critique sociale qu'il distille comme un pur malt de 10 ans d'âge. Mine de rien, et sans avoir l'air d'y toucher, il rappelle comment en fermant les mines, la dame de fer a plongé dans la famine et la misère une génération de travailleurs, dont les gosses n'avaient plus rien d'autre à espérer que devenir zonards désoeuvrés, faute de boulot, faute de moyens, faute d'avenir.


Mine de rien et sans avoir l'air d'y toucher, John Harvey explique parfaitement comment toute cette frange de la population laissée pour compte, devient une proie facile pour les partis nationalistes qui stigmatisent les autres, les différents, étrangers, demandeurs d'asile ou homos, noirs ou jaunes. Quel phénoménal vivier représente pour les extrémistes ces hommes et femmes vulnérables que le capitalisme a rayés de la carte du profit. Allez, si on sortait le samedi soir pour aller casser de l'Indien ou du pédé ? C'est pas une bonne idée, ça ?


Mine de rien et sans avoir l'air d'y toucher, John Harvey décortique les méthodes des margoulins de tous poils, prompts à faire du profit sur la misère, particulièrement les promoteurs immobiliers qui utilisent avec un art consommé la corruption, les menaces, les intimidations, les incendies de maisons, pour chasser de leur habitat pauvre de pôvres gens qui vivent sur un site qui pourrait recevoir un complexe immobilier de grand standing avec vue sur la rivière.


Le style de John Harvey est chimiquement pur, sobre, il plonge sans artifices ni effets de manches au coeur de l'essentiel et met en scène des personnages complexes, attachants. Un grand romancier.
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