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Citations sur Je t'aime, je te hais... (18)

Et je roule à bicyclette, le coeur en feu, vers mon premier rendez-vous d'amour. C'est à croire que la flamme qui brûle en moi est responsable de ce brasier à l'horizon et non le soleil couchant de cette super-journée de septembre.
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Je ne sais trop. Chose certaine, mon fou rire tombe à l’eau, c’est le cas de le dire, car, en constatant l’ampleur des dégâts, je réalise à quel point je suis transparente. Ou plutôt mon t-shirt mouillé l’est devenu. Mettant en évidence des mamelons qui me révèlent jusqu’au plus profond de moi-même, il me semble.

Je me sens plus nue que nue. Et pourtant, je n’ai jamais eu aussi chaud. L’air se raréfie dans cet espace exigu fermé par un rideau de pluie. C’est comme dans la douche, mais à l’envers. Pour la première fois de ma vie, je me sens désirable et j’ai envie que quelqu’un, ou plutôt que Bruno...

Je n’ose pas aller au bout de mes pensées. Dans l’espoir de brouiller les pistes, je lève les yeux vers lui. À défaut de trouver une farce plate à raconter, je lui ferai une grimace. N’importe quoi...

Trop tard ! Bruno me lit dix sur dix. Ou plutôt, il lit sur mon t-shirt. Il me suffirait de refermer les bras sur ma poitrine. Mais je ne peux me résoudre à me soustraire à la caresse de ses yeux. Il faut croire qu’on est à l’âge où nos freins peuvent nous lâcher au moment le plus inattendu.

Je le vois bientôt ramener le chandelier de sa mère devant son jean. Je ne pousse pas plus loin l’enquête, sûre de découvrir que le renflement suspect qu’il tente de dissimuler est bien ce qu’il a l’air d’être.

Il essaie de retenir mon regard le plus haut possible. Peine perdue, je sais qu’il sait que je sais.

Curieusement, je n’ai pas le réflexe de fuir comme les fois où c’est arrivé au garçon avec lequel je dansais collé. Mais je ne me sens pas tellement plus solide sur mes jambes. Et, me retenant à ses yeux pour ne pas m’écrouler, je m’entends balbutier :

— Je ne sais pas quoi dire... ni quoi faire.
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Son sac à dos lui servant de coffre aux trésors, Bruno devient alors le pirate étalant aux pieds de sa belle le butin de son dernier pillage. Vient d’abord la nappe en dentelle, puis des verres hauts sur pied, des couverts tout ce qu’il y a de plus chic et de la bouffe tout ce qu’il y a de plus junk. La belle — c’est moi, ça — pouffe au moment où apparaît une espèce de vieux chandelier à trois branches.

— Je l’ai piqué à ma mère, me dit-il entre parenthèses.

Puis, pince-sans-rire, il y glisse des chandelles, les allume et les pose au milieu de la nappe. J’ai droit à la courbette et au cérémonieux :

— Madame est servie.

C’est en me tordant de rire que je prends place en face de lui, de l’autre côté de la nappe.

Il vient à peine d’ouvrir le sac de popcorn, c’est ce qu’il a prévu comme entrée, qu’une grosse pluie se met à tomber. Soudaine. Et imprévue en ce qui me concerne. Comment aurais-je pu me rendre compte que le ciel s’était couvert ? Je navigue dans le plus épais des brouillards intérieurs, me guidant à l’instinct, depuis que j’ai jeté les yeux sur lui. Alors le temps qu’il fait à l’extérieur...
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— Pourquoi moi ? !

— Pourquoi pas ?

Et pour me laisser le temps de digérer l’incroyable et l’inespéré :

— Il y a tellement d’autres filles plus...

Il repousse sa mèche de cheveux. Puis la tête droite, les jambes molles et le coeur sur la main, il me dit :

— C’est toi la plus... !
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La pluie cesse bientôt. Ce n’était qu’une ondée. Nous rallumons les chandelles et nous restons là à nous raconter nos vies. Merveilleusement seuls et complices dans notre îlot de lumière, à la faveur de l’obscurité qui descend. N’en revenant pas de nous rendre compte que nous aimons la même musique, que nous haïssons les mêmes profs, que nous avons vu les mêmes films.

Et c’est devant ma maison, moi, à l’abri du regard de mes parents derrière l’arbre tout près de l’entrée, lui, à l’abri du mien derrière sa mèche de cheveux, qu’il me demande d’être sa blonde. Je ravale ma salive.
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Ça suffit, Léa Tremble ! C’est juste un gars après tout. Justement, c’est un gars. Qui me fait un effet terrible. Et il est là, à portée de la main. « À portée de la main ! » Cette expression, hier encore si banale, m’apparaît tout à coup pleine de sous-entendus.
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Voir ma bicyclette ainsi serrée contre la sienne me fait autant d’effet que de nous imaginer étendus par terre, corps emmêlés.
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J’ouvre les yeux avec l’impression de m’élancer dans le vide sans savoir s’il y aura quelqu’un pour m’accueillir à l’autre bout. Il y a quelqu’un. Bruno. Qui me sourit et qui me regarde comme si j’étais la plus belle fille du monde. Moi, Léa Tremble ? ! Au point où je le deviens presque avec mes cheveux en bataille et la bouffée de plaisir qui fait apparaître mes fossettes.
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Pourquoi ai-je mis ce pantalon informe et mon plus vieux coton ouaté ? Qu’est-ce qui m’a pris de couper mes longs cheveux ? J’avais le sentiment qu’ils ne m’appartenaient plus et je ne m’y reconnaissais plus, d’accord. Mais c’était de l’avis de mon père ce que j’avais de plus beau. Et n’est-ce pas ainsi que les gars nous préfèrent ?

Ce que je donnerais pour être la plus belle fille du monde ! Juste un instant. Cet instant.
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Mon courage rétrécit à vue d’oeil. J’ai tellement peur de ne pas être à la hauteur. Je ralentis mon rythme, de façon à rester en arrière et de pouvoir à tout moment me fondre dans le paysage, ni vue ni connue. Mais lorsqu’il met pied à terre, au lieu convenu, je suis toujours là ; un léger mouvement de tête de sa part et je suis découverte.

Qu’est-ce que je vais faire ? ! Je ne saurai pas quoi dire... Et ça, dans l’hypothèse où je ne tombe pas carrément en bas de ma selle. Au premier regard, il regrettera d’avoir rendez-vous avec moi. Je sentirai à l’absence d’éclat dans ses yeux qu’il y a erreur sur la personne.

Il se retourne. Ma bicyclette se dérobe sous moi, on dirait. L’espace d’une seconde, je ferme les yeux et j’arrête de respirer.
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