Les grands débats - R
comme Révolte : Debout face au reste du monde
Dimanche 23 septembre 2018 de 11h00 à 12h00
David Chariandy - Nathan Hill - Éric Plamondon - Rachèle Bevilacqua
Se soulever, protester, contester l'autorité quelle qu'elle soit. L'histoire comme la littérature sont riches de ces révolutions, révoltes et mouvements de protestation qui proclament à leur façon le goût de la liberté et le droit d'être en désaccord. Les personnages des romans de nos invités se révoltent chacun à leur manière. Rassemblements, manifestations, émeutes, tout le monde y défend une cause. Retour sur les combats qui sont menés dans chacun de leurs livres, avec des écrivains qui partagent leurs impressions et leur regard sur le monde. Partage-t-on forcément les combats de ses personnages ? Doit-on s'être soi-même révolté pour écrire sur le sujet ?
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- Nous sommes plus fanatiques que jamais dans le domaine de la politique, plus extrêmes que jamais dans le domaine de la religion, plus rigides que jamais dans nos raisonnements, de moins en moins capable de compassion. Nous ne voyons plus le monde que sous un angle totalitaire et inflexible.
De temps en temps, il se prenait à imaginer que sa vie était une histoire dont vous êtes le héros, et que le dénouement heureux n'était qu'une question de décisions judicieuses. De cette manière, le monde autour de lui, mouvant et imprévisible, lui semblait plus structuré, moins terrifiant.
"(...)
- Je m'inquiète pour toi.
- Ne t'en fais pas.
- Je m'inquiète que tu ailles à Chicago, dit-elle, finissant par arrêter de tourner autour du pot. C'est juste que... c'est tellement loin. Et tellement grand. Et il y a tous ces, tu sais, ces "éléments urbains"."
Ce qui veut dire, dans sa bouche, ces nègres.
Faye avait raison : jamais Samuel n'avait vu un adulte [l'avocat]avec d'aussi petits pieds.
"Merveilleux ! dit-il [l'avocat]. Tout se déroule à merveille." Comment parvenait-il à tenir debout avec ses épaules gigantesques et ses pieds minuscules ? On aurait dit une pyramide à l'envers.
Il y avait quelque chose de romantique dans les graffitis. En particulier quand ils se trouvaient dans des endroits dangereux. Il y avait quelque chose de romantique dans la démarche de se mettre en danger pour écrire. .............
................ Bien sûr, ce n’est pas comme si les graffeurs écrivaient quoi que ce soit d’important. Rien que leur propre nom, encore et encore, de plus en plus gros, de plus en plus fort, de plus en plus coloré. D’ailleurs, quand on y pense, c’était la même stratégie marketing que les chaînes de fast-food tapissant le pays entier d’affiches publicitaires. De l’autopromotion. Du bruit qui s’ajoute au bruit. Ils n’étaient pas mus par le besoin irrépressible de faire passer un message. Ils promouvaient leur marque. Et prenaient tous ces risques, se compromettaient dans cette clandestinité uniquement pour mieux recracher l’esthétique dominante. Déprimant. Même la subversion était subvertie.
"Il y a quelques années, dit Sebastian, un sit-in avec une dizaine de personnes te valait un entrefilet en page six. Mais aujourd'hui, il y a eu tellement de manifestations, la donne a changé. Chaque nouvelle manifestation rend la suivante plus banale. C'est le grand défaut du journalisme : plus la fréquence d'un événement est importante, moins l'événement est important. Il faut que nous suivions la même trajectoire que la Bourse - une croissance nourrie et permanente."
Se voir avec lucidité, c'est l'affaire de toute une vie.
Il était bien plus facile de reprocher à ses étudiants de n’être pas très inspirés que de faire de ses cours une véritable source d’inspiration.
Je ne crois pas que je puisse accepter l'idée qu'un jeu ait plus d'importance que la vraie vie.
Elle [...] songea qu'elle devrait éprouver de la fierté. Qu'elle devrait être fière qu'il fût un enfant si réfléchi, si gentil. Mais sa gentillesse avait un prix : il était sensible. La larme si facile. Fragile à un point absurde. Aussi résistant que la peau d'un raisin. Ce qui la poussait à se montrer dure parfois avec lui. Parce qu'elle n'aimait pas la façon dont il traversait la vie en ayant l'air de craindre les coups. Parce qu'elle n'aimait pas la façon dont il lui renvoyait en miroir ses propres failles.