Tableaux de voyage

Quand mes yeux eurent perdu la patrie, je la retrouvai dans mon coeur.

Envoyez un philosophe à Londres; mais, pour Dieu, n'y envoyez pas un poète !

Comme si je marchais dans un rêve, je remarquai à peine que nous quittions les profondeurs de l'Ilsetal et que nous remontions. C'était très raide et ardu, et certains d'entre nous se sont essoufflés. Mais comme notre bienheureux cousin, qui est enterré à Mölln, nous avons pensé à la descente à l'avance, et nous n'en avons été que plus heureux. Nous arrivâmes enfin à l'Ilsenstein.

Il s'agit d'un immense rocher de granit qui s'élève long et audacieux des profondeurs. Il est entouré sur trois côtés par les hautes montagnes couvertes de forêts, mais le quatrième, le côté nord, est libre, et ici vous pouvez voir l'Ilsenburg en contrebas et l'Ilse, loin dans les basses terres. Une grande croix de fer se dresse au sommet du rocher en forme de tour et, si nécessaire, il y a encore de la place pour quatre pieds humains.

De la même manière que la nature parait l'Ilsenstein de charmes fantastiques par sa position et sa forme, la légende y répandit également sa lumière rose. Gottschalk rapporte : « On dit qu'il y avait ici un château maudit, dans lequel vivait la riche et belle princesse Ilse, qui se baigne toujours à Ilse chaque matin ; et celui qui est si heureux de trouver le bon moment sera conduit par elle dans le rocher où se trouve son château et royalement récompensé ! " D'autres racontent une jolie histoire d'amour de Fraulein Ilse et du chevalier von Westenberg, l'un de nos célèbre poète romantiquement chanté dans la "Abendzeitung". D'autres disent différemment : on dit que c'était le vieil empereur saxon Heinrich, qui avec Ilse, la belle fée de l'eau, Apprécié les heures les plus impériales dans son château de pierre enchanté. Un écrivain récent, Herr Niemann, Wohlgeb., qui a écrit un livre de voyage sur le Harz dans lequel il indiquait les hauteurs des montagnes, les déviations de l'aiguille magnétique, les dettes des villes et autres avec une diligence digne d'éloges et des chiffres exacts, affirme : "Ce qui est dit à propos de la belle princesse Ilse, appartient au royaume fabuleux. « C'est ainsi que parlent tous ces gens, à qui une telle princesse n'est jamais apparue, mais nous, qui sommes particulièrement favorisés par les belles dames, savons mieux. L'empereur Heinrich le savait aussi. Ce n'est pas pour rien que les anciens empereurs saxons étaient si attachés à leur résine natale. Il suffit de feuilleter la jolie Chronique de Lüneburg, où les bons vieux messieurs sont représentés dans des gravures sur bois merveilleusement fidèles, bien blindées, haut sur son destrier armé, la sainte couronne impériale sur sa chère tête, sceptre et épée dans des mains fermes ; et sur les jolis visages barbus, vous pouvez clairement lire combien de fois ils aspiraient aux doux cœurs de leurs princesses de résine et au bruissement douillet des forêts de résine lorsqu'ils étaient à l'étranger, probablement même dans le Pays de Galles citronné et vénéneux, où ils sont allés leurs successeurs étaient si souvent tentés par le désir d'être appelés empereurs romains, une véritable addiction au titre allemand, qui a conduit à la ruine à la fois de l'empereur et de l'empire.

Mais je conseille à tous ceux qui se tiennent au sommet de l'Ilsenstein de ne pas penser à l'empereur et à l'empire, ou à la belle Ilse, mais seulement à ses pieds. Parce que, alors que je me tenais là, perdu dans mes pensées, j'ai soudain entendu la musique souterraine du château magique, et j'ai vu comment les montagnes tout autour se dressaient sur leur tête, et les toits de tuiles rouges d'Ilsenburg ont commencé à danser, et les arbres verts dans le bleu L'air tournait tellement autour qu'il devenait bleu et vert devant mes yeux, et j'aurais certainement plongé dans l'abîme, pris de vertige, si je ne m'étais accroché à la croix de fer dans ma détresse d'âme. Personne ne me reprochera sûrement d'avoir fait ce dernier dans une position aussi précaire.

La lumière dorée du soleil traversait le vert pin dense. Les racines des arbres formaient un escalier naturel. Des bancs de mousse gonflés partout; car les pierres sont recouvertes des plus belles mousses, comme recouvertes d'un velours vert clair. Belle fraîcheur et murmure de source rêveur. Ici et là, vous pouvez voir comment l'eau ruisselle sous les pierres aussi brillantes que l'argent et lave les racines et les fibres dénudées des arbres. Si vous vous penchez après cette agitation, vous entendez, pour ainsi dire, l'histoire secrète de la formation des plantes et le rythme cardiaque calme de la montagne. À certains endroits, l'eau jaillit plus fortement des pierres et des racines et forme de petites cascades. C'est facile de s'asseoir là. Il murmure et bruisse si merveilleusement, les oiseaux chantent des sons de nostalgie brisés, les arbres chuchotent comme avec mille langues de filles,

Plus vous montez dans la montagne, plus les sapins sont courts et nains, ils semblent rétrécir de plus en plus jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des myrtilles et des myrtilles et des herbes de montagne. Puisqu'il fait déjà nettement plus froid. Les étranges groupes de blocs de granit ne sont vraiment visibles qu'ici ; ceux-ci sont souvent d'une taille étonnante. Ce sont peut-être les balles de jeu que les mauvais esprits se lancent la nuit de Walpurgis, lorsque les sorcières arrivent à cheval sur des balais et des fourches, et que le plaisir méchant et aventureux commence, comme le dit la nourrice crédible, et à quoi il doit ressembler. les jolies premières photos du maître Retzsch. Oui, un jeune poète qui a traversé le Brocken la première nuit de mai lors d'un voyage de Berlin à Göttingen a même remarqué comment certaines dames fictives ont organisé leur thé esthétique dans un coin de montagne, se sont lu tranquillement l'"Abendzeitung", ont loué leurs boucs poétiques, qui se plaignent de la table à thé, en tant que génies universels, et ont rendu leur jugement final sur tous les phénomènes en allemand Littérature; mais quand ils sont tombés sur le Ratcliff et l'Almansor, et ont nié toute piété et tout christianisme à l'auteur, les cheveux du jeune homme se sont dressés, il a été pris d'horreur - j'ai éperonné le cheval et j'ai poursuivi.

Le soleil se leva, les brumes s'enfuirent comme des fantômes au troisième chant du coq. J'ai grimpé et redescendu, et le beau soleil flottait devant moi, illuminant toujours de nouvelles beautés. L'esprit de la montagne me favorisait clairement ; il savait bien qu'un tel poète peut dire beaucoup de jolies choses, et ce matin il m'a laissé voir sa résine, comme certainement tout le monde ne l'a pas vue. Mais le Harz m'a vu aussi, comme peu m'ont vu, des perles précieuses scintillaient dans mes cils comme dans les herbes de la vallée, la rosée matinale de l'amour humidifiait mes joues, les sapins bruissants me comprenaient, leurs branches séparées de les uns les autres, déplacés de haut en bas, comme des gens muets qui montrent leur joie avec leurs mains, et au loin cela sonnait merveilleusement mystérieux, comme les cloches d'une église de forêt perdue. On dit que ce sont les cloches du troupeau qui sont si belles, claires et pures dans les montagnes du Harz.

D'après la position du soleil, il était midi quand je rencontrai un tel troupeau, et le berger, un sympathique jeune blond, me dit : la grande montagne au pied de laquelle je me tenais était le vieux monde -le célèbre Brocken. Il n'y a pas de maison autour pendant de nombreuses heures, et j'étais assez content que le jeune m'invite à manger avec lui. Nous nous sommes assis pour un déjeuner dînatoire, composé de fromage et de pain ; les moutons attrapaient les miettes, les chères filles fraîches et brillantes sautaient autour de nous et sonnaient malicieusement avec leurs cloches, et se moquaient de nous avec leurs grands yeux joyeux. Nous avons dîné très royalement ; En général, mon propriétaire m'a semblé un vrai roi, et parce qu'il est le seul roi qui m'a donné du pain jusqu'à présent, je veux chanter royalement sur lui.