Eleanor Herman

Le fracas des armes le rappelle dans la lice, où il suit du regard la danse des seigneurs, toute en feintes et en ruses. Il pourrait apprendre à ses hommes à se battre de la même manière. Mal à l'aise, il observe les deux hommes qui font étalage de leur supériorité physique et technique. Des alliés, à en croire Philippe. Alliés, vraiment ? Après avoir étudié l'histoire auprès d'Aristote, Alexandre sait que les alliés changent de camp à une fréquence alarmante. La plupart des proches de Philippe ont été assassinés - pas par des ennemis avoués, mais par des amis intimes. Le pouvoir, semble t'il, ne reconnaît pas la droiture et se nourrit de l'intérêt personnel. Seuls ceux qui ont juré loyauté - qu'on considère comme des appuis - peuvent s'approcher assez pour enfoncer une lame entre deux côtes.

« Il n’a jamais hésité à tuer sur le champ de bataille mais cette situation n’a rien à voir. Au combat, les armes à la main, il s’agit de survivre et les forces en présence sont à peu près égales. Il y a une forme de justice imminente dans l’affrontement entre deux soldats. Plus tard, il arrive même d’éprouver du chagrin pour les ennemis sont tombés sous les coups., pour ces vies fauchées dans la bravoure et l’honneur. Mais l’épave humaine qui sanglote à ses pieds n’est pas en mesure de se défendre. Pire, lorsque Alex pivote pour lui faire face, il découvre que Hagnon a perdu le contrôle de sa vessie. Les autres prisonniers semblent aussi dégoûtés que le prince. Ils évitent ce triste spectacle, terriblement mal à l’aise.


Alex se redresse. Il se dit qu’il ne sera pas digne de régner sur la Macédoine s’il baisse les bras et ne mène pas ce procès à son terme. Il se rappelle la légende du dieu bienveillant que lui a rapportée Sarina. Et se rappelle qu’il est destiné à monter sur le trône un jour. »

Zo sera bientôt débarrassée de lui, et elle s'en réjouit. Elle va le faire cavaler après une race de créatures qui s'est éteinte il y a des siècles, dans une région sortie tout droit de son imagination, et dès qu'il aura le dos tourné, elle s'enfuira comme si l'un de ces pégases lui avait prêté ses ailes."

" Qu'ai-je fait? Pourquoi refuses-tu de me parler ?
- Je suis occupé», répète Héph.
II veut quitter sa chambre mais elle lui barre le passage · « Écarte-toi, s'il-te-plaît.
-Tu n'as qu'à me pousser.»

Héph est las de ces petits Jeux. Dans un mouvement fluide, il lui enserre la taille de ses deux mains, la soulève et Ia dépose sur le côté.
« Qu'est-ce que tu fais? » s'indigne Kat.

Au moment où ses pieds vont toucher le sol, elle perd I'équilibre, se rattrape à la tunique d'Héph, se cogne contre le mur et entraîne le jeune homme dans sa chute. Vif comme I éclair, Héph doit plaquer ses mains de part et d'autre de sa tête pour contenir son élan et ne pas I'écraser.

Le nez dans les cheveux de Kat, il inspire son parfum. Cette odeur fraîche, qui n'appartient qu'à elle, n'a rien à voir avec les effluves capiteux dont s'aspergent les autres femmes au palais. Baissant la tête, il découvre qu'elle l'observe, les lèvres entrouvertes, si douloureusement proches des siennes ...

Ils restent la, pétrifiés, à se dévorer des yeux. La température monte de plusieurs degrés dans la chambre. Héph pressent soudain, il sait ce qu'il va arriver: il va succomber. Briser l'interdit.
Il va embrasser Katerina.
Alors soit elle ira trouver Alex pour se plaindre, sous le coup de la colère, soit elle lui retournera son baiser et... ce sera un véritable désastre. Qu'il s'agisse de verser le sang ou de donner libre cours à son désir, Héph saute sur ces occasions à pieds joints. L'orgueil et l'appel de la chair n'ont aucune barrière pour lui.

Mais il est las de mettre ses émotions en sourdine. Il aimerait les exprimer, pour une fois, sans détour. Et à la façon dont Kat incline la tête, à sa poitrine haletante, il semblerait qu'eIle soit disposée à l'écouter.
Il se penche vers elle et ...
· ·· C'est l'instant précis qu'Alex choisit pour passer la porte, le général Cadmus sur ses talons.

"Alex! s'écrie Kat d'une voix un peu trop forte. Justement, je te cherchais. Buthos veut faire abattre un cheval blessés alors que je lui ai expliqué mille fois que cette bête va survivre.

-Rappelle à Buthos qu'il doit t'obéir, Katerina, répond Alex. Et s'il s'obstine, qu'il vienne me voir, je saurai le convaincre."

Kat remercie Alex d'un sourire puis elle quitte la chambre, laissant derrière elle un sillage parfumé. Alex pose ses yeux déroutants -l'un bleu, l'autre brun- sur Héph.

Après avoir étudié l’Histoire auprès d’Aristote, Alex sait que les alliés changent de camp à une fréquence alarmante. La plupart des proches de Philippe ont été assassinés – pas par des ennemis avoués, mais par des amis intimes. Le pouvoir, semble-t-il, ne reconnaît pas la droiture et se nourrit de l’intérêt personnel. Seuls ceux qui ont juré loyauté – qu’on considère comme des appuis – peuvent s’approcher assez pour enfoncer une lame entre deux côtes.

Elle montre d’un geste deux hommes en grande conversation près des portes d’un temple. Torse nu, les yeux soulignés d’un épais trait de khôl, une masse de minuscules tresses noires en guise de cheveux. Ils portent tous deux d’importants colliers en faïence turquoise ainsi que des jupettes plissées de couleur blanche.

Elle lui adresse un autre sourire, qui sent son coeur bondir dans sa poitrine.

« J’aimerais te voir habillé comme ça », plaisante-t-elle.

« Et moi, te voir habillée comme elles », rétorque-t-il en désignant de la tête deux jeunes femmes qui discutent au beau milieu de la rue. Leur toge sans manches, à l’étoffe transparente, ne laisse pas grand-chose à l’imagination.

Des chuchotements résonnent autour d'elle, des mots, des bribes de phrases dont elle n'arrive pas à saisir le sens. Tous dévorés... le mal s'est réveillé... lorsque le guerrier véritable se présentera... les mots fusent, semblent s'incruster dans son esprit. Prise de panique, elle plaque ses mains sur ses oreilles ; elle doit résister à l'envie de se rouler en boule, de rebrousser chemin.
Mais elle ne renonce pas. Elle ne peut pas se permettre d'abandonner, pas maintenant, alors que les réponses à ses questions se trouvent peut-être à portée de main. Que les voiles de certains mystères seront levés. Et qu'elle va découvrir, enfin, quelle voie emprunter.

« Je n’en garde aucun souvenir, poursuit Kat. À un moment j’ai senti une lame s’enfoncer dans mon flanc et j’ai vu ma vie défiler… et l’instant d’après… »

Elle n’achève pas sa phrase et ses joues rosissent, ce qui n’échappe pas à Héph.

« Qu’ai-je fait ? Pourquoi refuses-tu de me parler ?

— Je suis occupé », répète Héph. Il veut quitter sa chambre mais elle lui barre le passage.

« Écarte-toi, s’il te plaît.

— Tu n’as qu’à me pousser. »

Héph est las de ces petits jeux. Dans un mouvement fluide, il lui enserre la taille de ses deux mains, la soulève et la dépose sur le côté.

« Qu’est-ce que tu fais ? » s’indigne Kat.

Pour ma part, je ne souhaite pas régner sur un troupeau de moutons craintifs et hébétés. Je veux que notre culture prospère, et je veux croire non seulement en moi, votre futur roi, mais également en la Macédoine tout entière, et en la place qui lui revient dans le monde connu. Je veux que mes conseillers reflètent la société dans toute sa diversité afin d'élargir mes connaissance et ma vertu. Je veux que chaque citoyen soit fier de notre nation et soutienne son essor. J'ai également compris que la Macédoine ne se développera qu'en s'ouvrant aux autres cultures.

Katerina sent les battements du coeur d'Héph rebondir dans sa poitrine, sa barbe de trois jours lui gratte la joue. L'espace d'un instant, elle parvient à se convaincre que c'est Jacob qui la serre dans ses bras. Elle prend une profonde inspiration et un mélange d'effluves monte à ses narines : les accents citronnés de son parfum hors de prix, l'odeur de propre d'une tunique, lavée par les petites mains de la buanderie royale, l'écurie, le cuir. Dans son souvenir, Jacob sentait le feu de bois et la glaise.