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Citations sur L'assassinat de Joseph Kessel (2)

Transféré à la maison d'arrêt moscovite de Boutyrka, on lui avait passé les menottes et les fers, symbole de la réclusion à vie. Durant les huit premières années de leur peine, les condamnés sans perspective de libération étaient séparés du commun et devaient vivre comme des esclaves. C'est là, sous le manteau, qu'il avait goûté à la littérature interdite et contracté la tuberculose qui finirait un jour par l'emporter. La maladie et la révolte semblaient liées de manière naturelle, son insoumission contre la fatalité s'exprimant aussi bien par les armes que par une toux sanglante. Son corps était la première victime de cette sédition permanente qui le menait bien souvent au cachot. Les années passant, la prison était devenue tout à la fois sa classe préparatoire et la faculté où il n'irait jamais. Sous l'influence de Piotr Archinov, anarchiste convaincu et compagnon de cellule, Makhno s'était alors constitué une culture foutraque au milieu de laquelle Bakounine régnait en maître incontesté. De cette époque il garderait toujours la conviction que l'exercice du pouvoir ne peut être qu'une forme de domination qu'il faut mettre à bas. Même une fois instruit, il resterait à ses propres yeux un paysan illettré, ne trouvant son unique légitimité que dans les souffrances endurées en prison. Et de son futur statut de généralissime, dû à sa volonté ainsi qu'à ses talents innés de stratège militaire, il ne tirerait jamais aucune gloire, convaincu que sa mission sur cette terre était seulement de tout détruire pour que d'autres, plus sages, puissent bâtir un monde meilleur selon leurs compétences.

P. 18
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Assez rapidement son goût pour l'alcool était devenu une nécessité thérapeutique. À dépense égale, il préférait maintenant boire plutôt que manger ; or la vodka avait ce pouvoir de tout anesthésier quand le vin ne faisait qu'enrober la souffrance d'une gaze trop légère, à peine un voile. [...] S'il ne se souvenait plus de rien une fois dessaoulé, tout lui revenait pourtant à l'esprit lorsqu'il était éméché. Il était un autre par intermittence et l'ivresse avait le don d'assembler ces fragments discontinus pour en faire une succession enfin cohérente.

P. 51
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