A côté des discriminations professionnelles, insistons en amont sur les discriminations éducatives. Si nous prenons les huit cent soixante-quinze millions d'analphabètes dans le monde - les personnes qui ne savent ni lire ni écrire - les deux tiers sont des femmes.
En premier lieu, il nous faut bien comprendre qu'être différent ne veut pas dire inégal. Le contraire de différent est "semblable", "même". Le contraire d'inégal est "égal" et non pas semblable. En voyant dans la différence la marque d'une inégalité, nous faisons faire un pas de côté à la langue sans nous interroger. Nous avons changé de registre, philosophiquement parlant, car la différence n'implique pas l'inégalité.
Nous demandons simplement une reconnaissance d'égalité et non pas une inversion.
Dans un livre qui a été réalisé il y a quelques années à partir d'interviews auprès d'une centaine de ces femmes que l'on dit "arrivées", on remarque que toutes se posent la question de savoir si elles ont mérité leur place. Quand on pose la question aux hommes qui sont dans la même situation, aucun ne se sent concerné.