Elle chantait un chant de guerre a sa patrie,
Sous le fouet des Césars outragée et meurtrie ;
Et l’on voyait bondir son sein nu, sous ses mains,
Quand le chant de révolte insultait aux Romains.
« Guerriers, ceignez vos vaillantes épées ;
Celles des chefs, celles des conquérants ;
Celles qu'Hésus dans le sang a trempées :
Voici le jour de frapper les tyrans !
« Guerriers, voici le jour de la vengeance,
Gaulois, voici le jour choisi des dieux.
Des fiers Romains châtiez l’arrogance,
Sauvez vos fils et vengez vos aïeux.
« Vos fils sont beaux et vos filles sont belles ;
Mais, ces enfants, on va vous les ravir.
L’aigle de Rome a vos nids sous ses ailes,
Et vos aiglons naissent pour le servir.
« Gaulois, brisez vos honteuses entraves ;
Enchaînez-en vos cruels ennemis ;
Soyez vainqueurs, soyez forts, soyez braves ;
Aux volontés des dieux soyez soumis !
« J’ai consulté les vents et les nuages,
Le lac qui gronde et se roule, éperdu ;
Qui se débat sous le fouet des orages ;
Et tour à tour chacun a répondu ;
" Guerriers, ceignez vos vaillantes épées ;
Colles des chefs, celles des conquérants ;
Celles qu’Hésus dans le sang a trempées :
Voici le jour de frapper les tyrans ! »
O grottes d’où sortait l’augure sibyllin !
O déserts animés par l’âme de Merlin !
Steppes, vallons, ravins, champs de combats, arènes !
Gui sacré, qui vivez de la sève des chênes !
O chênes orgueilleux, que le peuple gaulois,
Peuple orgueilleux lui-même, adorait autrefois !
inspirez-moi !... rouvrez pour moi vos tabernacles !
Partout la solitude, et la nuit qui commence
Et qui s’étend partout. Partout le vide immense.