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Critique de Fanny1980


« Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour, je tirerais sur un homme. Que je deviendrais père. Que je vivrais si loin de la mer. Enfant, on imagine parfois sa vie future, à quoi elle ressemblera. Jamais je n'aurais cru que je deviendrais peintre. Que je pourrais créer un monde et y pénétrer pour m'y perdre. Que l'art serait une chose que je ne pourrais pas ne pas pratiquer ».

J'aime qu'un incipit soit marquant, qu'il m'entraîne directement dans un rythme effréné, qu'il me donne envie de connaître le protagoniste, qu'il m'annonce déjà que ce dernier ne sera pas lisse, qu'il me projette dans le genre du roman et dans ses thématiques principales… Je me souviendrai de ces premières phrases de Peindre, pêcher et laisser mourir.

Jim aime peindre. Une vocation venue comme un choc, avec The Fog Warning, tableau de Winslow Homer, qui représente un pêcheur seul, dans la mer agitée, qui doit réduire la distance entre son canot et le navire au loin, sans quoi ce sera la mort assurée. Jim a décidé que pour tout ce qu'il ferait en tant qu'artiste, il tenterait « de le porter vers le vivant plutôt que de l'en éloigner. Même et surtout dans les tableaux les plus abstraits ». Jim, créateur autodidacte, fils de bûcheron, est un représentant de l'art outsider et provoque un dialogue, dans ses toiles, entre les personnes et des poissons, des gallinacés, ou tous autres représentants du règne animal.

Jim aime pêcher. La pêche s'oppose à la chasse, car les poissons sont souvent relâchés vivants, contrairement au gibier qui est tué. de plus, la pêche implique un mouvement permanent et non, comme la chasse, une traque avec de longues phases d'immobilité. Jim est un héros de Nature Writing, qui sait survivre dans le monde sauvage animal mais aussi parmi les hommes.

Après avoir posé ce décor, dans cette histoire, la notion de « laisser mourir » ou de s'y opposer tient également une place importante. Quelle est la valeur d'une vie ? « Cela se résumait à sauter et mourir ou à vivre et être hanté par cette aptitude à choisir. Ce qui, quand j'y pense, pourrait servir de définition à la conscience. J'ai eu de la peine pour à peu près tout le monde ». Jument battue, adolescente égarée, braconnier violent, familles unies et désunies, policiers surnommés l'Athlète ou le Sifflet : tous sont concernés par ce chevauchement de lignes de vie, plus ou moins longues, dans ce récit à plusieurs entrées qui juxtapose les codes.

Peindre, pêcher et laisser mourir a été abordé dans le cadre d'une lecture commune avec HundredDreams, berni_29, Romileon et DianaAuzou, que je remercie. Ce roman comprend plusieurs facettes, en passant de magnifiques descriptions des grands espaces, à des références d'histoire de l'art, jusqu'à la traque proche du thriller. Il est donc particulièrement adapté pour un beau partage.

Peindre, pêcher et laisser mourir était ma première lecture de Peter Heller, mais elle sera suivie, à plus ou moins brève échéance, par d'autres car j'ai apprécié le rythme et les réflexions de l'auteur. J'aimerais notamment découvrir La constellation du chien, qui se trouve sur l'île déserte de HordeduContrevent, et La rivière, car j'ai beaucoup aimé me trouver dans cette nature grandiose dans laquelle on se sent tout petit.
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