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Antigone doit se retourner dans sa tombe... Elle était victime du "Fate", le destin et de la loi des hommes!
Antigone, pas cette fille là, une Nouria.

Cette Nouria revendique son passeport belge, crie et injurie. Elle veut les restes de son frère, un terroriste djihadiste.

"La musique d'un autoradio crève les tympans. Sourate 5 verset 32... Une fille passe dans la rue, tenue par des jeunes: "Ça, c'est une pute avec des jupes ras-le-bonbon... Des vieillards assis sur un banc, comme au bled, "qui sèment la haine dans le coeur des jeunes gens, pour qu'ils sacrifient leur jeunesse..."

Mais nulle part, personne ne parlera, dans le livre, des victimes du djihadiste qui s'est fait exploser! Ou même de la peur et du stress, parmi les éventuels témoins de l'attentat! Comme si "les autres" n'existaient pas...

Chacun est libre, encore chez nous de lire ou d'écrire... Mais, cette Nouria injurie les flics et un premier avocat, "il puait de la bouche", puis crache sur l'autre, une avocate (parce que c'est une femme?)..

L'Etat Islamique professe une culture de la Mort, avec ses actes de barbarie (viols, tueries, décapitations et crucifixions des ennemis...) Des actes loin de toute humanité. "Mais ils veulent être inhumés décemment, afin de devenir des martyrs au paradis"?
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Dans cette réécriture du mythe d'Antigone, Stefan Hertmans en fait une jeune femme de Molenbeek, commune de l'entité bruxelloise qui, malgré tous ses efforts, restera longtemps marquée comme une des bases arrière des attentats de Paris et de Bruxelles en 2015 et 2016. le frère de Nouria a commis un attentat suicide et elle veut à tout prix l'enterrer dignement. Mais les autorités, en la personne de l'agent de police Crénom – tout un symbole, ce nom ! – refusent de remettre le corps du jeune homme. Comme Antigone, Nouria va s'opposer par tous les moyens à cette décision : d'abord par la négociation puis en tentant de voler le corps à l'IML. Brutalement arrêtée, elle va subir la prison et les rebuffades de tous, jusqu'à son avocate, résolument du côté du pouvoir.

S'il y a de nombreux points de ressemblance avec le mythe original, il y a pas mal de différences aussi : pas de soeur, pas de fiancé, et surtout cette revendication de Nouria qui peut heurter le lecteur. Réclamer le corps d'un terroriste pour l'enterrer dignement, est-ce acceptable ? Stefan Hertmans nous répond en partie en citant des statistiques officielles à la fin du livre mais son texte ciselé, fait pour être proclamé au théâtre ou tel un slam, nous laisse avec cette question. Il a le mérite de nous faire ressentir avec lucidité le sort réservé aux terroristes en prison : l'isolement complet, la lumière en permanence, la perte de repères. Et rien que pour cela – bien entendu, je ne cautionne en rien les actes terroristes – ce texte vaut la peine d'être lu.
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Tout le monde connait l'Antigone de Sophocle et celle d'Anouilh. Celle d'Hertmans se prénomme Nouria et vit à Molenbeek, commune bruxelloise devenue tristement célèbre dans le monde, après les attentats de 2015. Etudiante en droit, elle tient à donner une sépulture digne à son frère. Parti faire la guerre en Syrie, il a trouvé la mort dans un attentat suicide et ses restes ont été rapatriés. Or, l'agent Crénom ne l'entend pas de cette oreille et refuse de les lui remettre.

Monologue théâtral et poétique, cette histoire est bien évidemment tragique. Comme dans l'oeuvre originale, une jeune fille est victime de la tyrannie d'un homme qui lui impose un choix qui n'est pas le sien. « Crénom », en Belgique, c'est un juron, une ellipse pour « sacré nom de dieu ». Il marque à la fois la colère et l'impatience. Ici, c'est le nom du policier qui incarne l'autorité, l'administration, un système même. Sous des airs bonhommes, semblant comprendre Nouria qu'il connait depuis toujours, il n'en reste pas moins inflexible. Il n'hésite pas non plus à lui parler de ses origines alors qu'elle est née en Belgique. Il représente un Etat, sans humanité, sans empathie, loin de ce qu'on attend de lui.

L'écriture de Stefan Hertmans est noble même si le style est à la portée de tous. On la sent très réfléchie derrière une apparente simplicité. le texte a un coté théâtral avec ce monologue intérieur entrecoupé de dialogues et l'actualisation du mythe est réussie. Nouria est une Antigone contemporaine, ancrée dans la vie d'aujourd'hui qui nous démontre comment la peur peut engendrer l'incompréhension et la déshumanisation.

Un roman vite lu qui ouvre d'intéressantes questions et que l'on devrait donner à lire à nos élèves.
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Inspirée bien sûr du mythe d'Antigone, la jeune Nouria veut enterrer la dépouille de son frère, terroriste mort dans le désert. le refus officiel qui lui est opposé la rend littéralement folle et elle tente de se pendre avec son drap dans sa cellule. L'histoire est connue, les personnages encore moins nombreux que dans le mythe (pas d'histoire d'amour, ni de roi, seulement un fonctionnaire de police nommé Crénom) le texte est presque en vers et donne plutôt l'impression de lire un slam, ce qui rythme la narration, mais l'appauvrit parfois aussi.
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Je suis très attaché à la figure de la révolte incarnée par Antigone. J'avais donc beaucoup d'attentes face à "Antigone à Molenbeek". Jean Anouilh avait en son temps modernisé la pièce classique de Sophocle, notamment en confrontant les humains à eux-mêmes et non plus aux dieux. Je m'attendais donc à un retour de la question religieuse avec le thème des attentats islamiques et une exploration de la révolte contemporaine dans ces conditions. Or cette aspect ne me semble pas traité dans le roman de Stefan Hertmans qui se concentre sur l'attachement indéfectible d'une soeur envers son frère et l'opposition implacable d'une justice sourde et administrative. Son Antigone m'a elle aussi touché par sa détermination viscérale et profondément humaine. Mais je n'ai rien découvert de nouveau dans ce court roman. Par ailleurs le style est déroutant. Ni vraiment du théâtre, ni tout à fait un récit, le style très travaillé exige des efforts de la part du lecteur au début pour s'habituer à cette langue qui tient parfois d'une poésie un peu surannée, parfois d'un langage oral presque enfantin. Pourtant dès le deuxième chapitre, cela fonctionne et je le suis trouvé happé par la quête de cette jeune femme pour retrouver la dépouille de son frère. Hélas, la froideur et la rigidité du système judiciaire est implacable et incompréhensible. Et je n'ai pas compris ce que la révolte de cette nouvelle Antigone pouvait m'apprendre sur notre époque contemporaine, hormis qu'à présent elle s'appelait Nouria et qu'elle ne se dressait plus face à un roi mais face à un policier un peu bonhomme, un peu incompétent et très dépassé du nom de Crénom. Néanmoins, l'auteur a une écriture qui a de la personnalité et qui a su m'emporter. Et le récit a soulevé en moi de nombreuses questions, restées sans réponses, ce qui est peut-être mieux : il y aura encore et toujours de bonnes raisons de remettre au goût du jour la figure d'Antigone.
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Beaucoup déçue. D'abord le texte est trop court. Puis que nous raconte-t-il ? Pas grand chose. de la colère, de la détermination, puis encore de la colère.
Le style est travaillé, la forme nous propose quelque chose d'original. Malheureusement le fond ne suit pas. Je m'attendais à plus qu'une simple énumération de faits.
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N'ayant lu aucune version de ce mythe, Nouria, cette Antigone belge personnage principal de ce livre n'a souffert d'aucune comparaison chez moi.
J'ai trouvé ce bref récit très poétique et la spirale infernale qui amène Nouria d'un statut de bonne élève en étude de droit à tout lâcher pour que son frère soit enseveli fort dynamique, me tenant en haleine.

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Nouria n'a d'Antigone que l'entêtement de donner une sépulture digne à son frère.
Ce petit frère terroriste responsable de plusieurs morts au nom d'un dieu qu'elle-même connaît à peine.
C'est ce petit frère qu'elle veut enterrer, pas l'homme qu'il est devenu et pour ça elle ira voler les restes de son corps s'il le faut.
C'est un prisme intéressant que celui de transposer l'histoire d'Antigone à celle d'une jeune fille d'aujourd'hui mais la forme brève lui enlève toute sa puissance.

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Bon roman, poétique et pourtant très direct. Au fil de la lecture, on s'attache à cette Antigone moderne, mais on se retrouve quand même entre deux : le dilemme est de savoir qui a tort ou raison ; et la réponse est certainement ni l'un ni l'autre... L'auteur nous met face à ce duel dont personne ne sort vainqueur.
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Lorsque j'ai fini ma lecture, j'ai été confronté à un certain dilemme. D'un côté, j'ai beaucoup aimé la prose de ce texte, l'idée de reprendre ce mythe connu de tous afin de l'illustrer dans une problématique actuelle. D'un autre côté, je n'ai pas du tout aimé la finalité de ce dernier, ni un point qui est crucial pour moi : l'auteur n'est pas du tout concerné par le sujet qu'il présente. Si ce dernier n'avait pas été aussi lourd et important que celui présenté dans l'ouvrage, j'aurais pu être clément.e. Mais à mon sens, un homme blanc ne peut pas se permettre de prendre la parole à la place de la femme mise en scène. Une femme victime de deux choses que cet homme ne connaîtra jamais, le sexisme et le racisme, mêlé à la haine et au mépris qui découlera des actes du frère qu'elle désire enterré. Ce texte est hors propos et c'est pour ça que je lui ai donné cette note.
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