Citations sur La Guerre des Lulus, tome 5 : 1918 - Le Der des Ders (25)
- Des fois, on s'est disputés fort tous les deux... Mais je voulais te dire... T'as été mon premier vrai copain...
- Eh ben je serai aussi le dernier ! T'entends, je serai le der des ders ! Je serai ton copain jusqu'à la mort !
- Dis, pépé Lulu... C'est vrai que tu as rencontré mémé Lulu pendant la guerre?
- Oui, c'est vrai. Mais pas la dernière guerre, celle d'encore avant.
- Oh là! là! C'était y a mille ans, alors!
Le conflit se soldait par plus de huit millions de morts, vingt millions de blessés et de mutilés, un nombre incalculable d'hommes et de femmes traumatisés, de destins brisés, de familles ravagées par la douleur... A l'époque, cependant, une seule chose m'importait: la guerre m'avait séparé de mes amis les plus chers. Je l'ignorais encore mais il nous faudrait à chacun une volonté féroce pour venir à bout de tous les obstacles, de toutes les incroyables difficultés, de tous les terribles coups du sort que la vie allait semer sur le chemin de nos retrouvailles. Mais ceci est une autre histoire.
- Qu'est-ce qu'on va faire si on ne les retrouve pas?
- La même chose que ce qu'on aurait fait avec eux: continuer à grandir.
On dit que la Belgique est un petit pays. Eh bien, je vous assure que, durant ce voyage, ce petit pays m'a paru faire quatre fois la France tant le chemin me sembla long.
A présent que nous avions grandi et connu, nous aussi, la faim, le froid, la fatigue et la proximité de la mort, nous mesurions pleinement l'importance des dangers auxquels nos camarades étaient exposés. Chaque jour, en plus d'oeuvrer sous la menace permanente des bombes, des gaz mortels et des maladies, ils devaient affronter l'humidité, les rats, la vermine et le regard haineux des soldats allemands. Après des années de privations et de souffrances, ces derniers en étaient venus à détester tout ce qui était français. Comment leur en vouloir? Chacun d'entre eux avait perdu au moins un frère, un cousin ou un ami dans cette guerre absurde. Nous-mêmes nous demandions souvent ce que serait notre réaction si l'un des nôtres venait à disparaître.
En temps de guerre, vaut mieux être suspecté de vol que d'espionnage.
- Tu as entendu des choses intéressantes, aujourd'hui?
- Ben non mais bon... les chevaux, c'est pas très causant.
C'est pas avec des fleurs qu'il vont la gagner, leur guerre!
C'était la première fois depuis le début du conflit que notre groupe était séparé. Même avant la guerre, à l'orphelinat, il était rare que nous nous perdions de vue plus d'une heure. Ça nous faisait tout drôle. Nous pensions que cette séparation ne durerait que quelques jours, quelques semaines tout au plus. Nous nous trompions lourdement...