- Passe moi une cigarette!
- Je ne savais pas que tu fumais...
- Je ne fume pas, enfin!
[...] Comme on le dit si bien : dans cette région on ne sait jamais quel passeport on aura le lendemain.
[...] La seule chose qui rappelait aujourd'hui cette période, c'étaient des polémiques et, de temps à autre, l'affreuse découverte d'une foiba encore inconnue dans laquelle avaient fini les victimes : on les y jetait mortes ou vivantes, puis on lançait des grenades et, le plus souvent, un chien noir censé incarner le mal. Rares étaient ceux qui survivaient au massacre. Jusqu'à présent on avait recensé trente foibe en Istrie et sur le karst triestin. Le nombre supposé des morts allait de cinq cents à ving mille. Aussi bien des italiens que des croates et des slovènes.
Dans la rue il pesta à voix haute. Sa femme enlevée par un agent d'assurances, son fils fréquentant un bistrot de fascistes. Et puis quoi encore ? On ne pouvait vraiment pas dire qu'il était dans une bonne phase.