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François-Xavier Chenet (Traducteur)
EAN : 9782711613250
224 pages
Vrin (31/12/1997)
3.59/5   22 notes
Résumé :

" J'ai expliqué en détail dans ma Dissertation sur le principe de raison comment il est la condition de tout objet possible ; c'est-à-dire qu'un objet quelconque est lié nécessairement à d'autres, étant déterminé par eux et les déterminant à son tour. C'est si vrai que toute la réalité des objets, en tant qu'objets qui ne sont rien que des représentations, se réduit à ce rapport de détermination nécessaire et réciproque ; cette réalité est donc tout à fa... >Voir plus
Que lire après De la quadruple racine du principe de raison suffisanteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après ses Aphorismes sur la sagesse de la vie, et ses Parerga, j'ai voulu lire ce livre (200 pages) que Schopenhauer considère indispensable et auquel il renvoie comme point de départ nécessaire pour une compréhension complète de tout son système et en particulier comme introduction à son « grand ouvrage » comme il le nomme (le Monde comme volonté et comme représentation, 1500 pages qu'il me faudra escalader). Rédigé dans une auberge, publié à titre privé, vendu à une centaine d'exemplaires, le reste mis au rebut quelques années plus tard, voici ce que j'en retiens :

Objectif manifeste (§4) : énoncer un principe universel, tronc solide, tel que la science ne soit pas qu'un agrégat de connaissances sans rien les liant entre elles. Effet collatéral : dans le prolongement de Kant, établir un cadre rigoureux qui fasse taire ces philosophes « gens habitués à prendre des mots pour des idées » (§8), car quand « on prend une mine mystérieuse et importante, et qu'on lève les sourcils jusque sous la perruque, des jeunes gens peuvent aisément s'imaginer qu'il se cache Dieu sait quoi de merveilleux derrière ces mots, quelque chose de tout à fait à part et d'indicible, qui leur vaut le nom d'idées, et qui en fait le cortège triomphal de cette prétendue raison métaphysique » (§34) – d'où les attaques répétées à l'égard d'Hegel, que je trouve assez savoureuses (Nietzsche reprendra à son compte ces coups de sang grivois et autres apartés dionysiaques qui donnent du nerf et ouvrent des fenêtres réjouissantes faites de chair & d'os dans un propos qui serait sinon austère – le gai savoir quoi).

Ce principe de « raison suffisante » (dans le sens « raison adéquate et complète » ou « raison satisfaisante » ; terme par conséquent un peu ambigu, qu'on pourrait envisager comme : cause nécessaire) est que « toujours et partout aucune chose n'existe que par l'intermédiaire d'une autre » (§52). C'est lui qui nous permet de poser la question « pourquoi ? ». Ce tronc (qui, quant à lui, n'a pas de raison d'être cf. §14, 50, 52, et au passage pas celle de Dieu dont l'existence ne peut provenir que d'une révélation cf. fin du chapitre V) possède, pour le besoin de la précision, 4 racines déclinées dans 4 chapitres 4,5,6,7 (le chapitre 2 étant un récap historique des penseurs précédents et de ce qu'ils ont dit de la raison suffisante).

Ces 4 racines sont : la cause physique du devenir (des faits), la cause logique du langage (des concepts), la cause abstraite de l'être pur et des mathématiques (du temps arithmétique et de l'espace géométrique), enfin la cause morale, conscience de soi et motifs de la « volonté » (il est impossible pour un sujet de connaissance de se connaître directement sinon en tant que "volonté" qui regroupe sous un seul mot une identité, un moi, sujet-objet de fait inintelligible §42).

Je ne suis pas friand des philosophes à système (comme le dit Jerphagnon, je n'aime pas qu'on m'explique le monde de A à Z), mais Schopenhauer agrémente son propos d'un ton et d'une acuité psychologique très modernes et qui font mouche. La 2nde racine par exemple annonce Wittgenstein ou Valery et leurs réflexions sur le langage (à ce titre, une citation au §30 qui semble présager Gödel : « Toute vérité est relation entre un jugement et quelque chose qui est hors de lui ; et une vérité intrinsèque est une contradiction » ou une tautologie). Quant à la 4ème racine, celles des motifs, elle ouvre le champ à Nietzsche (ex. §45 intéressante remarque sur la mémoire, ou §39 une autre sur le fait qu'une démonstration apporte conviction et non compréhension) et Freud.

Mais c'est la 1ère racine, celle des causes physiques (Schopenhauer, lecteur du Times, était très au fait des avancées scientifiques de son temps, qui depuis, lui auraient certainement inspiré de pertinents commentaires et sans doute des dégoûts) qui est la plus développée car objet de développements quant à la manière dont l'entendement – qui n'est pas la raison – produit une représentation simple et consistante à partir des données multiples issues des sens. §21 : ce qui s'imprime dans l'entendement (le cerveau) constitue la réalité (qui, lorsqu'elle est fausse, est une illusion) tandis que ce qui se forme par la raison (le raisonnement) constitue la vérité (qui, lorsqu'elle est fausse, est une erreur).
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La réflexion épistémologique en elle-même est claire et assez riche et bien qu'elle n'a rien pour égaler le Monde comme volonté et représentation sa lecture est nécessaire pour comprendre Schopenhauer, comme il le rappelle lui-même. Mais voilà ce qui me pousse à mettre 2,5 étoiles : non le contenu philosophique mais les attaques permanentes contre les autres auteurs allemands de son époque qui reviennent toutes les deux pages. Dommage, cela entraine l'analyse dans des pages superficielles et affaiblit l'argumentation elle-même.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
…je considère qu'en philosophie la plus grande clarté possible, cette clarté que l'on ne peut obtenir que par la détermination rigoureuse de chaque expression, est la condition impérieusement exigée pour éviter toute erreur et tout risque d'être trompé avec préméditation : ainsi seulement, toute connaissance acquise dans le domaine de la philosophie deviendra notre propriété assurée, qu'aucun malentendu, aucune équivoque, découverts par la suite, ne pourront plus venir nous arracher.
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Plus les hommes deviennent incapables de croire, plus s'accroît le besoin d'acquérir des connaissances. A l'échelle du développement intellectuel, il existe un point d'ébullition où toute croyance, toute révélation, toute autorité s'évaporent; où l'homme aspire à voir par lui-même et où il demande qu'on l'instruise, mais qu'on le convainque aussi. Mais, en même temps, son besoin métaphysique est tout aussi indestructible que n'importe quel besoin physique.
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“… au point que, dans cet Occident qui a blanchi son teint et où n’ont pu le suivre les antiques, vraies et profondes religions originelles de sa patrie, l’homme ne reconnaît plus ses frères, il a la folie de croire que les animaux diffèrent foncièrement de lui, et, pour s’entretenir dans cet égarement, il les appelle des bêtes; il applique, quand il s’agit d’eux, des noms injurieux à toutes les fonctions vitales qu’il a en commun avec eux; il les déclare hors la loi et s’éléve violemment contre l’évidence qui lui montre qu’eux et lui sont d’essence identique.” (p.138)
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(...) le mot athéisme contient une subreption, puisqu'il admet par avance le théisme comme une chose qui s'entend de soi.
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« […] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […] » (Roland Jaccard.)
0:00 - Vauvenargues 0:10 - Georges Perros 0:19 - Anatole France 0:29 - Prince de Ligne 0:40 - Jules Renard 0:49 - Blaise Pascal 1:13 - André Ruellan 1:23 - Jean Rostand 1:35 - Georg Christoph Lichtenberg 1:45 - Michel de Montaigne 2:08 - Marc Sautet 2:29 - Cardinal de Retz 2:40 - Montesquieu 2:54 - William Blake 3:05 - Emil Cioran 3:23 - Arthur Schopenhauer 3:57 - Alphonse Esquiros 4:11 - La Rochefoucauld 4:23 - Alexander Mitscherlich 4:34 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Vauvenargues : https://www.buchfreund.de/de/d/p/101785299/luc-de-clapiers-marquis-vauvenargues-1715-1747#&gid=1&pid=1 Georges Perros : https://editionsfario.fr/auteur/georges-perros/ Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jpg Prince de Ligne : https://tresorsdelacademie.be/fr/patrimoine-artistique/buste-de-charles-joseph-prince-de-ligne#object-images Jules Renard : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Jules_Renard_-_photo_Henri_Manuel.jpg Blaise Pascal : https://www.posterazzi.com/blaise-pascal-french-polymath-poster-print-by-science-source-item-varscibp3374/ André Ruellan : https://www.babelio.com/auteur/
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