Citations sur Origine étrangère (19)
Si l’on voulait se hisser au top du monde des médias, il s’agissait moins de posséder des connaissances en matière journalistique, ainsi qu’en art, littérature, culture, économie, relations internationales et politiques, que de défendre sa position dans le combat des valeurs.
la naïveté de l’opinion que se font de nombreux journalistes danois à propos de l’islam, ce qui est clairement lisible dans les reportages quelque peu aveuglés qu’ils envoient.
Le journaliste se doit de tenir à distance les êtres qu’il rencontre, pour les décrire de façon neutre sans se laisser influencer.
Au cours de ce voyage, Rikke avait fait l’expérience de ce que vivent parfois les grands reporters. Le cadre même de son reportage, son sujet, au cœur de l’actualité essentielle et dramatique, son rôle d’écrivain l’avaient élevée au-dessus des exigences ordinaires du journalisme de livrer un travail se rapportant aux nouvelles. Tous les journalistes vivent de ces moments, hors du temps et de l’espace, lorsqu’ils se trouvent placés au bon endroit, au bon moment.
— Parce que les autres le font. Parce qu’on s’est mis d’accord Fatima, Samilla, Demeth et moi.
— Ce n’est pas anodin. Tu sais ce que ça signifie ? Tu dois prier cinq fois par jour. Tu dois te baigner avec ton foulard. Tu ne dois pas jurer, ne pas sortir avec des garçons, non plus, et tu dois te conformer à la loi du Coran. Le foulard se mérite. Porter le foulard est un engagement.
Porter le foulard, c’était un peu comme appartenir à un mouvement de femmes musulmanes modernes. Les jeunes surtout l’arboraient avec force et insolence, comme proclamant au monde : « Je suis musulmane, femme et libre, et personne ne me dicte ma tenue. »
Certaines le portaient parce que leurs amies le faisaient.
Les Danois prétendent que l’amour n’est pas un sentiment qui « s’arrange ». Pourtant, l’amour de Rabia était tout ce qu’il y avait d’arrangé. Elle n’avait pas quatorze ans lorsque sa mère, non sans arrière-pensée, lui avait demandé si elle connaissait Saïd. Question captieuse et stupide, tout le monde connaissait Saïd. Il était grand, dégingandé, intelligent, le plus rapide jusqu’en haut de la cascade et, bien qu’âgé de seize ans seulement, il émanait de lui quelque chose de mature, presque viril.
Suivant la mode chez les jeunes femmes musulmanes, elle avait soigneusement épilé ses sourcils qui dessinaient deux élégantes lignes noires au-dessus de ses yeux bruns. Ce n’était pas une femme sur laquelle les hommes se retournaient. Après tout, elle portait le foulard, indiquant ainsi au monde qu’elle ne souhaitait pas attirer l’attention, mais une fois qu’on avait posé le regard sur son visage, il était difficile de l’en détourner. Elle n’était d’ailleurs pas effrayée par le regard des hommes et rendait les sourires qu’ils lui adressaient.
Tacitement, il était leur chef. Fort, intelligent, il n’usait jamais de sa force pour opprimer les autres. Ils ne l’avaient jamais vu se battre auparavant, mais il venait de perdre le contrôle et les choses auraient pu mal tourner. Ils avaient quitté la cascade en silence, l’abandonnant à sa colère et à la peur de cette force qu’il n’avait pas pu maîtriser.
Il ignorait ce qu’était un démon, mais la puissance qu’il venait de se découvrir l’effrayait autant qu’elle lui communiquait la formidable énergie qui le poussait à cet instant à gravir la montagne. Le rêve était devenu réalité. Ils partaient, mais c’était trop grand, trop impressionnant et trop inconnu pour son entendement.