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Critique de kuroineko


Si vous cherchez dans la lecture à voir la vie en rose, mieux vaut passer votre chemin et opter pour un autre livre que Les fantômes du vieux pays. Si, en revanche, vous appréciez les déclarations acides, les constats désabusés ou cyniques, Nathan Hill a de fortes chances de vous plaire.

On apprend dans ses remerciements que ce roman, son premier d'ailleurs, lui a pris dix années. Vu le résultat, ce fut une décennie qui valait la peine. Si l'épaisseur du livre peut de prime abord effrayer, je me suis de suite sentie embarquée dans l'histoire complexe et complexée de Samuel, dont la mère est partie un jour, sans explication, alors qu'il avait onze ans. Une mère qui a laissé, on l'imagine fort bien, une blessure béante à l'enfant qu'il était et qui traîne toujours chez l'adulte. Une mère qu'il ne connaît au final pas du tout et qu'il retrouve lorsque celle-ci passe en boucle aux infos et sur Internet pour s'en être prise à un candidat conservateur à la future élection présidentielle de l'année suivante, 2012.

Si l'histoire familiale déchirée de Samuel et de sa mère est en soi intéressante, Nathan Hill nous offre beaucoup plus avec une observation de la société américaine qui reste en 2011 toujours engluée dans la crise des subprimes de 2008. Il règle son microscope de façon à analyser avec encore plus d'acuité ses contemporains. le constat est assez démoralisant, entre malbouffe, une préférence accrue pour les mondes virtuels par rapport à la vraie vie, une société où tout est question de rendement matériel - si possible monétaire -  plutôt que d'investissement de soi et un consumérisme acharné qui ne laisse au final quune plus grande sensation de vide et de manque.

Comme une bonne partie du livre se déroule aussi lors des manifestations de 1968 après l'assassinat de Martin Luther King, contre la guerre au Vietnam ou la société bourgeoise en général, Nathan Hill établit des comparaisons entre les sociétés des deux époques. Même s'il n'hésite pas à égratigner au passage le militantisme opportuniste de certains.

Côté personnages, outre le fils et sa mère, l'auteur leur a adjoint des personnalités très diverses, plus ou moins attachantes ou tête à claque (perso, l'étudiante Laura) mais toutes très incarnées et approfondies.

Tout ça pour dire que le sieur Hill, 42 ans, a fait très très fort pour son premier roman. En écrire un second aussi flamboyant et passionnant va être un sacré challenge car il s'est mis la barre très haut. J'ai hâte de savoir ce qu'il en est et de suivre cet auteur. Bonne histoire + contexte bien construit, instructif et qui enrichit l'intrigue, que désirer de plus!
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