Je suis très attaché à la figure de la révolte incarnée par
Antigone. J'avais donc beaucoup d'attentes face à "
Antigone à Molenbeek".
Jean Anouilh avait en son temps modernisé la pièce classique de
Sophocle, notamment en confrontant les humains à eux-mêmes et non plus aux dieux. Je m'attendais donc à un retour de la question religieuse avec le thème des attentats islamiques et une exploration de la révolte contemporaine dans ces conditions. Or cette aspect ne me semble pas traité dans le roman de
Stefan Hertmans qui se concentre sur l'attachement indéfectible d'une soeur envers son frère et l'opposition implacable d'une justice sourde et administrative. Son
Antigone m'a elle aussi touché par sa détermination viscérale et profondément humaine. Mais je n'ai rien découvert de nouveau dans ce court roman. Par ailleurs le style est déroutant. Ni vraiment du théâtre, ni tout à fait un récit, le style très travaillé exige des efforts de la part du lecteur au début pour s'habituer à cette langue qui tient parfois d'une poésie un peu surannée, parfois d'un langage oral presque enfantin. Pourtant dès le deuxième chapitre, cela fonctionne et je le suis trouvé happé par la quête de cette jeune femme pour retrouver la dépouille de son frère. Hélas, la froideur et la rigidité du système judiciaire est implacable et incompréhensible. Et je n'ai pas compris ce que la révolte de cette nouvelle
Antigone pouvait m'apprendre sur notre époque contemporaine, hormis qu'à présent elle s'appelait Nouria et qu'elle ne se dressait plus face à un roi mais face à un policier un peu bonhomme, un peu incompétent et très dépassé du nom de Crénom. Néanmoins, l'auteur a une écriture qui a de la personnalité et qui a su m'emporter. Et le récit a soulevé en moi de nombreuses questions, restées sans réponses, ce qui est peut-être mieux : il y aura encore et toujours de bonnes raisons de remettre au goût du jour la figure d'
Antigone.
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