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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« De l'aéroport de Tegel de Berlin, il faut juste une heure pour rejoindre Ravensbrück …/… »

Ainsi commence la ‘biographie' de Ravensbrück, sous la plume de Sarah Helm.

Ce début m'a de suite interpelé, connaissant bien cet aéroport pour y avoir embarqué et ayant logé juste à côté durant un an au début des années '80. Et pourtant je ne connaissais pas l'existence de ce camp.

Sarah Helm est journaliste britannique, également auteure de "Vera Atkins, une femme de l'ombre » livre sur la Résistance anglaise en France.

Ce camp de concentration, peu connu, était tout d'abord une prison pour femmes, ouverte peu de temps avant la guerre. Y étaient détenues principalement les opposantes à Hitler et les Témoins de Jéhovah. Au cours de la guerre il est devenu un camp de concentration pour femmes avec son lot d'atrocités (tortures, gazages, expériences médicales etc…) L'horreur à l'état pur.

Dans ce livre de 1200 pages Sarah Helm raconte comment ces femmes bien courageuses ont tenté de survivre. Elle a recherché les rescapées à travers le monde, a tenté de les faire parler. Souvenirs bien douloureux.

Je ne sais pas comment certaines ont réussi à ne pas perdre pied dans ce lieu pire que l'enfer. Cet ouvrage vous retourne les tripes. Comment ont-elles fait pour reprendre une vie ‘normale' après Ravensbrück ?…

« Si c'est une femme » est l'équivalent de « Si c'est un homme » de Primo Levi.

Je ne saurai en dire davantage sur cet ouvrage tant j'en sors épuisé, vidé, essoré. de telles horreurs n'auraient jamais dû avoir existé. Quel regard sur l'espèce humaine ?

En a-t-on tiré des leçons ? Quand je vois ce qui se passe actuellement dans le monde je me pose la question.


Ce genre de livres est pourtant essentiellement écrit POUR NE PAS OUBLIER !
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Livre qui montre un camp de l'horreur réservé aux femmes. Il montre tant de figures de détenues nobles ou défigurées par la cruauté. Il est documenté et cite ses témoins directs et les sources historiques.
Il traverse les catégories.
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Le camp de concentration de Ravensbrück, situé au nord de Berlin, a fonctionné de mai 1939 à fin avril 1945. C'est le seul camp de concentration nazi destiné aux femmes. La première année il y a moins de 6000 prisonnières, la plupart allemandes (communistes, témoins de Jéhovah, droit commun, prostituées, Tsiganes, Juives) puis ce chiffre monte en puissance et, au faîte de son activité, Ravensbrück compte 45 000 femmes. 130 000 y seraient passées en six ans d'existence. L'autrice estime à 40 ou 50 000 le nombre de celles qui y seraient mortes.

Sarah Helm, journaliste britannique, a réalisé un travail magistral pour produire cet intéressant ouvrage de 800 pages. Elle est partie d'entretiens avec des survivantes et les remerciements à la fin montrent à quel point ça n'a pas toujours été facile pour les retrouver, particulièrement en Europe de l'est et en ex-URSS. Ces rencontres ont été complétées par des témoignages écrits (comme ceux de Germaine Tillion ou Margarete Buber-Neumann) et des documents d'archives. L'étude suit un plan chronologique et tous les aspects de la vie du camp sont abordés : blocks d'hébergement, nourriture insuffisante, travail forcé dans les camps satellites ou au profit d'entreprises comme Siemens qui a installé une annexe dans le camp, "expériences médicales" pratiquées sur des cobayes humains surnommées les Lapins, brutalités des gardiennes et des prisonnières qui encadrent leurs co-détenues, solidarité entre femmes de même nationalité.

J'ai apprécié qu'un des objectifs de l'autrice soit d'individualiser ces femmes que les nazis avaient tenté de déshumaniser. Les récits de vie permettent cela, d'autant plus qu'elle ne prend pas seulement ses personnages au moment où elles sont dans le camp mais qu'elle remonte, chaque fois que possible, aux circonstances antérieures qui les ont menées là. Elle évoque aussi celles qui sont généralement passées sous silence : les "asociales" comme les prostituées. Après guerre ces femmes n'ont pas été aidées, elles n'ont pas touché d'indemnités, elles n'ont pas été invitées à témoigner aux procès. Bien souvent on ne sait donc pas qui elles sont et les témoignages écrits de déportées-résistantes ne mentionnent pas leurs noms. On a opposé triangle rouges (politiques) et triangles noirs (asociales) alors que, fait remarquer Sarah Helm, on peut être à la fois prostituée et résistante, des bordels ayant souvent caché des personnes recherchées (aviateurs).

A partir de 1944, le camp devient surpeuplé. Plus de place dans les blocks, on monte de grandes tentes dans lesquelles il pleut. Alors les conditions de survie deviennent tellement difficiles que ce qui me vient à l'esprit pour en donner un aperçu c'est l'image des cercles de l'Enfer de Dante. La lecture n'est pas toujours agréable. de façon paradoxale les détenues qui sont entrées tardivement dans le camp ont moins bien résisté que les plus anciennes. Celles-ci avaient eu le temps de faire leur trou, de nouer des contacts et des solidarités qui les ont aidées à tenir. Dans le grand capharnaüm qu'est devenu le camp les dernières arrivées n'ont plus aucun cadre auquel se raccrocher et meurent rapidement.

Seul camp de concentration de femmes, le camp de Ravensbrück est aussi, semble-t-il, le seul où des détenues aient été assassinées de façon systématique. A côté de Ravensbrück se situe le camp d'Uckermark ou camp des jeunes car il a d'abord servi à interner des jeunes délinquantes. Ce camp devient en 1945 un lieu d'extermination. On y tue par la faim, par le froid, par balles et on y installe une chambre à gaz. Il y a alors la volonté d'effacer traces et témoins des crimes commis là avant l'arrivée des vainqueurs. Avant la fin, une partie des détenues (17 000) sont sauvées par les Croix Rouges suédoise et suisse qui négocient leur exfiltration avec Himmler. Il semblerait que ce dernier a accepté ces négociations car il espérait se placer en interlocuteur valable (et successeur d'Hitler) auprès des Alliés.

En couverture, la photo d'Evguénia Klemm, jeune, avant la guerre. Professeure à Odessa, arrivée à Ravensbrück en février 1943 avec un groupe de jeunes médecins et infirmières de l'armée rouge elle a fait de ces jeunes femmes effrayées un groupe soudé et solidaire. Elle les a galvanisées par son énergie et ses propos : vous êtes de l'armée rouge, vous êtes des prisonnières de guerre, vous avez des droits. Elle les a aidées à tenir.

A leur retour en URSS, les détenues soviétiques ont été inquiétées. En 1946, 1949 et 1950 il y a eu des procès d'anciens prisonniers pour collaboration avec les fascistes. Klemm y échappe mais, en septembre 1953, on lui interdit d'enseigner. Elle se suicide.

Un livre pas toujours facile à lire, je l'ai déjà dit mais très bien documenté et rédigé dans une optique résolument féministe avec la volonté d'évoquer celles qui ont été passées sous silence et de questionner le moindre intérêt des historiens pour ce camp jusqu'à présent (la guerre froide est aussi responsable, il se situait en ex-RDA). Parmi les femmes présentées j'ai découvert de nombreuses figures d'héroïnes.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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