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Citations sur C'est pas moi, je le jure ! (14)

ils étaient si jeunes, ils avaient toute la vie devant eux pour recoller les morceaux (…)” Mais, l’été de ses 10 ans, la vie de Léon Doré chavire. Déboussolé par la séparation de ses parents, il sera sauvé par l’amour fou qu’il éprouve pour une petite fille de son âge, Clarence. Rebelle et fragile, le petit garçon suit aveuglément les rafales du “vent du diable”, bouclier qui lui permet de survivre à la dislocation de sa famille. Et ce vent du diable lui souffle des choses bien insolites… C’est pas moi, je le jure, premier roman de Bruno Hébert, possède la tonalité déchirante de l’absolu de l’enfance et les échos inoubliables des premières amours.
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Ce n’était pas le genre de réaction que j’avais espérée, en
fait je ne savais pas quelle réaction je cherchais à provoquer
exac tement, peut-être capter l’attention de l’abbé Pierre, sus -
citer chez lui un intérêt, une compassion, créer le doute, insi -
nuer le mystère. Je voulais qu’il se souvienne de moi : avoir
pour ami personnel un envoyé de Dieu, un faiseur de miracles,
ça pouvait servir. Je sentais en moi une grande confiance, peutêtre
même la foi. L’abbé me délivrerait du mal maintenant et
jusqu’à l’heure de ma mort, une fois pour toutes, amen. Car je
sentais déjà des tendances inquiétantes s’insinuer dans mon
coeur, une révolte tapie dans les hautes herbes, le remords et
d’autres bêtes fauves qui ne demandaient qu’à bondir hors de
leur cachette pour venir lacérer les restes de mon innocence.
L’abbé Pierre pouvait, d’un geste, changer les lions en agneaux,
j’en étais sûr. Pourtant, le saint homme ne vit pas ma détresse,
il me donna seulement un paquet de dragées qu’il avait dans sa
poche, des reliquats d’un baptême. L’abbé Pierre était toujours
in vité à des baptêmes : il touchait la tête des nouveau-nés pour
qu’ils deviennent des illuminés et, plus tard, à l’âge adulte, les
enfants qu’il avait baptisés fonderaient des sectes dont les
membres se suicideraient collectivement.
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C’était des yeux noirs, ronds comme des billes exorbitées,
des yeux qui englobent tout, le ciel, la terre, les mers, les bêtes
et tous les enfants cachés. Jérôme partit en courant derrière la
maison, moi je restai là, je me disais que j’étais seulement un
enfant, c’est normal de se cacher pour un enfant, même que
j’étais caché parce que je jouais aux Indiens avec des copains
— un hasard. Ils avaient déterré la hache de guerre il y avait
pas cinq minutes, je n’avais plus le choix de me planquer, on
rigole pas avec Géronimo. Mon père et l’invité finirent par en -
trer dans la maison, je suis resté caché dans l’herbe un mo -
ment, j’avais besoin de réfléchir. D’abord, je n’avais pas remar -
qué l’aura, peut-être qu’il fallait attendre la nuit pour la voir,
peut-être que l’abbé Pierre l’aura pas tout le temps, Simon
Tem plar l’aura juste au début de l’émission, ensuite, il l’aura
plus du tout. Chose certaine, il me fallait un homme de Dieu
de mon côté et j’élaborai un grand projet de séduction.
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Il y eut quelque chose qui suspendit le geste de maman
juste comme elle allait tremper une pince de crabe dans le
beurre fondu. Sa tête fit un petit mouvement sec vers la fenêtre
d’où elle pouvait apercevoir la piscine. Elle était bien là, la pis -
cine en plastique au milieu du terrain, avec ses dauphins gris
perle au grand sourire, tout contents sur un fond turquoise.
Maman se pré cipita vers la porte tandis que mon frère grim pait
sur le comptoir pour observer la scène de la fenêtre. Ce fut une
riche idée parce qu’il put me raconter les détails de mon sau -
vetage… « Y’a d’la joie, bonjour, bonjour les hiron delles…»
La bouche et les yeux ouverts, bras en croix au fond de la
pis cine, j’étais devenu le Petit Bleu. Maman resta figée quel -
ques secondes, puis une sorte de détermination, en vérité une
montée hystérique, la fit réagir ; elle me prit par une cheville,
me sortit de l’eau la tête en bas et commença à me faire tour -
ner comme une toupie. Je vomis un grand bol d’eau dans le
gazon et je repris connaissance. Puis je fus transporté par un
pa quet de nerfs jusqu’à la maison. Ce n’était pas des bras, des
mains, un cou : ma mère était devenue de l’énergie bouillante,
un magma électrique ; je me déplaçais dans l’espace comme
par magie. Arrivée au salon, elle me fit asseoir sur le canapé,
fonça vers la cuisine, revint aussitôt avec un verre de lait. J’en
bus deux ou trois petites gorgées.
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Le docteur Larrivée a dit à ma mère que tout s’était très
bien passé, j’étais un enfant parfaitement constitué, tout était
normal, un enfant normal.
Il y a des médecins qui devraient être radiés de la profession.
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Au début j’allais très bien. Tout baignait dans l’huile, une
période de constante évolution. Je me faisais les ongles dans
une méditation que je qualifierais de transcendantale, la cha -
leur ambiante était parfaite, l’obscurité quasiment totale.
C’était avant le verbe… On dit au commencement était le
verbe, eh bien là, aucun verbe aux alentours et c’était pour tant
le commencement de tout. Il y avait peut-être le verbe être, à la
rigueur, mais c’est discutable. Le bonheur est une chose toute
simple mais n’allez pas mettre un verbe en travers de sa route.
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Malgré mon jeune âge, j’étais conscient qu’il y avait en moi quelqu’un qui n’était jamais malade, jamais fatigué, qui ne commettait jamais le mal. Toutes les vérités, tout l’amour du monde, toutes les vies depuis la fourmi minuscule jusqu’à la grande baleine à bosse résidaient dans cet être intérieur. C’était la demeure de la beauté, de la justice, la voix de la raison et de mon effervescence spirituelle, la paix aussi, la paix qui surpasse toute connaissance. C’était dans la petite maison cachée de mon cœur que brillait une étoile dont la lumière n’a jamais été vue sur terre ni sur mer. Dans un coin du salon de cette maison, déposée sur une chaise berceuse, il y avait la cape magique du super-héros : il suffisait de la mettre sur ses épaules pour devenir invincible. Je savais tout cela. Et pourtant, je n’avais qu’à regarder Clarence du coin de l’œil pour savoir qu’elle pouvait, sans même lever le petit doigt, prendre mon cœur, le sortir de moi et l’enterrer au fond d’un jardin oublié. Ses paroles avaient la puissance d’une Kalachnikov, un mot pouvait faire un trou béant dans mon ventre. Il fallait que je sois complètement fou pour lui avoir laissé prendre autant de pouvoir sur moi. Je ne savais pas faire marche arrière, il y avait sûrement un levier quelque part, une manette qui renverse la vapeur, mais où ? C’était la grande question. En attendant, derrière cette lumière flamboyante de mon cœur, la peur n’en continuait pas moins de briller dans l’obscur. L’inquiétude tue les enfants, faut le savoir.
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Je compris clairement que je n’étais plus moi-même, je n’étais plus l’autre non plus, j’étais devenu un inconnu.
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Le pouvoir lui allait aussi mal qu’à un policier qui aurait gardé son pyjama.
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Ma vie était finie, je savais qu'il était défendu de se noyer, mais c'était ma première noyade, les larmes me montaient aux yeux, je ne pouvais pas savoir, on était si bien au fond de l'eau, c'était calme et tranquille, j'avais un tel besoin de tranquillité.
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