Citations sur Hommes, femmes : la construction de la différence (22)
Dès la naissance, la perception et l'interprétation des conduites de l'enfant par les adultes dépendent du sexe annoncé, plus encore que son comportement. Les garçons sont considérés a priori comme robustes, forts, bien bâtis, les filles comme fines, délicates et douces, même lorsque ces avis sont prononcés à propos d'un même bébé.
Si l'on donne une explication "naturelle" aux différences sociales et professionnelles entre les hommes et les femmes, tout programme social pour l'égalité des chances devient inutile.
aucun document -reste fossile, peinture rupestre, sépulture...- ne permet de dire quelles étaient l'organisation sociale et la répartition des tâches de nos ancêtres.
Sur le plan de la rentabilité, par ailleurs, on a pu montrer, par l'observation fine des vingt-cinq ou trente groupes de chasseurs-collecteurs qui existent encore dans le monde, que les femmes fournissent au quotidien plus des deux tiers de la nourriture de leur groupe.
Prenons actif et passif: en Europe, l'actif est masculin et le passif est féminin, l'actif étant valorisé; dans d'autres sociétés, en Inde ou en Chine par exemple, le passif est masculin et l'actif est féminin. Et alors c'est le passif qui est valorisé. La valorisation ne dépend pas d'une définition "objective" des choses, mais de leur connotation sexuelle.
Il apparaît en tout cas que l'inégalité entre les sexes n'est inscrite ni dans l'évolution de la sexuation, ni dans nos gènes, ni dans le fonctionnement cérébral.
Par exemple, devant la même photographie d'un bébé qui crie, hommes et femmes pensent qu'il est en colère si on leur dit qu'il s'agit d'un garçon, et estiment qu'elle est effrayée si on leur dit qu'il s'agit d'une fille.
Ainsi peut-on conclure que le genre est une assignation en esprit, reprise socialement et culturellement, et que cette assignation dépend d'élaborations conceptuelles et symboliques extrêmement archaïques, mais toujours présentes.
Si l'espèce humaine ne doit sa survie qu'à la bonne volonté de ses femelles, qu'on me permette de souhaiter ici que le sacrifice auquel elles consentent les conduise à être respectées et non contraintes !
Disons-le tout net : pour un biologiste, le mâle est un parasite pour la femelle.