Le Sang des Dieux et des Rois est un roman de fantasy historique : l'intrigue se fonde sur des faits historiques en y incluant des éléments de fantasy (magie, créatures surnaturelles...). Ici, le récit s'inscrit dans la Grèce antique sous le règne de Philippe II de Macédoine qui emmène le gros de son armée assiéger Byzance, laissant la régence à son fils Alexandre (le futur Alexandre le Grand !). Or, cette mission vient momentanément ajourner les plans de l'adolescent, qui projetait secrètement, en compagnie de son fidèle ami Héphestion, de partir à la recherche de la Fontaine de Jouvence, puits capable de guérir tous les maux et d'apporter la puissance spirituelle à qui boira de son eau. Sa quête est encore plus sérieusement compromise avec l'arrivée de deux paysans, Jacob et Katerina, et la participation du premier au Tournoi de Sang pour en remporter la récompense qui permettrait à Alexandre et Héphestion de financer leur projet.
Dans le même temps, la présence entre les murs de Pella des seigneurs ésariens laisse planer une ombre inquiétante : ces hommes forment une sorte de fraternité guerrière ayant voué leur existence à la traque des magiciens et sorciers pour éradiquer la magie de la surface de la terre. Or, la Macédoine est le dernier royaume à s'opposer à leurs desseins...
Moi qui suis un peu amoureuse de Philippe de Macédoine et qui adore tout ce qui a trait à la Grèce antique, j'ai donc débuté ma lecture avec un plaisir anticipé. Si celle-ci fut on ne peut plus plaisante, je dois avouer que je me suis sentie déroutée par le style d'écriture : l'histoire est écrite au présent de l'indicatif, or, je n'en suis pas très friande (si, pour une nouvelle, ce temps ne me pose pas de problème, pour un roman de plus de 400 pages, cela m'a un peu crispée durant ma lecture !).
En outre, j'ai été très surprise par l'emploi abusif des diminutifs : Kat pour Katerina, Alex pour Alexandre, Cyn pour Cynané, Héph pour Héphestion, Zo pour Zofia... manquait plus que Phil pour Philippe et là, j'avoue que j'aurais été tout à fait blasée (la fonction royale n'aurait d'ailleurs pu supporter un tel manquement à l'étiquette !!^^)... Bref, je connaissais la manie des Anglo-saxons de donner des diminutifs à tout-va mais pas à ce point-là ! Néanmoins, si les surnoms n'avaient été réservés qu'aux dialogues, cet usage ne m'aurait pas agacée plus que cela, mais ils étaient presque systématiquement employés dans la partie narrative... et je dois dire que cette pratique m'a également crispée...
Autre réserve : les facilités narratives auxquelles cède l'auteure pour faire avancer l'intrigue ou sortir ses personnages de situations mauvaises (je pense à la fuite de Zo, aux informations récoltées un peu trop facilement par Kat, à la découverte des passages secrets...)...
Tous ces petits couacs m'ont finalement poussée à m'interroger sur la destination de la collection R des éditions Laffont : après recherches, il s'avère que cette collection s'adresse aux adolescents et jeunes adultes, ce qui m'a aidé à comprendre certaines de mes réticences, ainsi que la faiblesse de l'intrigue de base et l'évidence de certains indices (j'ai ainsi très rapidement deviné le secret lié à Kat).
Dernier petit point négatif : la foultitude des personnages et des intrigues. Alors que cet aspect ne m'avait pas dérangée avec Game of thrones car l'auteur prenait vraiment le temps de s'attarder sur eux, ici, j'ai trouvé que ces éléments manquaient de développement, ce qui fait que l'on ne s'attache pas tout à fait aux personnages ni que l'on assimile tout à fait certains aspects de l'univers iré-inventé. J'aurais aimé en apprendre davantage par exemple sur les seigneurs ésariens ou les Dévoreurs d'âme ou encore le monde si varié de la magie...
Par contre, la partie purement historique est celle qui m'a le plus enthousiasmée. On sent que l'auteure s'est documentée, non seulement sur la situation géopolitique du monde antique mais également sur la vie quotidienne de ses habitants (armement, nourriture, hygiène, vêtements, éclairage, système de chauffage...), si bien que l'on se sent complètement immergé dans l'histoire. J'ai adoré tous ces petit détails réalistes qui donnent de l'authenticité au récit...
Le Sang des Dieux et des Rois est indéniablement un roman ambitieux pour le lectorat visé.
Concernant l'édition, l'objet livre en lui-même est très beau : j'ai beaucoup apprécié la couverture ainsi que la mise en page et l'ornement typographique. A l'intérieur, nous avons droit à une très jolie carte. de même, j'ai apprécié le fait que chaque partie débute par une citation d'
Aristote. Tout cela contribuait pour ma part à agrémenter ma lecture...
Malgré ses défauts,
le Sang des Dieux et des Rois est un livre extrêmement agréable et plaisant à lire, même si certains points m'ont quelque peu crispée durant ma lecture. J'aurais aimé un peu plus de développement sur les personnages ou l'univers de fantasy mais j'aurais sans aucun doute du plaisir à découvrir la suite, d'autant que j'ai fini par m'attacher à Héphestion, qui bénéficie de plus de développement que les autres...
Je remercie les éditions Robert Laffont ainsi que Babelio pour ce partenariat !
Lien :
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