Citations sur La Guerre des Lulus, tome 5 : 1918 - Le Der des Ders (25)
"Après des années de privations et de souffrances, ces derniers en étaient venus à détester tout ce qui était français. Comment leur en vouloir . Chacun d'entre eux avait perdu au moins un frère, un cousin ou un ami dans cette guerre absurde."
Hans, trois ans plus tôt, nous avait dépeint l'horreur de ce qu'il y avait vécu. Mais à l'époque, pour nos yeux d'enfants, c'était une horreur abstraite, une horreur de contes de fées
Hans, trois ans plus tôt, nous avait dépeint l’horreur de ce qu’il avait vécu. Mais à l’époque, pour nos yeux d’enfants, c’était une horreur abstraite, une horreur de conte de fées.
"_Je ne suis pas un traître !
_T'emballe pas, garçon ! Je parlais pas pour toi. Je vois bien que t'es pas un mauvais bougre. Et puis le jardinage, ça fait de tord à personne, pas vrai ? On aide pas les Allemands à creuser des tranchées ou à fabriquer des bombes. C'est pas avec des fleurs qu'ils vont la gagner, leur guerre !"
On n'est jamais trop vieux pour faire une cabane !
- Hier, quand vous m'avez raconté votre histoire, vous m'avez dit que vous aviez passé un an chez les Boches, ça veut dire que vous parlez leur langue ?
- Ben... un peu.
- On comprend qu'est-ce qu'ils disent.
- Des fois, on s'est disputés fort tous les deux... Mais je voulais te dire... T'as été mon premier vrai copain...
- Eh ben je serai aussi le dernier ! T'entends, je serai le der des ders ! Je serai ton copain jusqu'à la mort !
- Il était là près de la grosse souche, là-bas, tout à l’heure.
- Il nous observait mais, quand on lui a proposé de venir avec nous dans la cabane, il a fait demi-tour et il est parti.
- On dirait qu’il ne veut pas nous parler.
- Ca n’a rien d’étonnant. Albéric ne parle à personne.
- Même pas à sa mère ?
- Sa mère est morte en couches. Albéric aussi aurait dû y passer ce jour-là mais le médecin a réussi à le ranimer. Mon père pense que c’est pour ça qu’il est… innocent. Il dit qu’une partie de lui est montée au ciel et que l’autre est restée ici.
- C’est un peu un fantôme, alors…
- … Oui. Je crois qu’on peut dire ça… Un fantôme ou un ange perdu entre deux mondes.
Ah non ! Pas de bonnes femmes chez les gentils hommes !
A présent que nous avions grandi et connu, nous aussi, la faim, le froid, la fatigue et la proximité de la mort, nous mesurions pleinement l'importance des dangers auxquels nos camarades étaient exposés. Chaque jour, en plus d'oeuvrer sous la menace permanente des bombes, des gaz mortels et des maladies, ils devaient affronter l'humidité, les rats, la vermine et le regard haineux des soldats allemands. Après des années de privations et de souffrances, ces derniers en étaient venus à détester tout ce qui était français. Comment leur en vouloir? Chacun d'entre eux avait perdu au moins un frère, un cousin ou un ami dans cette guerre absurde. Nous-mêmes nous demandions souvent ce que serait notre réaction si l'un des nôtres venait à disparaître.