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Critique de Taxidermie


J'avoue n'avoir jamais apprécié cet auteur, et ne jamais avoir compris l'engouement fanatique qui semble avoir été celui de nombreux universitaires. Et pour deux raisons principales. 1) le début de l'ouvrage me semble très maladroit lorsque le philosophe réhabilite la question du sens de l'être en prétendant montrer que les trois arguments principaux de la tradition philosophique (indéfinissabilité puisque l'être n'est pas un genre, cercle vicieux cher à Pascal "l'être, c'est...",...) sont fragiles. En effet, Heidegger occulte de TRES NOMBREUX autres arguments : celui de Schopenhauer dans de la quadruple racine du principe de raison suffisante, celui de Condillac dans sa grammatologie, celui encore de Nietzsche (l'être comme fiction grammaticale), la théorie des incorporels stoïciens etc.. Très grande maladresse, donc. 2) Heidegger méconnaît les acquis de l'anthropologie et de la linguistique, lui qui a l'outrecuidance de croire que la phénoménologie existentiale peut les fonder !! Car le mot être n'est pas un universel : il n'existe pas dans l'araméen, dans l'algonquin, ni dans certains dialectes de l'Afrique noire ; et parce que, comme le remarque un linguiste comme Benveniste, le sens et la fonction du mot dépendent dans les langues du rapport avec le verbe avoir. Si Être et Temps conserve un intérêt, ce n'est certainement pas pour le mot être qu'il prétend analyser mais pour les analyses sur le langage et le rapport au temps et aux outils. le reste n'est que rhétorique. Et il vaudrait mieux méditer sur les incessants néologismes dont fait preuve Heidegger dans cet ouvrage, et donc sur la CAPACITE en l'homme à inventer et à créer la langue plutôt que sur la soi-disant relation à l' Être que les langues chercheraient à expliciter. Mais la création est le grand thème absent de la réflexion heideggerienne. C'est une pensée du "faire-être" plutôt que de l'être dont la philosophie a besoin, et c'est la raison pour laquelle j'invite tout lecteur à lire Castoriadis qui a parfaitement compris ce point (et qui a donc critiqué le philosophe allemand).
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