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Critique de bdelhausse


Que ferions-nous si, un jour, nous nous retrouvions seul dans la montagne, vivant mais séparé du reste du monde par un mur invisible? Nous aurions pour compagnons un chien, une vache et une chatte. Quelques provisions. Un chalet. Nos compétences de citadins.

C'est le point de départ du roman "nature" de Marlen Haushofer. le personnage central est une femme qui va (ré)apprendre le rythme de la nature. le cycle des saisons. Elle va nouer des amitiés avec ses animaux. Elle va suivre leurs amours. Elle va retrouver les gestes de survie. Son corps se transforme.

A aucun moment elle ne va envisager de chercher d'autres survivants dans l'enclos borné par ce mur invisible. Elle devine que le mur ne descend pas très profondément dans le sol. Elle ne teste pas davantage le mur (le feu, les coups, la hauteur). Cette femme va s'enchaîner aux animaux qui l'accompagnent, considérant qu'elle a une responsabilité dans leur devenir. Que ces animaux doivent être protégés. On n'a que les chaînes que l'on se forge semble nous dire Marlen Haushofer...

Le mur invisible est-il donc à l'intérieur de nous? Sans doute. Ce point est abordé dans les notes que cette femme met au clair au terme de 2 ans de survie. Elle s'épanche sur son abnégation, sa docilité, que l'on pourrait même considérer comme de l'abandon.

Grâce à ses jumelles, elle peut observer l'autre côté du mur. Et constater que la vie n'y existe plus. Plus d'avions, plus de fumées, plus de bruits. Etrangement, elle va puiser dans ce fait une sérénité, une paix intérieure qui va la pousser en avant.

La critique majeure est évidemment qu'il ne se passe rien dans ce roman. Ce n'est pas vrai. Il se passe des tonnes de choses. Mais ces choses ne sont pas spectaculaires. Je ne suis pas un expert en nature-writing. Si je raccroche ce roman à Sukkwan Island ou à un livre de David Thoreau, je ne vois pas de différences majeures entre ces livres. Marlen Haushofer, en filigrane, nous pose une kyrielle de questions. Et vous, semble-t-elle dire? Et c'est l'aspect important, essentiel du livre. Et pour ce faire, l'autrice est forcée d'aller au bout de son raisonnement. Un roman moins long ne produirait pas le même effet (à mon avis). Marlen Haushofer pose aussi la question de notre place sur terre. de notre légitimité. de nos responsabilités. de notre adaptabilité (qui ne peut passer que par le respect des cycles naturels). Ce débat est plus que jamais d'actualité, alors que l'on parle de la disparition de l'homme en lien avec le réchauffement climatique. D'aileurs, la météo joue un rôle non négligeable dans le roman de Marlen Haushofer.

Par ailleurs, je ne vois pas l'aspect post-apo du roman. On est dans une sorte de Green SF, mais le post-apo n'est pas évident pour moi.

Enfin, je rapprocherai ce livre d'un autre, Moi qui n'ai pas connu les hommes, de Jacqueline Harpman. Je n'aime pas donner de conseil de lecture. Mais que vous ayez aimé ou pas le mur invisible, allez lire Jacqueline Harpman.
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