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Critique de claudialucia


Voici le premier roman de Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays ! Un pavé de 700 pages, une fresque de vie aux Etats-Unis qui couvre plusieurs décennies jusqu'à notre époque, les différentes strates du passé se chevauchant. Ajoutez à cela un voyage en Norvège dans le présent et le passé, un nombre de personnages assez impressionnants dont le narrateur nous fait découvrir tour à tour le point de vue… Vous comprenez pourquoi les critiques parlent de roman ambitieux et de jeune prodige à propos de son auteur.

Cet enchevêtrement de faits, d'Histoire avec un grand H, la guerre du Vietnam, les révoltes féministes, Mai 68 et les émeutes de Chicago, le 11 septembre, tous ces faits historiques entremêlés à la petite histoire des vies médiocres marquées par la peur de l'échec, par le sentiment d'abandon, est assez ahurissant et vous laisse pantelant. Un chaos que l'écrivain parvient pourtant à mettre en ordre car il y a du génie dans ce roman même si parfois il y a aussi quelques faiblesses.

En tout cas, je l'ai lu avec beaucoup de plaisir, rapidement, et de temps en temps en me tordant de rire ! Mais le rire, il faut bien le dire a toujours un arrière-goût amer et ironique car il dénonce les travers de notre société ou les blessures secrètes des personnages. Ainsi l'on rit des déboires de Samuel, le personnage principal du roman, écrivain raté, professeur d'un petite université, de ses démêlés avec Laura, son étudiante, on rit de ses pleurs incessants et incontrôlables, mais l'on est en empathie avec lui, avec son enfance traumatisée par le départ de sa mère, et par son amour perdu, Bethany. Et que dire de son ami Pawnage si addict aux jeux vidéos qu'il ne vit plus dans la vie réelle et manque en mourir. Il y a là, à la fois, la critique d'une société qui finit par vivre par procuration sur écran interposé, mais aussi toute la tragédie de la solitude et de l'échec.
La satire de la société américaine actuelle est donc bien menée avec ses jeux de pouvoir entre républicains et démocrates, avec ces politiciens véreux, ces hommes de « culture » comme Periwinkle, l'éditeur de Samuel, qui ne pensent plus littérature mais argent et rentabilité. Nathan Hill n'est pas plus tendre avec la société des années soixante. La condition féminine y est décrite dans toute son horreur et c'est la mère de Samuel, alors lycéenne et étudiante qui en est marquée à jamais. Les hommes politiques n'hésitent pas à mener un jeu trouble en attisant la contestation et en ordonnant de tirer sur les étudiants. La lutte contre le racisme et la ségrégation se solde par l'assassinat de Martin Luther King.

Un roman qui a donc de grandes qualités même si parfois le récit présente des longueurs ou un trop plein ! C'est le défaut propre à un premier roman : on sent que l'écrivain veut tout dire là où il pourrait parfois suggérer ou élaguer!
D'autre part, j'ai trouvé la fin un peu trop consensuelle : les réconciliations de Faye avec son père, de Samuel avec sa mère, avec Bethany. Bien sûr, Samuel a grandi car il s'agit aussi d'un roman d'initiation mais cette « morale » qui dit que l'on doit s'efforcer de comprendre les autres, m'a paru plutôt démonstrative.
Mais pour ne pas rester sur cette note négative, je veux terminer en soulignant la maîtrise de Nathan Hill dans l'écriture de sa comédie humaine. le roman est agréable à lire, on s'attache aux personnages, on apprécie l'humour corrosif, et l'on découvre ou l'on revit, pour les plus âgés, les évènements des cinquante dernières années des Etats-Unis qui sont aussi un peu notre histoire..

Lien : https://claudialucia-malibra..
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