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4,14

sur 254 notes
En préambule, je voudrais dire pourquoi j'ai eu envie de lire ce livre.
Jeune étudiante, j'avais une amie allemande avec qui j'étais très liée. C'est avec elle que j'ai appris et su ce que représentait la culpabilité d'être né allemand. Comme le dit Annette Hess dans son roman
"Elle portait en elle la faute de ses parents" ou plutôt de ses grands parents.
La maison allemande porte en elle tous les germes de cette culpabilité. Culpabilité, d'abord, parce qu'on ne doit pas parler du mal commis pendant la guerre.
Il faut néanmoins rappeler que lors du second procès d'Auschwitz, en 1963, personne ne parlait, les coupables comme les victimes. Aharon Appelfeld disait lui-même qu'en Israël, après guerre, personne ne voulait entendre les témoignages des survivants des camps. D'anciens déportés ne livreront jamais leur passé à leurs enfants, ce que montre très bien Claude Lanzman dans son film: Shoah
Partout, il fallait recréer un monde, la mémoire et la compréhension de ces barbaries viendra plus tard. Peut-être ce temps est le temps du Deuil de L'HISTOIRE.
Dans ce roman, s'ajoute une dimension supplémentaire pour notre jeune Eva, une résilience extraordinaire, un choc traumatique qui va percer lors du procès jusqu'à lui permettre de comprendre et retrouver où elle a vécu enfant, son attachement à la langue polonaise, elle en fera son métier de traductrice.
J'ai beaucoup aimé ce livre surtout cette partie où elle se rend à Auschwitz, quand elle retrouve malgré tout la maison de son enfance. J'ai moi même fait ce voyage de mémoire, marcher dans ce camp, essayant de comprendre ce qui s'est passé.
En complément de cette lecture, je vous conseille de voir l'excellent documentaire intitulé : Les enfants d'Hitler que j'ai vu à la maison de l'Allemagne à Paris.
Où la nièce de Goring explique comment faire pour vivre avec un tel nom, ou le petit fils de Hoss et d'autres. Documentaire bouleversant, à mon sens, à voir absolument.
Bref, la douleur sera toujours là mais aujourd'hui la parole est possible et c'est elle qui peut apporter une compréhension.
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Je retrouve , curieux hasard, Francfort , comme dans le roman policier que je viens de lire. Mais l'histoire se déroule en 1963, au moment du second procès d'Auschwitz.

le personnage principal, Eva, est une jeune femme un peu naïve et ignorante quant au passé récent, d'autant plus que ses parents, restaurateurs, ne parlent jamais de la guerre et du nazisme.Elle est sollicitée de temps en temps comme interprète. Et voila qu'on lui propose de servir de traductrice pour des témoins polonais, vu sa bonne connaissance de cette langue.

Tout son entourage s'oppose à sa participation au procès: sa famille, son fiancé fortuné, Jurgen. le lecteur assiste au parcours difficile d'Eva, qui découvre la réalité des camps avec horreur, les chambres à gaz, les tortures...De cruelles vérités vont se révéler à elle, concernant ses parents. Elle gagnera sa liberté de femme, suivra sa conscience, mais perdra ses certitudes et la douceur du cocon familial .

Il est intéressant d'observer ces générations allemandes d'après guerre, qui se sont senties responsables des forfaits commis par leurs parents, ou de leur complicité passive. Comme les accusés du procès, ils prétendaient ne pas savoir. A un moment donné, Eva, obsédée par un sentiment de culpabilité, retourne voir le coiffeur juif , rescapé du camp. Après son départ, il répond à son assistante qui lui demande ce que voulait la jeune femme:" Ils veulent qu'on les console". Cette réponse très juste m'a frappée.

Comment vivre avec le poids du passé familial, de l'Histoire, comment se construire avec des souvenirs traumatisants? A travers le destin d'Eva, l'auteure nous propose une reflexion passionnante, mêlant l'intime à l'universel. Un roman bouleversant . A lire!
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Un excellent roman sur l'Allemagne des années 60. Une petite famille classique qui voit les vieux démons de la seconde guerre mondiale sortir de terre. Entre les secrets des parents, le regard culpabilisant des enfants et un pays entier qui ne sait choisir entre demander un pardon inaccessible ou tourner définitivement la page, l'auteur a su se placer dans chaque cas de conscience. Se reconstruire est un travail pénible et douloureux, les enfants doivent-ils se sentir responsables des fautes de leurs parents, de ce qu'ils pensent être des fautes. Très agréable à lire, à dévorer même!!
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Lendemains de guerre.
Que faire de tous ces jours hors du temps, hors de l'Homme. Comment justifier l'abominable, l'inhumain ? Que faire de sa culpabilité ? Comment réparer l'irréparable ?

A toutes ces questions et bien d'autres, Annette Hesse essaie de répondre par l'intermédiaire de ses personnages, Allemands et Polonais, lors du second procès d'Auschwitz qui s'est tenu à Frankfort en 1963.

Contre l'avis de ses parents et de son fiancé, la jeune Eva Bruhns, interprète, accepte d'assister les témoins polonais lors du second procès d'Auschwitz, procès des dignitaires nazis redevenus des « gens comme tout le monde ». C'est une prise de conscience qui s'engage alors, prise de conscience personnelle, autour de sa famille et de la société allemande dans son entièreté.

Outre le devoir de mémoire face aux horreurs des camps de concentration durant le Troisième Reich, Annette Hesse explore la condition féminine dans les années 60.
Un très beau roman sur la construction de soi, le devoir de mémoire et la transmission du passé.
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C'est typiquement le type de récit que j'adore qui allie petite et grande histoire. La grande histoire c'est le procès des dignitaires nazis (gardiens, dirigeants et autres tortionnaires du camp d'Auschwitz) en 1963 en Allemagne de l'Ouest. La petite histoire c'est celle d'Eva qui de traductrice de notice va devenir interprète à ce second procès . Un procès où elle va aller de découverte en découverte et qui va la confronter à sa famille et son fiancé.
Portrait d'une époque, d'une Allemagne d'après-guerre divisée, désireuse d'oublier, et d'une jeune fille qui s'émancipe , ce roman est une vraie belle découverte ! A lire si ce n'est pas déjà fait 😉
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L'histoire se passe dans les années 60 au moment de l'Avent, un moment où l'Allemagne a un rituel strict. Eva vit à Francfort chez ses parents restaurateurs au "Deutsches Haus" (la maison allemande, titre français..).
Elle est traductrice de polonais et elle est fiancée à Jürgen Schoormann, un jeune héritier d'une entreprise de vente par correspondance.

C'est alors que démarre le second procès d'Auschwitz (1963), où doivent être jugés les crimes des dignitaires nazis.
Le tribunal la convoque d'urgence pour traduire du polonais en allemand les déclarations des victimes, témoins au cours du procès.
Eva ignore tout de ce qui s'est passé à l'époque. Très vite elle se heurte aux réticences de son fiancé qui ne supporte pas que sa future épouse soit mêlée à ce procès.

Eva va vite découvrir que ses compatriotes sont pour beaucoup frappés d'amnésie. Toute une génération semble être dans le déni. Comme le soulignent les journaux de l'époque, "70% des Allemands ne veulent pas de ce procès"...
La prise de conscience sera douloureuse pour Eva, d'autant plus que le procès va résonner douloureusement dans sa famille et rappeler de vieilles meurtrissures.
Au cours du procès, Eva va vite sympathiser avec le jeune juif canadien David Miller, engagé comme assistant du procureur, qui manque juste de se faire remplacer quand on découvre que son frère était mort dans le camp.
Il pourrait manquer d'impartialité mais son engagement et son ardeur à la tâche lui permettent de rester jusqu'au bout.

Le livre, haletant du début à la fin, nous montre l'Allemagne des années 60, éprise de confort, de croissance et de consommation (ah la découverte des nouvelles machines à laver par la mère d'Eva, la dynamique restauratrice Edith..). Une Allemagne qui veut oublier les atrocités de la guerre et pour beaucoup ce procès va remettre en cause beaucoup de choses.
Il s'avère en effet que le système nazi n'a pu fonctionner qu'avec de nombreuses complicités, tout au long de la chaîne, c'est ce qui va ressortir de ce procès.

Le procureur Fritz Bauer n'est pas nommé dans ce livre mais on ne peut s'empêcher de penser à lui, lui qui fut l'initiateur des procès d'Auschwitz.

Ce livre est une réussite, tant dans sa dimension humaine qu'historique. le personnage d'Eva est une belle figure féminine. Elle n'hésite pas à braver sa famille et son fiancé pour mener à bien sa mission auprès du procureur.
L'atmosphère du procès est très bien rendue également: les victimes se retrouvent face à des accusés qui sont devenus des notables (pharmaciens, ingénieurs..) bien assis dans la société allemande d'après guerre. Pour ces victimes qui ont vécu tant d'atrocités, il sera bien difficile de faire entendre leur voix.

Eva est un beau personnage qui va construire sa personnalité en même temps qu'elle va découvrir le "revers de la médaille" qui va concerner la société allemande mais aussi sa famille.

L'auteure Annette Hess est allemande et originaire de Hanovre. Elle écrit des scénarios.
Elle est la créatrice des séries télévisées "Berlin 56 " et "Berlin 59", excellentes séries qui ont été diffusées sur Arte et qui relataient l'histoire d'une famille berlinoise dans les années 50.
Un très beau livre qui illustre une page dramatique de notre Histoire...
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Formidable cette maison allemande!
Passionnant, ce portrait de l'Allemagne des années 60. Un pays toujours antisémite, raciste, amnésique où le statut des femmes dépend du bon vouloir des hommes.

Une bonne petite famille unie et attachante, avec deux filles majeures, un petit garçon, et même un vieux teckel, vit au dessus du restaurant tenu par des parents aimants.

L'ouverture d'un procès qui doit juger la responsabilité d'anciens SS à la tête du camp d'Auschwitz bouleverse les esprits.

la dramaturgie enfle et gonfle jusqu'à exploser toutes les certitudes et rompre les équilibres basés sur le un négationnisme de confort.

Les accusés affichent une superbe indifférence lors du procès . Ces monstres n'ont pas le courage d'assumer leurs actes , leur déni arrogant est peut être leur dernier forfait.

Certains, dans cette famille ont leur part d'ombre nappée de silence. Eva, elle, va déclencher la curiosité et le courage d'interroger le passé. Cette histoire tue , inscrite dans l'inconscient guide pourtant toujours les pas de la deuxième génération .

Jamais ce récit ne tombe dans la facilité, cette histoire nous tient en haleine.
Bravo!
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Eva Bruhns, la plus jeune fille de Edith et Ludwig, propriétaires d'une auberge restaurant très appréciée dans une rue populaire de Francfort. Eva est interprète allemand-polonais et elle est contactée pour remplacer un interprète qui doit officier lors d'un procès devant juger des responsables du camp d'Auschwitz...En ce début des années soixante, ce procès divise, pourquoi remuer le passé, pourquoi dépenser autant d'argent pour ce procès qui débouchera sans nul doute par des acquittements, l'eau ayant coulé sous les ponts et les témoins de plus en plus rares n'ayant plus la précision des dates ou des lieux des sévices...Lors de ce long procès, la vie et les convictions et certitudes de la jeune Eva vont à jamais être bouleversées en côtoyant les témoins, les avocats, les accusés que, pour certains, elle connait bien, ses parents qui ont peu être connu certains évènements sans vraiment les combattre, ou encore son rapport avec son fiancé qui voit d'un mauvais oeil l'émancipation de cette jeune femme qu'il ne reconnaît plus et qui veut s'affirmer dans ce travail d'interprétation même s'il est douloureux.

Un roman d'Annette Hess, scénariste de Berlin 56 et Berlin 59, et qui, avec ce premier roman revient sur l'après nazisme, lors d'un procès organisé pour établir des culpabilités et si possible des condamnations pour les victimes d'Auschwitz. Par le biais d'une interprète, témoin privilégiée, le lecteur est au coeur des méandres juridiques, des doutes, des témoins qui ne peuvent oublier mais dont la mémoire est défaillante... Un roman qui aborde ces thèmes, des personnages bien dépeints mais les digressions dans la vie personnelle de l'héroïne, souvent hors propos ralentissent le rythme et on finit par m'ennuyer, j'ai souvent perdu le fil de l'intrigue en me demandant où elle voulait en venir avec plusieurs développements qui n'aboutissent pas vraiment David Miller dont on n'a plus de nouvelles, sa soeur aînée Annegret et son action à l'hôpital...).
la maison allemande est un roman intéressant pour son thème mais dont le traitement délayé aurait pu être un peu plus percutant avec une centaine de pages en moins.
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Ce livre est tout autant un roman initiatique qu'une oeuvre mémorielle car, à travers le second procès d'Auschwitz, c'est l'histoire d'une jeune allemande qui prend conscience de son individualité et celle d'une jeunesse qui (re)découvre son histoire récente, une histoire dont les générations précédentes ne veulent plus entendre parler.
Quand Eva Bruhns est sollicitée pour traduire les dépositions de témoins polonais, elle ne sait pas que cette décision va bouleverser sa vie. Jusqu'ici, Eva est une jeune fille qui aspire à une vie tranquille, elle se voit mariée à son fiancé Jürgen, un fils de bonne famille austère et exigeant, vivant sereinement sous son toit. Sa décision d'ailleurs de participer à ce procès dérange Jürgen mais aussi ses parents et surtout sa mère qui ne comprend pas qu'on puisse évoquer de nouveau le nazisme. Jürgen exerce même un chantage contre Eva : c'est lui et le mariage ou rien si elle s'obstine à vouloir servir d'interprète. Contre toute attente, Eva ne cède pas et, tous les jours ou presque, elle se rend au procès et traduit des témoignages terribles qui la bouleversent et semblent réveiller en elle des souvenirs d'une petite maison dans un endroit étrange. Comment pourrait-elle se souvenir de quoi que ce soit d'Auschwitz ? C'est en interrogeant ses parents et surtout sa mère qu'elle réalise qu'elle a vécu là-bas car son père y travaillait comme cuisinier pour les gardes… « Nous étions heureux » lui déclare sa mère quand Eva, horrifiée, lui demande comment son père et elle ont pu accepter de travailler dans ce camp d'extermination. Cette affirmation fait froid dans le dos et Eva mesure à quel point ses parents, pourtant de braves gens, ont participé à leur manière à la mort de milliers de gens et que leur silence fait d'eux des coupables sinon des complices. Quand le procès prend fin sans satisfaire vraiment les accusés et les victimes, Eva est une autre femme et le regard qu'elle porte sur son pays, sur ses parents a complètement changé. J'ai beaucoup aimé ce roman et l'évolution de cette jeune fille qui en sort métamorphosée. A lire donc !


Lien : https://labibdeneko.blogspot..
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Sans doute au vu des critiques élogieuses des babeliotes et de mon intérêt pour le sujet, j'attendais beaucoup de cette lecture dont le thème porte sur la dénazification du peuple allemand, le devoir de mémoire et le procès d'Auschwitz à Francfort en 1963.

Eva est une jeune femme engagée pour servir d'interprète lors de ce procès et près de 20 ans après la guerre donc, en tant que nouvelle génération, elle découvre à cette occasion les horreurs qui ont été perpétrées et la culpabilité qu'elle lui inspirent...

Malheureusement, ce qui aurait pu s'avérer fort émouvant et intéressant - tel que je me représentais ce roman - a été pour moi une histoire sans relief qui s'est diluée dans de trop nombreux sujets comme la domination masculine, la maladie mentale, les secrets de famille,...

Je me suis ennuyée lors de ces passages trop nombreux qui font pâle figure à côté du sujet principal...
Tout dépend en réalité le niveau de ses attentes : j'attendais un roman historique, et si effectivement cet aspect est présent en filigrane, l'aspect "roman" prend selon moi le dessus.

Je tempère cela dit mon avis qui n'est d'abord que subjectif et parce que je sais combien trop attendre d'une lecture, c'est prendre forcément le risque d'en sortir déçu(e).
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