Citations sur Masculin / féminin, tome 1 : La pensée de la différence (15)
Un célibataire n'est jamais "une personne accomplie", car seul le mariage confère le statut et les responsabilités d'adulte, quel que soit l'âge où il est contracté. Marié à treize ans, un homme ne peut pas s'abriter derrière son jeune âge pour esquiver ses devoirs.
Les femmes sont fécondes, inventives, créent la vie ; en contrepartie, il est vu comme du ressort de l'homme d'apporter l'ordre, la réglementation, d'imposer des limites, déterminer des sphères, inscrire le politique.
À la puberté tout change brutalement. Les adolescents doivent, du jour au lendemain, adapter leur comportement à leur sexe apparent.
La stérilité s'entend spontanément au féminin, partout et toujours. Elle dit en conséquence avec insistance quelque chose du rapport social des sexes.
Sang, lait et sperme sont les résidus, dont seul le sperme est parfait, de la transformation des aliments dans le corps. La preuve en est "l'affaiblissement qui suit la moindre émission de sperme, comme si le corps était privé du produit final de la nourriture".
L'homme, de nature chaude, possède par là même une aptitude à la coction intense du sang, qui le transforme en un résidu parfaitement pur et dense : le sperme. La femme ne peut parvenir à cette opération ; elle parvient seulement à transformer le sang en lait : "Du fait que les menstrues se produisent, il ne peut pas y avoir de sperme."
Ainsi la différence ultime
L'harmonie est nécessaire au bon fonctionnement du monde. De tout il faut ni trop ni trop peu : excès comme défaut sont porteurs de désordre. Cette harmonie repose fondamentalement sur l'équilibre des contraires. Tout dans la nature et le monde socialisé relève de l'une ou de l'autre de deux catégories opposables : le chaud et le froid et leurs corollaires le sec et l'humide.
Même si les femmes accèdent de plus en plus aux tâches masculines, il y a toujours plus loin, plus avant, un "domaine réservé masculin", dans le club très sélect du politique, du religieux, des responsabilités entrepreneuriales, etc. Il ne s'agit pas, bien évidemment, de l'expression de compétences particulières inscrites dans la constitution physique de l'un et l'autre sexe. L'inscription dans le biologique n'est pas à chercher de ce côté-là, mais dans des données certes de nature biologique, mais si fondamentales qu'on en perd de vue leur nature de fait biologique. Ce sont elles qui sont à l'origine des catégories cognitives : opérations de classement, opposition, qualification, hiérarchisation, grilles où le masculin et le féminin se trouvent enfermés.
Ainsi le désir d’enfant, selon ce type de conception extrêmement répandu, est-il surtout un désir éminemment social d’accomplissement projeté au travers d’une descendance qui conservera la mémoire des morts et leur rendra le culte nécessaire. Devoir envers ceux qui ont précédé, c’est donc aussi un devoir envers soi-même, ancêtre à venir. (p. 261)
Tout d'abord, ce qui donne à la jeune fille le statut de femme, ce n'est ni la perte de la virginité ni le mariage ni même la maternité : c'est la conception. Il suffit d'une grossesse, dont il importe peu qu'elle soit suivie d'une fausse couche ou d'une naissance.