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4,01

sur 719 notes
Ce roman est porté par pas mal de lecteurs , mais franchement je ne vois pas tellement pourquoi .
Il n'est pas désagréable ni dans sa lecture , ni dans son contenu, mais je pense qu'il aurait gagné a être beaucoup plus court.. la moitié aurait largement suffit, à mon sens.

Je me suis bien souvent demandée mais ou est ce que l'auteur veut en venir et j'avoue n'avoir trouvé un réel plaisir à la lecture que vraiment vers la toute fin.
Les personnages ne m'ont pas semblé très sympathiques et je n'ai pas eu l'envie réelle de connaître leurs histoires.
J'ai plutôt bien apprécié la critique la société américaine, et également les différentes idées qui en ressortent.

Je dirais donc pour faire court, roman agréable, mais qui pour moi ne mérite pas l'engouement qu'il y a autour.
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Je viens à l'instant de terminer la lecture de ce roman de Nathan Hill et je suis pratiquement KO.
Je m'explique:ce bouquin,c'est tout de même un sacré pavé et bien il ne m'a pas vraiment paru long.Comme on dit,il se lit bien et ,loin d'être un handicap,sa longueur devient une vraie performance d'auteur.Alors,oui,il y a bien,sans doute ,quelques longueurs,mais c'est bien peu de choses par rapport à toutes ces idées,ces descriptions,ces tranches de vies présentées ici.
Et les ruptures temporelles,me direz vous?Et bien,elles s'articulent tellement bien,avec une telle finesse,que l'on ne se perd absolument pas dans l'intrigue et que notre attention reste toujours en éveil.
C'est le premier roman de Nathan Hill,il est remarquable et"la barre"est placée très haut".Plutôt habitués à lire des romans écrits en un an,fort bien souvent,faut-il nous étonner de la qualité d'un ouvrage qui a nécessité plus de dix ans de travail à son auteur?
Au delà de l'intrigue,c'est une partie de l'histoire,de la vie quotidienne américaines de l'époque qui défile sous nos yeux.Tout se tient,s'enchaîne,se structure avec bonheur.On vit avec ces personnages charismatiques,secrets,humains, troubles,violents et les quitter s'avère assez douloureux.
C'est vraiment une belle réussite qui mérite bien toutes ces critiques élogieuses. N'ayez pas peur et lancez vous à l'assaut des secrets de Samuel,Faye,Sebastian,Bethany,Bishop et bien d'autres.Il y a de l'amour,de la joie,des drames,des sourires,des rires,des pleurs,tout ce qui fait la richesse et les mystères de l'âme humaine.
Le seul conseil que je donnerais est d'avoir du temps pour ne pas trop "laisser trainer".Mais,ultime précision,vous serez tellement happé que vous ne pourrez pas laisser traîner.. ..
On m'avait vanté les qualités de ce roman,on ne m'avait pas menti.
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Donc c'est un premier roman ?
On est sûr ? On a vérifié ? On a des preuves ??
Parce que si c'est ça, plus la peine de te crever Nathan Hill, ton chef-d'oeuvre est derrière toi.
Tellement dense et ambitieux comme roman que je ne sais même pas comment en parler. Ça part dans 27 directions différentes dont pas une est moins intéressante que les autres. Y a un fil rouge tout de même pour garder l'ensemble cohérent (même si finalement arrivé à la fin, la cohérence se fait d'elle-même, je n'en dis pas plus, mais attention au twist inattendu, quand y'en a plus...) le fil conducteur donc : Samuel Anderson, professeur de lettres de son état. Une existence tout ce qu'il y a de fadasse, un boulot ingrat le confrontant quotidiennement à des étudiants abrutis qui semblent ne venir à ses cours que pour bâiller, sommeiller, râler et surtout, surtout ne pas écouter, un amour (platonique) de jeunesse à qui il semble avoir juré fidélité, une vie sociale réduite au néant, le tout emmailloté dans le souvenir d'une mère qui l'a abandonné quand il n'était encore qu'un tout petit môme sans qu'il ne comprenne jamais vraiment pourquoi.
Bref, de quoi se mettre la tête dans le four et on en parle plus... s'il n'y avait pas cette petite passion un peu honteuse pour un jeu vidéo en ligne. Dès qu'il peut Samuel se connecte et retrouve sa chère guilde d'elfes dont les missions diverses consistent à s'unir pour, au choix, tuer des orques et des dragons, trouver des trésors, gagner des armes... Voilà la vie du professeur Samuel Anderson. Ou en tout cas, sa vie avant que sa mère ne fasse une réapparition fracassante dans son existence par le biais médiatique en tant que dangereuse terroriste, rien de moins. Faut dire qu'elle a quand même balancé une poignée de graviers sur un gouverneur en campagne (han !! Eh oui, ça pétrifie, c'est normal)
A partir de là, tout va changer pour Samuel grâce à un rapprochement obligé avec sa mère qui lui permettra enfin de répondre à tant d'interrogations sur sa jeunesse. On y reviendra souvent à sa jeunesse d'ailleurs, on y fera entre autre connaissance avec le seul ami (et pas des moindres) qu'il se sera fait pendant sa scolarité...

Sautant allègrement les époques, nous transportant aussi facilement en 1988 qu'en 1968 ou en 2011, Nathan Hill sans jamais nous perdre sur le bord de la route, nous raconte l'Amérique des révoltés, des émeutes de Chicago, des adeptes d'Allen Ginsberg qui devaient sinon changer le monde, tout au moins essayer, et puis hop, nous voilà avec l'US Army en mission en Afghanistan avant de faire un détour par la Norvège et ses croyances folkloriques pour finalement revenir dans un petit coin perdu de l'Iowa où on enseigne aux jeunes filles comment bien nettoyer ses chiottes afin de rendre un potentiel mari heureux et fier de son épouse (!!)
Ça ne s'arrête jamais. Ou si, malheureusement, malgré le petit pavé qu'est ce roman, on arrive quand même trop vite à la fin, bon sang on en voudrait encore tellement. Dur dur après ça de rebondir sur autre chose, Les fantômes du vieux pays vont hanter un moment les pages des autres livres qu'on ouvrira, dont on lira une page et qu'on reposera... Non, pas encore le moment de se jeter dans autre chose. Trop tôt.
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Un premier roman époustouflant. Oeuvre d'un nouveau venu nommé Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays est une vaste fresque romanesque de sept cents pages, incroyablement audacieuse et complexe, proprement ancrée dans l'histoire des Etats-Unis des cinquante dernières années.

Un ouvrage ambitieux, très ambitieux… Trop ambitieux ?... Peut-être. J'y reviendrai.

À Chicago, une femme de soixante ans vient de lancer des cailloux sur un gouverneur républicain, un homme politique d'envergure présidentielle. Pourquoi a-t-elle commis ce geste, monté en épingle par les médias, interprété en tentative d'attentat terroriste par l'opinion, un geste susceptible de lui valoir une sanction pénale extrêmement lourde ?

Et pourquoi, il y a un peu plus de vingt ans, cette même femme avait-elle choisi de disparaître totalement, en abandonnant son mari et son fils Samuel, alors âgé de onze ans ?

Voilà ce que va s'efforcer de découvrir ce dernier, aujourd'hui modeste professeur de littérature et écrivain velléitaire, un homme solitaire à la personnalité mal affirmée.

A partir de ces données, l'auteur met en place ses personnages, déchiffre leurs états d'âme, dévoile leurs intentions et déroule leurs (més)aventures, en emballant l'ensemble dans l'actualité américaine du moment. Grandiose !

1968, année de contestation violente un peu partout dans le monde. Les Etats-Unis n'y échappent pas. Les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy bouleversent une partie de la population. La guerre du Vietnam est fortement rejetée par une jeunesse universitaire subvertie par les mouvements idéalistes hérités de la contre-culture hippie. Peace and love… And drugs !

Il apparaît que l'origine de l'intrigue se situe cette année-là, à Chicago, lors de la Convention nationale démocrate, un événement marqué par des confrontations extrêmement brutales entre la jeunesse contestataire et les forces de l'ordre. Que s'est-il vraiment passé au rez-de-chaussée du Conrad Hilton Hotel ? Lectrice, lecteur, il te faudra un peu de patience, que dis-je, beaucoup de patience, pour l'apprendre et pour tout comprendre. Accroche-toi ! Récompense garantie à la fin, car Les fantômes du vieux pays, en dépit de quelques longueurs, est un roman d'un souffle stupéfiant, qui m'a tenu en haleine jusqu'à la découverte des dernières pièces du puzzle magistral concocté par Nathan Hill.

De qui le livre raconte-t-il l'histoire, Samuel ou Faye ? Les générations avancent avec les mêmes illusions, celle des geeks addicts aux univers virtuels, succédant à celle des hippies et leurs paradis artificiels. La vraie vie ne permet pas de retour à zéro, mais elle peut offrir de nouvelles chances. le fils découvrira que le parcours de sa mère aura façonné le sien, celui d'un homme resté tardivement un petit garçon en recherche de reconnaissance, un homme ayant souvent pris de mauvaises décisions, un homme qui apprendra qu'il faut saisir sa chance avec la femme qu'on aime… Sans oublier que des fantômes légendaires diffusent parfois une influence impalpable… Et que des êtres de chair et de sang peuvent fausser les donnes, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

Le récit est de forme classique, avec l'auteur dans le rôle du narrateur, à l'exception d'un long chapitre où il interpelle directement Samuel – à moins que ce ne soit Samuel, en pleine mue, qui dialogue avec lui-même –. Tout au long du roman, l'auteur ne se prive pas de commenter, avec une sorte d'humour nihiliste désabusé, les dérives des politiques, des médias, de l'édition. Et celles des contre-cultures, hippies et geeks… A la fin, ce sont toujours les cyniques qui s'en tirent le mieux !

J'avais dit que j'y reviendrais. Trop ambitieux, ce premier roman très documenté auquel son auteur a consacré dix ans de travail ? Entre autres, ne pouvait-il faire l'économie de longs détails sur des personnages carrément secondaires, même s'il s'agit d'analyses très fines – et drôles ! – sur les mécanismes qui conduisent ces personnages à des perversions mentales ou comportementales ? A chacun de donner son avis.

Pour ma part, une fois le livre terminé, s'est effacé l'agacement ressenti lors de certaines longueurs. Ne reste que le souvenir de péripéties palpitantes, de rebondissements décoiffants, de dialogues hilarants et de relectures historiques passionnantes.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Voici un livre très réussi.

Pour moi qui ne goûte guère la littérature américaine, je m'incline ici. Le produit est très bon, bien fabriqué tout en amalgamant tant d'ingrédients hétéroclites que je me suis dit au début que la pièce montée ne tiendrait pas, mais si, elle est de plus très savoureuse et on en redemande en lisant en continu, sans désemparer, pour connaître la fin.

Assurément une première belle découverte de cette rentrée littéraire. Ma libraire a eu raison d'insister pour me le faire lire.

C'est inénarrable au-delà du quatrième de couverture. Je dirais simplement : "entrez dans l'histoire et laissez-vous prendre par la main, cela tient jusqu'au bout !".

Bonne lecture !



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J'ai fini « Les Fantômes du vieux pays » de Nathan Hill il y a déjà plusieurs jours et je ne sais pas encore trop qu'en penser. Un roman ambitieux de sept cents pages qui sur toile de fond d'un drame familial est un grand récit sur les États Unis d'hier et d'aujourd'hui. La politique, les manifestations de la fin des années 60, les manifestations à Wall-Street d'aujourd'hui. Les universités, les jeux en ligne et leur dépendance, les médias sociaux.

En se promenant dans un parc de Chicago, le gouverneur Sheldon Packer, candidat républicain à la présidence, est insulté et visé avec du gravier par une femme d'âge mûr. le clip vidéo de l'incident, devient viral et rapidement l'agresseur est surnommé " Calamity Packer ".
Samuel Andresen-Anderson, professeur adjoint de littérature de 30 ans, qui passe plus de temps dans un jeu en ligne que de travailler sur son livre, découvre que la suspecte n'est autre que sa mère, Faye. Il ne l'a pas revue depuis qu'elle a abandonné le foyer familial, il y a plus de 20 ans.
Samuel veut comprendre qui est cette mère et commence à enquêter sur sa vie. Sa jeunesse en Iowa, sa période en tant qu'étudiante à Chicago en 1968, les années qui précèdent sa fuite. Ce qui le pousse à regarder son propre passé et son futur.

Nathan Hill est un conteur talentueux, son roman se lit facilement, le lecteur est accroché par l'histoire. Mais les nombreuses « Trop » ont gâché mon plaisir. Mon impression est que l'auteur a voulu trop en mettre dans ce premier roman. Trop d'histoire, trop de personnages, trop de descriptions, d'observations. Des histoires parallèles mal connectées au récit et inutiles. Des passages drôles, gâchés par le trop « burlesque ».
Malgré tout c'est un roman à lire, chacun pourra se faire son opinion.
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Je suis enfin arrivée à bout de ce pavé de quelques 700 pages d'une densité rare et je ne le regrette pas. D'ailleurs, je remercie @Stockard qui m'a mis l'eau à la bouche en distillant de savoureuses citations et une critique enthousiaste.
@Les fantômes du vieux pays, c'est un peu comme une chasse au trésor. Les nombreux protagonistes sont en effet à la poursuite de ce que nous recherchons tous je pense, le sens de la vie ou en un mot le bonheur. Mais ces maudits fantômes, qu'on les appelle regret, absence ou culpabilité n'ont de cesse de leur mettre des bâtons dans les roues.
C'est en les suivant tous, Samuel en tête, mais aussi Faye sa mère, Frank ou Fridtjof son grand-père, norvégien grand pourvoyeur de fantômes en tous genres, ses amis Bethany, Bishop et Pwnage, des années 1960 à 2011, de Chicago à Hammerfest, de manif en manif, de contestataire en conservateur, de renoncements en acceptations, que l'on va expérimenter cette quête de sens.
Avec Samuel nous refaisons le chemin à l'envers : persuadé d'avoir fait les mauvais choix, sa vie le laisse insatisfait et, à l'instar des autres personnages, il remonte le cours du temps pour tenter de chasser ses démons (les fantômes du vieux pays) et reprendre sa vie en main. Mais faut-il vraiment en passer par là pour atteindre le Graal ? Est-ce vraiment le remède au mal-être ? Et si finalement il fallait se contenter d'accepter le chemin parcouru avec ses embûches, ses ornières, ses impasses et ses fausses pistes pour mieux savourer les petites et grandes surprises de la vie ?
Bon j'ai ma petite idée et cette lecture est réellement une manne pour cette introspection. L'écriture de Nathan Hill, travaillée, subtile et agréable, et le fond intemporel ont fait de cette lecture un réel plaisir.
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Année 2011. Samuel Anderson apprend par l'avocat de sa mère que celle-ci a agressé, par jet de petits cailloux, un candidat à la présidentielle, le gouverneur Packer. Grand étonnement pour lui car celle-ci a quitté le domicile familial quand il avait onze ans. le roman commence à partir de ces faits, ces disparitions et agression. Il alterne passé et présent, remontant les différentes branches de cet arbre inversé. le présent montre le consumérisme américain, les réseaux sociaux envahissants, le monde sans-pitié des éditeurs… L'auteur remonte jusqu'aux évènements de 68 avec le mouvement des hippies et la répression de Chicago.
Les fantômes du vieux pays, ce sont les Nix (titre original) : une légende racontée à Faye, la mère de Samuel par son père qui la marquera longuement. La narration du roman est un peu complexe mais logique dans son déroulement, même si je me suis demandée au début sur le pourquoi de la présence de Pwnage et Laura Pottsdam dans le récit. Par contre, j'ai aimé leurs questionnements et je me suis régalée à suivre leurs vies racontées par la plume pleine d'humour de Nathan Hill (surtout l'ultime partie de Pwnage dans le monde d'Elfscape !). Certains moments m'ont paru plus longs que d'autres mais ce roman est tout simplement exquis. Je l'ai lu en savourant l'écriture de l'auteur, qui sait alterner entre les sujets aussi bien que le ton adopté pour en parler (j'ai pensé parfois à John Irving en le lisant mais je n'ai qu'une référence à sortir, l'oeuvre de Dieu, la part du Diable).
La couverture m'avait attiré et le contenu ne m'a pas déçue ! Merci à Gallimard et Babelio pour cette très belle découverte, c'est un auteur que je suivrai assurément (je crois que c'est son premier roman).
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Si vous cherchez dans la lecture à voir la vie en rose, mieux vaut passer votre chemin et opter pour un autre livre que Les fantômes du vieux pays. Si, en revanche, vous appréciez les déclarations acides, les constats désabusés ou cyniques, Nathan Hill a de fortes chances de vous plaire.

On apprend dans ses remerciements que ce roman, son premier d'ailleurs, lui a pris dix années. Vu le résultat, ce fut une décennie qui valait la peine. Si l'épaisseur du livre peut de prime abord effrayer, je me suis de suite sentie embarquée dans l'histoire complexe et complexée de Samuel, dont la mère est partie un jour, sans explication, alors qu'il avait onze ans. Une mère qui a laissé, on l'imagine fort bien, une blessure béante à l'enfant qu'il était et qui traîne toujours chez l'adulte. Une mère qu'il ne connaît au final pas du tout et qu'il retrouve lorsque celle-ci passe en boucle aux infos et sur Internet pour s'en être prise à un candidat conservateur à la future élection présidentielle de l'année suivante, 2012.

Si l'histoire familiale déchirée de Samuel et de sa mère est en soi intéressante, Nathan Hill nous offre beaucoup plus avec une observation de la société américaine qui reste en 2011 toujours engluée dans la crise des subprimes de 2008. Il règle son microscope de façon à analyser avec encore plus d'acuité ses contemporains. le constat est assez démoralisant, entre malbouffe, une préférence accrue pour les mondes virtuels par rapport à la vraie vie, une société où tout est question de rendement matériel - si possible monétaire -  plutôt que d'investissement de soi et un consumérisme acharné qui ne laisse au final quune plus grande sensation de vide et de manque.

Comme une bonne partie du livre se déroule aussi lors des manifestations de 1968 après l'assassinat de Martin Luther King, contre la guerre au Vietnam ou la société bourgeoise en général, Nathan Hill établit des comparaisons entre les sociétés des deux époques. Même s'il n'hésite pas à égratigner au passage le militantisme opportuniste de certains.

Côté personnages, outre le fils et sa mère, l'auteur leur a adjoint des personnalités très diverses, plus ou moins attachantes ou tête à claque (perso, l'étudiante Laura) mais toutes très incarnées et approfondies.

Tout ça pour dire que le sieur Hill, 42 ans, a fait très très fort pour son premier roman. En écrire un second aussi flamboyant et passionnant va être un sacré challenge car il s'est mis la barre très haut. J'ai hâte de savoir ce qu'il en est et de suivre cet auteur. Bonne histoire + contexte bien construit, instructif et qui enrichit l'intrigue, que désirer de plus!
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Agressez un gouverneur polémique genre vieux cow-boy conservateur (avec santiags et tout le tralala) à coups de gravillons dans sa face et devenez ainsi le phénomène viral de la blogosphère américaine. Les médias parlent de vous, les gens se transmettent votre nom avec effroi, les uns admiratifs devant tant de courage et de culot, les autres outrés face à la manifestation évidente d'un libéralisme gauchiste sanguinaire, dangereux pour la survie de la nation américaine.

Faye Andresen- Anderson ou Calamity Parker comme on la surnomme désormais, devient l'icône des Américains et ébranle l'opinion publique qui ne sait que penser de cette sexagénaire libérale qui n'a pas hésité à agresser un homme politique. Fascinante Faye qui l'est tout autant pour son fiston, prof de lettres blasé d'une faculté moyenne de Chicago, résigné face à des élèves ignares plus impliqués dans leurs profils sociaux et la prose texto destinée à décrire leurs états d'âme du moment que dans l'étude de la logique dans l'oeuvre de Shakespeare (ce qui ne leur permettra pas de gagner leur vie, soyons en phase avec ce constat).

Depuis ses 11 ans, Faye est devenue un mystère pour son fils qu'elle a abandonné sans aucune forme de procès, un jour, comme ça sans crier gare. Allez aux oubliettes, le mari chiant comme la mort ainsi que l'enfant hypersensible qu'on ne sait pas aimer comme il faudrait, tout du moins comme la petite société bien-pensante de la banlieue résidentielle de Chicago aimerait qu'on le fasse : un dévouement total envers sa famille et un abandon de sa personnalité, de ses aspirations en tant que femme.

Acculé face à son éditeur devenu pressant, Samuel voit en ce scandale, l'occasion d'écrire LE roman, celui qui le propulsera dans les hautes sphères du gratin littéraire (et payer ses dettes), sortir de sa morosité morbide, d'un train-train quotidien proche des abysses, avec comme seuls amis des gamers virtuels accros à un jeu en ligne, type WAW.

L'occasion pour Samuel d'élucider le mystère autour de sa mère et pour Nathan Hill, le moyen de passer au peigne fin 40 ans d'histoire américaine, des années 60 contestataires engluées dans une guerre du Vietnam interminable qui divise la nation en passant par l'Amérique ultra connectée d'aujourd'hui qui oscille entre libéralisme totale et tentations conservatrices, sans oublier l'Amérique de l'après 11 septembre et le conflit en Irak, véritable traumatisme.

Les fantômes du vieux pays c'est 700 pages à digérer tant les sujets brassés sont riches et significatifs : la guerre, l'amour, le sens du devoir comme seul aiguillon de sa vie ou bien suivre ses instincts, ses intuitions et se laisser porter, la solitude dans laquelle nous sommes désormais enfermés, ultra connectés et pourtant si seuls, la société bien-pensante qui colonise tous les aspects de notre vie, jusqu'à notre façon de nous nourrir, bio, locavore et sain versus malbouffes, la paupérisation intellectuelle d'une classe moyenne qui ne jure que par facebook, twitter, instagram, miroirs cruels.

Pas étonnant que Nathan Hill ait mis 10 ans à rédiger ce roman ; on sent ses tripes dans chaque phrase, ça tacle à tout va sans distinction au coeur d'une valse narrative virevoltante qui ne laisse aucun répit au lecteur. La trame fictionnelle n'a d'ailleurs que peu d'intérêt selon moi. Ce roman est aussi et avant tout un essai politique, un livre dont le sujet de fond, à savoir la société américaine dépeinte avec tant d'acuité et un ton acerbe, s'impose telle une évidence. J'ai eu quelques doutes au départ, je ne voyais pas vers quoi Nathan Hill nous embarquait. Et le déclic est venu pour mon plus grand bonheur.
Les fantômes du vieux pays est un roman exigeant, ne vous y trompez pas, mais comme ça bien du bien de se confronter à cette littérature !
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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