Citations sur Merveilles du Monde Hurlant, tome 1 : La Ville des my.. (3)
Mes mains tâtonnèrent en direction de la pile d'objets que j'avais collectés, mes doigts glissèrent machinalement sous l'étoffe du paquet de Drendel, en direction de la garde du sabre. Je la saisis comme un noyé s'accroche à une bouée, et la brandis en direction des gardes. La pointe de la vieille lame tremblait beaucoup plus que je ne l'aurais souhaité...
Des cristaux de roche poussaient dans les murs et émergeaient à tout moment des parois, des toits, de la chaussée. Les plus petits étaient à peine plus épais qu’une brindille. Certains étaient aussi gros qu’un camion et ils démolissaient tout sur leur passage. Il y en avait qui germaient à la vitesse d’une rose, d’autres qu’on pouvait voir grandir à l’œil nu. J’avais beau tenter de me mettre en tête qu’il ne s’agissait de rien de plus que des parasites, je gloussais d’enthousiasme à voir le soleil se refléter dans ces formations cristallines.
Donc je l’ai tué, je ne sais pas trop comment. Juste la terrible décision, suivie d’un voile noir et d’une contraction dans mes muscles, puis cette image de cauchemar de ma lame enfoncée dans le torse de cet être humain, qui lui perforait la chair et lui transperçait un poumon, bloquait son souffle et libérait un fleuve rouge vif qui dégringolait le long de mon sabre, tandis que le garde me regardait droit dans les yeux, avec des orbites qui étaient déjà en train de se ternir comme de vieilles prunes, son corps s’abattant ensuite à mes pieds, d’un bruit semblable à la pesanteur de mon remords…